MONTRÉAL - L'organisation des Carabins de l'Université de Montréal vit des jours difficiles. L'un de ses joueurs vient d'être suspendu deux ans pour dopage, alors qu'un deuxième test « anormal » vient d'être confirmé par l'équipe de football universitaire.

Le Centre canadien pour l'éthique dans le sport (CCES) a imposé une suspension de deux ans au porteur de ballon Olivier Renière, après avoir détecté la présence de stéroïdes anabolisants (19-norandrostérone) dans un test d'urine effectué en août dernier.

Bien malgré lui, l'entraîneur-chef Danny Maciocia se retrouve au coeur de cette situation délicate, et ce, pour la première fois de sa carrière.

« C'est frustrant et tout nouveau pour moi aussi », révèle Maciocia, fort d'une expérience d'une dizaine d'années dans la LCF.

La substance interdite détectée dans le système de Renière provenait de suppléments alimentaires achetés aux États-Unis. Le joueur de troisième année aurait pu se procurer ces produits au Canada, sauf qu'ils étaient moins dispendieux chez nos voisins du sud.

Renière n'a pas rencontré les médias. Par voie de communiqué, il a indiqué que le produit interdit ne paraissait pas sur la liste des ingrédients des suppléments alimentaires; il était donc présent à son insu.

Coupable, Renière a refusé de porter sa cause en appel. Les suppléments alimentaires sont vivement déconseillés par l'Université de Montréal, bien qu'elle ne puisse pas abolir complètement ces produits légaux - boissons énergisantes incluses.

« Nous ne sommes pas à l'abri qu'un joueur consomme des substances interdites malgré nos recommandations, souligne la directrice des programmes sportifs de l'UdeM, Manon Simard. Ce sont des adultes et nous tentons de les sensibiliser le plus possible. »

« Encore aujourd'hui, je trouve ça bizarre. J'essaie de comprendre, mais je n'y arrive pas, mentionne Maciocia au sujet des athlètes qui utilisent des produits dopants. Les ressources sont là pour aider les jeunes. On ne veut pas que la situation se répète, que ce soit ici ou dans un autre sport. »

Alexis Rousseau-Saine s'est joint aux Carabins en 2009 - la même année que Renière. Le colosse de 6 pieds 6 pouces est triste pour son coéquipier, tout en se questionnant à connaître les motifs exacts de son geste. Il reconnaît avoir lui-même avoir consommé des suppléments dans le passé, un phénomène qu'il qualifie de « généralisé ».

« Nous n'étions pas aussi conscients que le problème (substances interdites insérées dans les suppléments) était aussi répandu. Ça nous touche de plus en plus et les joueurs doivent être davantage craintifs face à ces produits. »

Jamais assez de sensibilisation

Que ce soit au niveau secondaire, collégial, universitaire ou professionnel, personne n'est à l'abri des produits dopants et les intervenants interrogés mercredi après-midi au CEPSUM sont d'avis qu'il n'y aura jamais assez de sensibilisation pour éviter de tomber dans le piège des substances interdites.

Le scandale qui a frappé l'Université de Waterloo (neuf cas de dopage) a certainement donné une bonne leçon à ceux qui hésitaient à sauter la clôture. L'UdeM a d'ailleurs pris les mesures nécessaires pour éviter qu'un tel incident ne survienne au sein des Carabins.

« On a mis un médecin à la disposition des athlètes. Nous voulons les diriger du mieux que l'on peut. Les connaissances sur le dopage sont assez limitées pour certains », de dire Mme Simard qui vit son premier cas de dopage depuis son arrivée à l'UdeM il y a 15 ans.

« Grâce à mon expérience, j'ai fait venir trois anciens joueurs de la LCF (dont Mike Pringle) pour qu'ils puissent parler du dopage avec mes joueurs. Je croyais que le message avait passé », se désole Maciocia.

« Il y a encore beaucoup de travail à faire à tous les niveaux, ajoute Manon Simard. Je pense notamment aux jeunes de 12, 13 ou 14 ans qui, malgré leur âge, ont développé une mauvaise habitude et consomment déjà des boissons énergisantes. »

Disponibles dans la plupart des épiceries et des dépanneurs, les boissons énergisantes sont devenues monnaie courante aujourd'hui. Madame Simard rappelle toutefois que, même si elles paraissent inoffensives à première vue, certaines de ces boissons contiennent des produits interdits par le CCES.

Près de 30 tests ont été effectués au hasard chez les Carabins cette saison. Il faudra encore attendre quelques semaines avant de connaître le dénouement qui entoure le deuxième test « anormal » recueilli chez l'un des joueurs, dont l'identité n'a pas été dévoilée.

En plus des conséquences sportives (suspension), les athlètes coupables de dopage devront également vivre avec une réputation entachée qui pourrait éventuellement venir les hanter plus tard, comme au moment d'être embauché sur le marché du travail.

« Beaucoup de joueurs sont conscients que ça pourrait leur nuire dans l'avenir, assure Rousseau-Saine. C'est un facteur important à considérer avant la prise de stéroïdes. »

La suspension de Renière et l'apparition d'un autre test anormal s'ajoutent au « scandale Mike Dubuisson » sur la liste des distractions vécues par les Carabins au cours des dernières semaines.

Les hommes de Danny Maciocia seront à l'action samedi au CEPSUM, alors qu'ils accueillent le Vert et Or de l'Université de Sherbrooke.