J'ai appris comme vous, vendredi matin, qu'André Bolduc avait décidé de ne pas solliciter de nouveau contrat après cinq saisons à la barre du Vert & Or de l'Université de Sherbrooke.

Est-ce que j'ai été surpris par cette démission? Oui et non.

Dans un premier temps, je considère que le Vert & Or se trouvait sur la bonne voie avec André Bolduc comme entraîneur-chef. Sa troupe s'est tout de même classée tout juste derrière l'Université Laval en vertu d'une excellente fiche de sept victoires et deux défaites. Cette belle prestation a permis à l'équipe de tenir le premier match éliminatoire à domicile de son histoire. Malheureusement, Sherbrooke n'a pas été en mesure de se rendre plus loin en s'inclinant 33-15 aux mains des Carabins de l'Université de Montréal.

D'un autre côté, je sais qu'André a quatre enfants et qu'il devenait très difficile pour lui de combiner le rôle de père et celui d'entraîneur-chef. Je suis resté très proche de lui à travers les années et je sais très bien qu'il devait toujours faire ce choix déchirant entre sa famille et son travail. Il ne faut jamais oublier que le poste d'entraîneur-chef d'une équipe de football est très exigeant. Ça demande de la dévotion combinée à beaucoup d'heures à l'extérieur de la maison. Pour lui, cette situation devenait de plus en plus difficile à gérer.

Bien que je n'aie passé qu'une seule saison sous les ordres d'André Bolduc, j'estime qu'il a grandement contribué au fait que je me sois rendu dans la NFL. Si je suis ce genre de joueur aujourd'hui, c'est beaucoup grâce à lui. Durant mes deux premières années à Sherbrooke, il y a eu de longues périodes où il n'y avait pas de coachs de receveurs. La plupart du temps, j'étais laissé à moi-même, je faisais ce que je pensais qui était bon. En somme, en 2005 et en 2006, je n'ai pas pu compter sur des coachs de qualité qui m'enseignaient les bonnes techniques, des techniques qui étaient spécifiques à la position de receveur de passes.

Lorsqu'André est arrivé, la dynamique a complètement changé, et ce, dans le bon sens du terme. Il possédait une belle feuille de route, lui qui a évolué sept ans au niveau professionnel. Dès le début du camp de la saison 2007, il m'a pris sous son aile en m'enseignant tout ce qu'il savait. Il m'a transmis toutes ses connaissances. De mon côté, j'écoutais chaque conseil qu'il pouvait me donner.

Sa disponibilité était infinie. Je me rappelle qu'après la saison, juste avant le repêchage et les camps, on s'entraînait ensemble tous les jours à Sherbrooke. Il a mis beaucoup de temps et d'efforts sur mon cas. À la fin de l'hiver, il m'avait tellement lancé de ballons, qu'il avait développé une tendinite à l'épaule. Il n'était plus capable de me lancer un ballon; il a dû se rabattre à me lancer des balles de tennis tellement il avait mal.

André Bolduc était ce qu'on appelle un player's coach, c'est-à-dire qu'il était à l'écoute de ses joueurs. Il essayait tout le temps de faire en sorte que tout le monde soit à l'aise avec les décisions de l'équipe. C'est comme ça que je le décrirais.

Même si ça fait plus de quatre ans que j'ai terminé mes études à l'Université de Sherbrooke, André n'a pas cessé de me donner des conseils. Nous nous parlons encore souvent. J'ai gardé un contact privilégié avec lui et je l'apprécie énormément. Je me reconnais beaucoup en lui puisque ce que je vis comme joueur professionnel, André l'a vécu aussi. Or, c'est plaisant de pouvoir discuter avec quelqu'un qui est passé par là où je passe. Il peut me donner des conseils en pouvant se référer à ses expériences à lui.

Ça regarde bien

En terminant, je m'en voudrais de ne pas terminer cette chronique sans vous donner une mise à jour de ma situation. Tout d'abord, je voudrais vous assurer que mon état de santé est à son meilleur et les blessures sont derrière moi. En ce sens, mon moral est bon.

Je suis toujours en attente d'un contrat ou du moins, d'une offre. J'espère que les choses vont commencer à bouger bientôt, mais je sais que mon agent parle régulièrement avec des équipes de la NFL. Il n'y a rien de concret encore, mais il commence à y avoir de l'activité. Disons que ça regarde plutôt bien pour les prochaines semaines. Je vous tiens au courant.

*Propos recueillis par Nicolas Dupont