MENDE (AFP) - Pour Eric Boyer, l'ancien coureur devenu manageur général de l'équipe Cofidis, un gouffre sépare Discovery Channel et CSC des autres formations en lice dans le Tour de France cycliste.

Le responsable de l'équipe française (5e du Tour 1988) a fait part à l'AFP de ses interrogations, sur les deux équipes en question et sur le porteur du maillot jaune, l'Américain Lance Armstrong:

Q: Que constatez-vous sur ce Tour?

R: "Dans les vingt équipes de l'UCI ProTour, on peut imaginer qu'un énorme travail est réalisé dans tous les domaines, l'entraînement, la diététique, la stratégie, l'approche psychologique... Je suis persuadé que les différences sont très limitées entre elles. Et, malgré cela, on a deux équipes, Discovery Channel et CSC, au-dessus des autres. Derrière elles, il y a un trou énorme avec T-Mobile qui s'intercale grâce à des coureurs tels que Ullrich, Vinokourov, Klöden. Donc, je me pose des questions et je n'ai pas de réponses. Je doute que le travail de ces deux équipes-là soit tellement supérieur au travail des autres."

Q: Vous avez parlé récemment de doutes à propos d'Armstrong...

R: "Le doute, c'est de savoir si le fruit de ses victoires cache quelque chose, si le fruit est un peu pourri. Beaucoup de suiveurs disent qu'il y a un malaise. L'histoire démontre qu'on finit par apprendre quelques années plus tard. Pour le cyclisme, pour mon sport, j'espère que l'on apprendra que tout ce qui a été réalisé par Lance Armstrong est le fruit de son travail, de sa qualité. Pas le contraire. Je souhaite qu'il sera démontré qu'on a eu tort d'avoir des doutes."

Q: Suspectez-vous Armstrong ?

R: "Non, je n'irai pas jusque là. Je n'ai aucun élément me permettant de nourrir la suspicion. Mais cela fait vingt ans que je suis dans le cyclisme, j'ai vu des coureurs hors normes, tels que Hinault, Fignon, LeMond, Indurain. Dans leurs parcours, ils étaient des champions. Armstrong n'est pas comme eux. Il n'a pas tout ce qui fait un champion. Le comportement, le respect de son adversaire et du public, l'envie de transmettre sa passion, en prenant le temps de parler et de partager... Avec Armstrong, il y a une espèce de mur. Il fait ce qu'il doit faire, il ne transmet rien. Il y a beaucoup de gamins qui ont rêvé d'être coureur en regardant Hinault, Indurain et les autres. Un champion fait rêver. Je ne crois pas qu'Armstrong fasse rêver."