QUÉBEC - Glen Constantin conclura sa 13e saison à la barre du Rouge et Or de l'Université Laval, samedi, lorsque son équipe croisera le fer avec les Dinos de l'Université de Calgary lors de la 49e Coupe Vanier.

Pour vous donner une idée, depuis que Constantin a pris les rênes des Lavallois en 2001, les Alouettes ont eu cinq entraîneurs-chefs différents, dont trois séjours de la part de Jim Popp. De leur côté, les Carabins de l'Université de Montréal ont eu trois pilotes durant ces 13 années.

L'homme qui a succédé à Jacques Chapdelaine a bâti un programme solide - comme en témoignent les sept conquêtes de l'équipe, un record au pays - que tout le Canada tente maintenant de reproduire, d'imiter pendant que Constantin ne cesse d'améliorer le sien.

La question revient toujours. Pourquoi n'essaie-t-il pas d'accéder à un niveau plus élevé, de diriger dans la LCF par exemple? Sa réponse est catégorique.

« Je ne laisserai pas aller ce que j'ai bâti pour un contrat de deux ans avec une année d'option », révèle-t-il en faisant référence à la situation de son bon ami Greg Marshall à l'Université Western. Ce dernier avait obtenu le poste d'entraîneur-chef des Tiger-Cats et avait été nommé entraîneur de l'année avant d'être congédié une saison plus tard.

« On a littéralement bâti ce programme avec Jacques Tanguay et l'Université Laval. C'est difficile de le quitter. Pour moi, je ne verrai jamais un manque de défis ici. C'est toujours à recommencer chaque année », assure l'homme qui est avec le Rouge et Or depuis la naissance du programme en 1996.

À travers les années, Constantin a toutefois changé son approche. Comme le programme, le groupe d'entraîneurs s'est aussi agrandi. Aujourd'hui, l'entraîneur-chef des Lavallois a maintenant neuf adjoints, dont sa plus récente acquisition, Mathieu Bertrand, qui a été un quart-arrière vedette pour son équipe lors des balbutiements de celle-ci. Bertrand (photo) est rentré au bercail en devenant entraîneur adjoint des unités spéciales et des porteurs de ballon après une carrière dans la LCF.

Mathieu Bertrand« Je suis entouré de très bons adjoints. Je m'appuie beaucoup plus sur eux. Les premières Coupes Vanier, j'étais entraîneur-chef, coordonnateur défensif, entraîneur de la ligne défensive et je m'occupais du recrutement », énumère-t-il en disant qu'il accaparait tous ces postes non par manque de confiance en son personnel en place, mais par nervosité.

Maintenant, il prend moins de responsabilités sur ses épaules et s'occupe d'être le grand manitou de cette formation en plus de se charger du recrutement, partie cruciale d'un programme de football universitaire.

« J'en fais un peu moins. J'ai formé des gens. J'ai de bons adjoints qui font un travail extraordinaire. Je m'appuie beaucoup sur eux qui sont avec moi depuis le tout début », affirme-t-il.

Lorsqu'on lui parle de son travail, on peut voir que Constantin le fait pour l'amour de ce sport. Il aime le groupe d'âge avec lequel il doit composer. Il fait un parallèle intéressant avec la Ligue canadienne.

« Dans la LCF, tu dois retrancher des joueurs. Ici, on garde tout le monde et il faut que tu travailles avec eux. C'est vraiment formateur », illustre-t-il.

Et cette valeur formatrice, Constantin la transmet à ses joueurs. Dans le réseau collégial, 17 anciens du Rouge et Or sont entraîneurs et il en est très fier.

« Je veux me servir de mon équipe et de notre programme pour faire grandir le football à travers le Québec et le Canada. Nos joueurs vont montrer comment nous voyons notre sport et ça fait des petits. Il y aura une génération de footballeurs à notre image », indique-t-il.

Un ami en face

Samedi après-midi, Glen Constantin affrontera un entraîneur-chef qu'il connaît bien et qu'il considère comme un ami. Blake Nill dirige le programme de l'Université de Calgary depuis huit saisons. Il avait auparavant été à la barre des Huskies de Saint Mary's.

Comme pour plusieurs autres entraîneurs-chefs, la bête noire de Nill est le Rouge et Or. En 16 saisons, Nill a affronté l'Université Laval à 10 reprises n'obtenant que deux victoires, toutes avec les Huskies.

Malgré l'amitié qu'ils entretiennent, il n'y aura pas de pitié lorsque le botté d'envoi sera donné.

Blake Nill« On comprend notre métier. Si tu restes longtemps et que tu travailles fort, tu vas en gagner et en perdre. C'est la loi du sport! Mais je ne veux pas perdre, point final! Je n'ai pas d'empathie pour ça et lui non plus. C'est de bonne guerre », convient Constantin. 

Même son de cloche pour Nill (photo) qui veut absolument ramener la coupe Vanier à Calgary, exploit qu'il n'a pas encore réussi à faire depuis qu'il a pris en charge ce programme.

« Quand j'ai pris le job à Calgary, je leur ai dit que je leur gagnerais un titre. Je suis motivé pour en remporter au moins un autre [dans ma carrière]. Ce ne sera pas un échec si je n'y arrive pas. Mais je suis un compétiteur », mentionne Nill.

Les Dinos pourront compter sur le support de plusieurs anciens joueurs maintenant gradués chez les professionnels pour cet affrontement important.

En effet, l'entraîneur-chef de Calgary a confirmé que les joueurs des Alouettes Mike Edem, Steven Lumbala et Michael Klassen seront à Québec, samedi. Kirby Fabien, un choix de première ronde des Lions en 2012, viendra également encourager ses anciens coéquipiers.

De son côté, Anthony Woodson, maintenant avec les Argonauts, a écrit un long courriel à l'équipe pour motiver les troupes, lui qui a connu une excellente carrière universitaire avec les Dinos.

En rafale :

- Glen Constantin a confirmé que le porteur de ballon Pascal Lochard sera de l'alignement partant. Ce dernier a subi une blessure à un genou lors de la Coupe Uteck. Dans le cas du bloqueur Karl Lavoie et du demi de coin Christopher Lavaud, le pilote du Rouge et Or s'est contenté de dire « vous verrez demain ».

- Blake Nill avait affirmé en début de semaine que le quart-arrière Eric Dzwilewski, qui s'est fracturé un pied lors du tout premier match de l'équipe, serait en uniforme. Vendredi, il a confirmé que celui-ci ne le sera finalement pas. Il ne le sent pas assez prêt et il ne veut pas brûler une des années d'admissibilité de son quart.

- La 49e Coupe Vanier sera disputée à guichets fermés. Il y aura donc plus de 18 000 spectateurs sur place.

- Les flocons de neige étaient très présents sur la pelouse synthétique du Stade Telus, vendredi soir. S'ils y demeurent, le comité organisateur a prévu le coup. Pas moins de 100 pelleteurs de deux écoles secondaires de la région de Québec seront dépêchés pour dégager la neige du terrain. On annonce une température de -1 degré Celsius avec un ciel variable pour samedi après-midi.

Dynastie Rouge et Or