Difficile de contredire les preneurs aux livres, Bradley Wiggins et Cadel Evans sont les deux grands favoris pour remporter l'édition 2012 du Tour de France.

Depuis le début de l'année, Wiggins a gagné Paris-Nice, le Tour de Romandie ainsi que le Dauphiné Libéré. Et comme il y aura 101,5 kilomètres de contre-la-montre dans cette édition du Tour de France, il est possible de prétendre que la course de cette année a été faite presque sur mesure pour lui!

Wiggins fait beaucoup penser au Canadien Ryder Hesjedal, à savoir qu'ils ne sont pas de purs grimpeurs, mais tous deux restent très difficiles à décrocher en montagne. Au dernier Tour d'Italie, des grimpeurs tels Joaquim Rodriguez, Michele Scarponi et Ivan Basso pensaient larguer Hesjedal dans les côtes, mais ce n'est jamais arrivé. Même que c'est Hesjedal qui est parfois passé à l'attaque et qui les a mis à mal!

Wiggins avait terminé quatrième du Tour de France 2009 et il sera donc difficile à larguer en montagne. Les grimpeurs devront retrancher beaucoup de temps pendant les étapes en altitude, car Wiggins va les écraser au contre-la-montre. Mais ce sera compliqué, puisque Wiggins a prouvé au Tour de Romandie et au Dauphiné qu'il est capable de suivre le rythme en montagne. De plus, il fait partie de la meilleure équipe du plateau, Team Sky. Bref, il fait figure de grand favori.

Evans a remporté le Tour de France l'année dernière à l'âge de 34 et il n'est pas impossible que malgré ses 35 ans il le gagne une 2e fois. Fait intéressant, Evans a cédé 1 minute 43 secondes à Wiggins au contre-la-montre au Dauphiné. Est-ce qu'Evans sera plus solide à ce chapitre au Tour de France? C'est à souhaiter.

Sauf que 4 semaines séparent les deux compétitions et il est logique de croire qu'Evans a prévu être au sommet de sa forme au mois de juillet. Si Wiggins connaissait une faiblesse en montagne, Evans pourrait en profiter pour se repositionner au classement général et rentrer à Paris vainqueur.

Reste qu'aucun coureur ne peut penser gagner le Tour de France s'il n'est pas un grimpeur ou un « contre-la-montreur ». Et Evans possède ses deux qualités. Bref, Wiggins ou Evans sera sacré champion, mais léger avantage Wiggins pour l'instant.

Un bon groupe de poursuivants

Derrière le Britannique et l'Australien, plusieurs coureurs pourront mêler les cartes, dont Hesjedal. Ce dernier n'a pas couru depuis sa victoire au Tour d'Italie le 27 mai et il arriva au Tour de France bien reposé. Il faut savoir qu'il a une grande capacité de récupération et qu'il arrive toujours à son sommet lors de la 3e semaine de la compétition.

Par contre, il sera opposé à plusieurs gars qui ont tout misé sur juillet, alors qu'ils n'étaient que quatre ou cinq à logiquement prétendre à la victoire au Tour d'Italie en mai. Mais Hesjedal sera néanmoins un joueur important cette année au Tour de France.

Outre Hesjedal, l'Italien Vicenzo Nibali, le Belge Jurgen Van Den Broeck, le Russe Denis Menchov, le Néerlandais Robert Gesink, le Slovène Janez Brajkovic et le Slovaque Peter Velits montreront également de beaux flashes.

Nibali, 1er du Tour d'Espagne 2010, 2e du Tour d'Italie 2011 et 7e du Tour de France 2009, était un ton en deçà de son réel potentiel au dernier Dauphiné où il a terminé 28e. Quand un coureur gagne l'un des grands tours - France, Espagne ou Italie -, il devient automatiquement un aspirant au titre. Après tout, cela signifie qu'il est capable de courir à un haut niveau pendant 3 semaines.

Van Den Broeck, 4e du Tour de France 2010, a abandonné la dernière édition en raison d'une fracture d'une omoplate. Cinquième du dernier Dauphiné, il est un excellent grimpeur et un « contre-la-montreur » appartenant à la brochette supérieure.

Menchov a remporté deux fois le Tour d'Italie et malgré ses 34 ans, il n'est pas trop vieux pour aspirer à la victoire. Certains diront qu'il est invisible depuis un an et demi ou encore depuis son triomphe au Tour d'Italie en 2009. Mais Menchov a changé d'équipe cette année et il est le meneur de l'équipe russe.

Gesink, vainqueur du Grand Prix de Montréal et cinquième du Tour de France en 2010, est revenu à son meilleur niveau après avoir remporté le Tour de Californie plus tôt cette année. Il faut savoir qu'il s'était fracturé un fémur en vélo de montagne et qu'il a perdu son père à un âge prématuré après sa victoire à Montréal.

Brajkovic est quant à lui le meneur incontesté chez Astana, Alexandre Vinokourov lui ayant juré allégeance. Brajkovic a fini septième du dernier Dauphiné et remporté le Tour de Slovénie la semaine dernière.

Finalement, Veltis pourrait surprendre, lui qui a terminé troisième du Tour d'Espagne 2010. Il possède toutes les qualités pour se retrouver sur le podium d'un grand tour, mais s'il réussissait l'exploit cette année, cela représenterait une énorme surprise. Dans son cas, un top 5 ou 7 serait plus envisageable.

Un parcours peu montagneux

Le parcours de l'édition 2012 du Tour de France sera moins montagneux que l'année dernière. Il n'y aura que 25 ascensions, contre 51 pour le Tour d'Italie 2011 par exemple.

Sauf que le niveau de difficulté d'une course ne se mesure au nombre de cols. Le Tour de France est l'épreuve la plus difficile parce que le plateau y est le plus relevé. Les coureurs sont plus ambitieux que partout ailleurs.

Sans rien enlever à Hesjedal, il n'y avait pas autant de prétendants au Tour d'Italie qu'il y en a au Tour de France, où ça roule particulièrement vite. Au Tour d'Italie, les coureurs attendent généralement un bon deux heures avant de se mettre en marche. Ce sont vraiment les coureurs qui décident de la complexité d'une course, puisqu'ils peuvent tous grimper une montagne.

Ultimement, les questions sur le parcours ne sont jamais pertinentes! Ce toujours le meilleur qui sort vainqueur d'un tour, étapes difficiles ou pas. Cette logique ne s'applique pas sur une course d'une journée, mais bien sur une épreuve de trois semaines. Et oui, la crème finit toujours par remonter!

*Propos recueillis par Francis Paquin