MONTRÉAL – Les partisans des Carabins connaissent tous ses atouts, les recruteurs de la LCF salivent en apprenant à le connaître de mieux en mieux, ceux de la NFL commencent à faire sa connaissance et les Axemen d’Acadia souhaiteraient ne pas avoir à le connaître davantage.  

Et pour les fervents de sport qui ne connaîtraient pas encore le demi défensif Marc-Antoine Dequoy, on vous suggère fortement de l’épier, samedi, lors de la coupe Uteck. Inutile de chercher le numéro 24 des Bleus, vous devriez le repérer au premier coup d’œil avec sa chevelure qui vole au vent quand il a l’habitude de défiler à toute vitesse pour inscrire un touché à la suite d’une interception.

Voilà exactement le scénario qui s’est produit, samedi dernier, dans le cadre de la coupe Dunsmore. Sur une tentative de jeu truqué, Dequoy s’est interposé de brillante façon pour décamper jusque dans la zone des buts afin d’inscrire un majeur.

Élu joueur défensif par excellence du RSÉQ en 2018, Dequoy a dû composer avec une année 2019 nettement moins occupée. Plus souvent qu’autrement, les quarts adverses ont judicieusement évité son côté par prudence.

« En début d’année, mes coéquipiers me taquinaient en me disant que ce serait une année tranquille pour moi. Mais j’ai essayé d’aborder les choses d’une autre façon. Ça m’est arrivé de me faire avoir dans les premiers matchs de la saison à force que le ballon ne vienne pas de mon côté. À partir de là, j’ai vraiment décidé d’avoir l’approche de foncer comme si on allait lancer vers moi même quand ce n’est pas le cas », a raconté Dequoy au RDS.ca.

« Tout le monde le connaît assez bien dans notre association après quatre ans, mais je pense que ça pourrait changer ce week-end face à une équipe qui le connaît un peu moins. Oui, ils le connaissent, mais pas autant. Probablement qu’il se fera tester un peu plus », a exposé son entraîneur Danny Maciocia qui n’en serait pas déçu.

Même s’il a raflé ce titre défensif l’an dernier, Dequoy était capable d’admettre qu’il devait encore peaufiner quelques aspects de son arsenal, dont un en particulier. Rapide et doué pour attaquer le ballon, c’est au niveau des plaqués qu’il devait raffermir ses techniques. 

« J’ai voulu beaucoup insister là-dessus. J’ai travaillé sur des méthodes par rapport aux hanches de mes adversaires pour devenir meilleur et ça voulait aussi dire de passer plus de temps en gymnase », a-t-il expliqué.

« Il s’est énormément amélioré à ce niveau. Ça se voit facilement. Il est devenu un joueur complet cette année parce qu’il a travaillé très fort sur ce point », a indiqué Maciocia.

Ce n’est pas parce qu’il terrorise les quarts universitaires que son développement est achevé et il le sait très bien. Il vante d’ailleurs l’apport de son entraîneur de position, Olivier Fréchette Lemire, pour sa contribution dans ce sens.

« J’ai encore tellement de choses à apprendre. Avant chaque pratique, je dis tout le temps à mon entraîneur, Olivier, de me corriger. Je remarque certaines erreurs que je commets, mais je veux avoir son avis pour bien exécuter ma tâche », a décrit celui qui complétera son parcours universitaire samedi ou lors de la présentation de la coupe Vanier la semaine suivante.

Un potentiel qui ne fait aucun doute

Son rendement s’avère fascinant puisque Dequoy n’a joué que cinq minuscules parties au niveau collégial. Des blessures l’ont limité à ce total pour ses deux premières années et il a appris, trois jours avant le lancement de sa troisième année, qu’il n’était pas admissible en raison de son âge.

Cette période aurait pu le décourager, mais il possède cette confiance en ses moyens digne des athlètes dominants. À cela s’est ajouté le rôle déterminant de Paul-Eddy St-Vilien qui a propulsé son jeu de plusieurs crans.

« Il mérite vraiment beaucoup de crédit, c’est en grande partie grâce à lui que je joue de cette manière maintenant », a-t-il tenu à préciser.

Cette maîtrise plus relevée du jeu lui permet désormais de laisser parler ses instincts et ses qualités physiques à un point où l’on se demande ce qu’il pourra accomplir dans les rangs professionnels.

« La flèche pointe vraiment haut pour lui surtout qu’il n’a pas beaucoup de football dans le corps et qu’il peut encore beaucoup apprendre. Il a réussi une progression incroyable dans les deux dernières années. Le potentiel est là, il peut jouer dans n’importe quelle ligue professionnelle. Il a encore du travail à faire, mais si je me fie au niveau d’intérêt démontré à son égard, tu réalises qu’il a le potentiel de jouer même le dimanche dans la NFL », a témoigné Maciocia qui le considère parmi les meilleurs joueurs défensifs étant sortis du Québec.

Justement, l’entraîneur des Carabins confirme que quelques équipes de la NFL l’ont contacté à son sujet. Une avenue que Dequoy ne veut pas ignorer malgré l’ampleur du défi.

« Je ne veux pas me lever un matin à 33 ans et me dire ‘Ah, j’aurais dû essayer’. Je sais que c’est une réalité difficile, on l’a vu avec Mathieu Betts. Je pense que je pourrais avoir ma chance et je crois que n’importe quel athlète qui joue à mon niveau rêve de pouvoir tenter son coup dans la NFL », a accepté de confier Dequoy, qui a gagné des points avec son physique de 6 pieds 3 pouces et 200 livres ainsi que ses résultats au sprint de 40 verges.

Du côté de la LCF, un recruteur d’une équipe n’a pas caché son enthousiasme.

« Il est très talentueux, on aime beaucoup son énergie et son style de jeu. On a hâte de voir comment il va se débrouiller dans les tests. Il est vraiment intéressant », a-t-il statué.

En attendant ces prochaines étapes, Dequoy se concentre uniquement sur les Axemen qui possèdent une attaque au sol menaçante (via Dale Wright) et une défense coriace (dont grâce au secondeur Bailey Feltmate).

« Je viens de sortir d’une réunion en disant qu’on doit arrêter leur jeu au sol. Leur porteur va toucher au ballon facilement 15 à 20 fois. Ils vont lui donner autant en 1er essai et 10 qu’en 2e essai et 12 », a souligné Maciocia qui sait que cette équipe mature ne multipliera pas les erreurs.

Les Carabins sont parvenus à renverser le Rouge et Or en abordant ce duel avec plaisir et en se disant qu’ils n’avaient rien à perdre.

« Je pense que c’est vraiment notre approche qui nous a permis d’obtenir la victoire. Il faut continuer d’aborder les choses de la même façon », a souhaité Dequoy, qui a été élogieux envers le quart Frédéric Paquette-Perreault qui a dynamisé l’attaque.