Personne ne se le cachait en début de saison, chez le Rouge et Or de l'Université Laval. Le seul objectif était de se rendre jusqu'au bout et de remporter la coupe Vanier, remise aux champions de la ligue universitaire canadienne pour une deuxième année consécutive, et pour une quatrième fois en cinq ans.

Bien sûr, rien n'est gagné. Mais en battant les Stingers de l'Université Concordia, la fin de semaine dernière, le Rouge et Or n'est maintenant qu'à un match d'atteindre la grande finale. Et à voir avec quelle facilité les hommes de Glen Constantin sont venus à bout de leurs rivaux montréalais, on comprend que c'est avec confiance que les joueurs vont sauter sur le terrain, samedi, pour le match de la coupe Uteck.

La rencontre, l'une des deux demi-finales canadiennes, mettra aux prises le Rouge et Or et les Huskies de Saint Mary's, champions de la conférence Atlantique. Affirmer qu'il s'agira-là d'un gros match, serait un énorme euphémisme. En effet, le Rouge et Or et les Huskies sont probablement les deux équipes ayant le plus dominé le football universitaire canadien au cours des dernières années et les affrontements entre les deux clubs donnent toujours lieu à du jeu endiablé.

Mais avant de nous attarder sur la coupe Uteck, revenons brièvement sur la finale de la coupe Dunsmore, que le Rouge et Or a remportée au compte de 35-10 face aux Stingers.

Ave Cesar!

C'est par un froid glacial que les Stingers de l'Université Concordia se sont présentés au PEPS de l'Université Laval, samedi dernier, pour y affronter le Rouge et Or. Et si la performance des Stingers nous a démontré que ces derniers formaient bel et bien la deuxième meilleure équipe au Québec, on a surtout clairement vu que les hommes de Glen Constantin sont encore dans une classe à part. Je m'explique.

Après un début de match difficile, les hommes de Gerry McGrath ont démontré de belles choses en début de deuxième demie. Tellement, qu'à un moment, c'était 17-10 Laval et que le vent semblait avoir tourné. Le porteur Cédric Ferdinand venait d'inscrire un touché après une très belle série offensive, le quart Liam Mahoney avait trouvé son rythme, et la défensive des visiteurs multipliait les beaux jeux.

Mais bon, comme c'est souvent le cas pour les adversaires du Rouge et Or, les moments de réjouissance ont été de courte durée.

Il n'a suffi que d'un revirement pour que tous les espoirs des Stingers partent en fumée. En deux temps trois mouvements, le score n'était plus de 17-10, mais bien de 35-10, et Laval se dirigeait vers une victoire facile, une dernière devant ses partisans cette saison.

Les Stingers auront tout de même montré de belles choses. Ce ne sont pas toutes les équipes qui auraient été en mesure d'amasser 215 verges au sol contre la défensive lavalloise. Mais la différence a été au niveau du jeu aérien, alors que Cesar Sanchez a outrageusement dominé son rival Liam Mahoney. Le quart mexicain a en effet joué l'un de ses meilleurs matchs en carrière, complétant 19 de ses 24 passes pour des gains de 241 verges et une passe de touché, en plus d'ajouter un majeur au sol.

En comparaison, Mahoney a complété 10 passes sur 21, récoltant de gains de 115 verges, en plus de lancer deux interceptions.

Il faut savoir qu'avec le froid qui régnait, c'est vraiment quelque chose que d'avoir complété 19 passes sur 24. Mais là-dessus, c'est également aux receveurs de Laval que les félicitations reviennent. Si on a vu plusieurs joueurs de Concordia échapper des ballons facilement attrapables, ceux du Rouge et Or ont été franchement impressionnants, attrapant systématiquement les passes leur étant destinées.

C'est là la principale différence entre le Rouge et Or et les autres formations québécoises. Non, pas nécessairement les passes attrapées, mais les petits détails, les petites erreurs qui finissent par être déterminantes. Dans le match de samedi, on a vu deux formations qui avaient l'air de calibre plus ou moins semblable. Mais d'un côté, on a échappé des ballons, on a fait de mauvaises remises, on s'est fait intercepter. De l'autre, non.

À la fin du match, ça donne un score de 35-10…

Rouge et Or / Huskies : un grand cru!

Si vous croyez que le Rouge et Or se rend à Halifax pour une partie de plaisir, détrompez-vous. Les Huskies, quatrièmes au pays lors du dernier classement national, seront loin d'être une proie facile. D'ailleurs, lors de l'affrontement entre les deux équipes, le 13 octobre dernier, les Huskies ont offert au Rouge et Or son meilleur test de la saison. La rencontre s'était terminée 29-22 en faveur des Lavallois, mais elle aurait facilement pu basculer en faveur de Saint Mary's.

C'était la seule défaite de la saison pour la troupe de Steve Sumarah, qui a finit l'année avec une fiche de sept victoires et un seul revers. Par contre, les Huskies ont bien failli se faire surprendre la semaine dernière, alors qu'ils ont vaincu l'Université Saint Francis-Xavier 25-24. On parle d'une équipe qu'ils avaient préalablement battus 63-8, plus tôt cette saison.

Il n'en demeure pas moins que les chiens de traîneau forment l'une des formations de pointe du football universitaire canadien et plusieurs voient d'ailleurs ce duel de la coupe Uteck comme une finale avant le temps. Voilà qui n'est pas fou, lorsqu'on réalise qu'à eux deux, le Rouge et Or et les Huskies ont remporté six des huit dernières éditions de la coupe Vanier.

Le 23 octobre dernier, le Rouge et Or avait connu l'une de ses moins bonnes performances offensives de la saison et pour l'une des rares fois en 2007, les joueurs de Constantin ont senti qu'ils auraient pu perdre la rencontre. De plus, ils jouaient devant leurs bruyants fans, tandis que cette fois-ci, c'est sur le terrain des Huskies que ça se passera.

On se rappelle que ce jour-là, le Rouge et Or n'avait gagné que 192 verges en offensive et que la défensive de Saint-Mary's avait été extrêmement coriace. Toutefois, on se rappelle aussi que Benoît Groulx, Pierre-Luc Yao et Luc Brodeur-Jourdain étaient absents, en raison de blessure.

Pour gagner, il faudra contenir les deux principales vedettes offensives des Huskies, soit le quart Erik Glavic et le porteur Jacques-Olivier Lumbala. Glavic est un passeur extrêmement agile, qui sait aussi bien se servir de ses jambes que de son bras. Par contre, contrairement à Liam Mahoney, par exemple, il utilise sa mobilité pour acheter du temps et permettre à ses receveurs de se libérer, et non pas seulement pour gagner des verges au sol. Statistique intéressante, il ne s'est fait rabattre au sol derrière sa ligne de mêlée que deux fois durant la saison.

Du côté de Lumbala, il a fini au quatrième rang au pays pour le nombre de verges au sol, durant la saison. Il en a amassé 1044, en plus d'ajouter 10 touchés au sol. Fait à noter, le joueur originaire du Gabon a appris les rudiments du football en jouant pour les Pirates du Richelieu et les Rebelles de Saint-Hubert, deux équipes civiles.

À eux deux, ils mènent l'offensive qui a inscrit le plus de points durant la saison, avec 372 points marqués. Et ce, à l'échelle nationale! À titre comparatif, le Rouge et Or a terminé au deuxième rang dans cette catégorie, avec 312. Il faut toutefois rajouter que Saint-Mary's évolue dans l'une des plus faibles divisions de la ligue.

Quoi qu'il en soit, c'est à un duel de titans qu'on aura droit. Et rien n'est gagné d'avance. On l'a déjà dit, mais ce sera aux vétérans de se lever et de changer l'allure du match. Parions que les Pierre-Luc Yao, Éric Maranda et Duane John, pour ne nommer que ceux-là, ne voudront pas terminer leur carrière universitaire à Halifax.