QUÉBEC – Les deux équipes qui s’affronteront lors de la 51e Coupe Vanier sont spéciales chacune à leur manière.

Les Carabins de l’Université de Montréal ont une identité hors du terrain bien différente de la majorité des formations. Pour les Thunderbirds de l’Université de la Colombie-Britannique, c’est plutôt leur parcours sur le terrain qui marque l’imaginaire, eux que personne n’attendait en finale en début de saison.

Les deux dernières équipes en lice au football universitaire canadien se disputeront le précieux trophée dès 13 h au Stade Telus de l’Université Laval.

Les Bleus, qui tenteront de défendre leur titre acquis l’an dernier, sont probablement la formation la plus décontractée au Canada. Avant chaque entraînement, on croirait voir et entendre une cour d’école à la récréation.

Quand le sifflet de Danny Maciocia résonne, il n'y a plus un son. Les écoliers rentrent dans le rang et c’est le temps de passer aux choses sérieuses.

« Dès qu’on arrive sur le terrain, on s’amuse comme des enfants. [...] On prend du plaisir dans le sport. C’est une bonne chose parce que sinon c’est là que tu te mets à stresser et que tu fais des erreurs », a observé le demi défensif des Carabins, Djonathan Buissereth, qui revêtira l’uniforme de son université pour la dernière fois cet après-midi.

Jonathan Boissonneault-Glaou et Nicolas Easterbrook« On aime ça avoir du plaisir et se taquiner. C’est le sentiment de famille. [...] On est un peu fou. Les gars se teignent les cheveux et la barbe. Ils sont bizarres, mais ça fait partie de notre identité », a fait remarquer un autre finissant, le quart-arrière Gabriel Cousineau.

« C’est une équipe un peu bizarre. C’est plutôt à moi de m’adapter et je pense que je l’ai fait au cours des trois dernières années, a affirmé leur entraîneur-chef, Danny Maciocia. Je n’aurais jamais accepté ça quand j’ai mis les pieds à l’Université de Montréal. »

Les étudiants-athlètes de l’UdeM ont trouvé où tracer la limite et cela semble bien fonctionner puisque ce pourrait être la sixième fois qu’un programme remporte deux Coupes Vanier de suite advenant une dernière victoire en 2015.

« Je commence à les comprendre un peu plus. Je commence même à comprendre mes enfants un peu plus, a lancé en riant le père de trois filles. On a besoin de les laisser aller pour s’exprimer. Ils savent que quand on est en réunion ou au terrain de foot, ils s’appliquent à 100 % dans ce qu’on fait. »

Les Carabins ne devront pas prêcher par excès de confiance parce que c'est une équipe qui n'a aucun complexe qui se retrouvera de l'autre côté du terrain.

Les Thunderbirds sont beaucoup plus posés avant leurs entraînements, mais ils demeurent un groupe tout aussi uni.

Blake Nill a formé une nouvelle famille en prenant les rênes du programme l’hiver dernier après plus d'une décennie de misères. Il a ramené une éthique de travail et surtout le désir de gagner. UBC a surpris tout le Canada en défaisant les Dinos de l’Université de Calgary, l’ancienne formation de Nill, lors de la Coupe Hardy. La formation albertaine avait écrasé tout sur son passage avant ce match et il s’agissait de sa seule défaite de la saison.

Après leur triomphe en demi-finale canadienne en Nouvelle-Écosse, UBC est venu passer toute la semaine à Québec. C’est là où l’espoir est né dans la tête des joueurs des Thunderbirds après une victoire en match préparatoire contre le Rouge et Or au mois d'août dernier.

« Je pensais que ce serait un processus de reconstruction cette saison, a raconté le quart-arrière de première année, Michael O’Connor. Mais après la victoire contre Laval, je me suis dit que nous avions les joueurs pour gagner et qu’il n’y avait pas de raison pour qu'on ne puisse pas faire un long bout de chemin cette année. »

Il s’agira de la huitième participation de Blake Nill à la Coupe Vanier en tant qu’entraîneur-chef. Ce sera la quatrième présentation de la finale du football universitaire canadien à Québec. Chaque fois, Nill a été l’un des deux pilotes, mais il est toujours à la recherche de son premier triomphe.

« Il trouve une façon de jouer dans les Coupes Vanier. Je pensais qu’il avait dirigé dans quatre Coupes Vanier. Mais j'ai réalisé l’autre jour que c’était dans quatre Coupes Vanier à Québec. C’est assez impressionnant. J’espère avoir l’opportunité d’être de quatre Coupes Vanier », s’est exclamé Maciocia.

Un dernier match pour plusieurs

Le porteur de ballon Brandon Deschamps a mangé son pain noir durant les nombreuses campagnes difficiles de cette équipe. À son dernier match en carrière, le numéro 33 des Thunderbirds pourrait conclure d’une façon dont il ne pouvait que rêver auparavant. La situation est bien surréaliste, mais il fera tout pour en profiter le plus possible.

« Quand tu écris l’histoire de ta vie, c’est le scénario dont tu rêves. C’est quelque chose de spécial et d’excitant. Je ne me suis jamais attendu à ça. C’est une année spéciale », a relaté le joueur finissant visiblement choyé d’être à la Coupe Vanier.

Le receveur Philip Enchill des Carabins a soulevé le précieux trophée l’an passé. Comme Buissereth et Cousineau, il est concentré sur ses responsabilités pour son dernier match avec les Bleus. L’émotion sera plus vive après la rencontre.

Bien qu’il veuille terminer en beauté, il veut surtout faire goûter aux recrues la joie qu’il a vécue l’an dernier.

« Je veux faire vivre aux autres, surtout ceux pour qui c’est leur premier match de la Coupe Vanier, le sentiment de la victoire d’un titre. » Enchill aura probablement aussi une pensée pour d’autres finissants comme Alexandre Laganière et Olivier Daoust-Pichette qui ne seront vraisemblablement pas de la partie en raison de blessures.

Victoire ou défaite pour Buissereth, Cousineau, Enchill et Deschamps, ils laisseront un héritage positif à leur université respective.