Ils aiment qu'on les appelle «The crew». Un surnom en français serait peut-être préférable, mais il faudrait une grande dose de courage pour contredire de tels mastodontes même s'ils s'avèrent bien gentils en entrevue…

«L'avenir de notre équipe est très prometteur grâce à eux». Ces paroles viennent de l'entraîneur du Rouge et Or de l'Université Laval Glen Constantin qui est reconnu pour être exigeant envers ses troupiers.

Pourtant, on ne parle pas ici d'un quart-arrière dominant ou d'un redoutable joueur défensif, il est plutôt question de Pierre Lavertu, Danny Groulx, Charles Vaillancourt, Karl Lavoie et Philippe Gagnon ; les cinq membres de la ligne offensive qui auront un défi de taille vendredi soir en finale de la coupe Vanier contre les Marauders de McMaster.

Depuis son ascension à la barre du Rouge et Or en décembre 2000, Constantin a mené cette organisation à cinq conquêtes de la coupe Vanier et il connaît donc l'importance de cette unité au sein d'une équipe. Alexandre Gauthier, Luc Brodeur-Jourdain et Dominic Picard ne sont que trois exemples du succès de Laval pour développer ceux qui protègent le quart-arrière dans l'ombre.

En 2012, la ligne à l'attaque du Rouge et Or s'est établie comme l'une des meilleures au pays. Mais l'exploit dans tout cela demeure la jeunesse de ce groupe. À sa troisième saison, Lavertu s'avère le plus expérimenté, le centre et le meneur du clan. Il est entouré par Danny Groulx et Karl Lavoie qui en sont à leur deuxième année ainsi que les recrues Charles Vaillancourt et Philippe Gagnon.

Mercredi soir, Lavertu a été nommé sur la première équipe d'étoiles du réseau canadien alors que Vaillancourt s'est taillé une place sur la deuxième à sa première saison.

«Le plus impressionnant dans leur cas, c'est l'homogénéité qu'ils ont pu créer aussi rapidement. Leur apprentissage s'est très bien déroulé et ils ont travaillé excessivement fort pour se familiariser avec de nouvelles choses», a vanté l'entraîneur de la ligne offensive Carl Brennan.

Constantin cible plutôt deux autres raisons pour expliquer leur brio.

«Avant tout, tu ne peux pas coacher la grosseur et les habiletés. Ensuite, la raison première, c'est le travail de leur entraîneur Carl Brennan, le gars le plus négligé de notre personnel d'entraîneurs. Il est tout un technicien du football et il a une très bonne attitude avec eux. C'est l'un des meilleurs au Canada si pas le meilleur!», a-t-il tenu à souligner.

D'ailleurs, ce sentiment est partagé par les joueurs eux-mêmes.

«Je pense que c'est à cause de notre communication et de notre entraîneur Carl qui est incroyable! On est tissé serré comme unité et ça va bien ainsi», a affirmé Lavertu.

En 12 matchs cette saison - incluant trois parties éliminatoires - l'imposant clan a alloué seulement 17 sacs à leurs adversaires. Il faut dire que les six pieds six pouces et 325 livres de Groulx, les six pieds quatre pouces et 325 livres de Vaillancourt et les six pieds trois pouces et 289 livres de Lavertu ont de quoi ralentir les ardeurs des joueurs de ligne défensive. Qui plus est, les cinq membres se font un malin plaisir de développer une attitude intimidante comme toute ligne à l'attaque de renom.

« On accorde une grande importance à ce facteur. Une ligne à l'attaque qui arrive sans attitude, ce n'est pas intimidant. On cherche à bâtir cela et notre attitude vient du fait qu'on joue un rôle important dans l'équipe», a confié Lavertu qui arbore, comme ses coéquipiers, une coupe de cheveux à la hauteur de l'objectif.

Potentiellement, cette unité pourrait demeurer intacte pour deux autres saisons et continuer de faire des ravages sur la ligne de mêlée. Voilà pourquoi Brennan et Constantin salivent en pensant à cette idée.

«Leur chimie est bonne, mais elle peut encore s'améliorer. De plus, ils deviendront plus gros, plus forts et plus rapides ce qui est le secret. Aussi, on voit sur vidéo qu'ils peuvent encore progresser dans leur exécution», a dévoilé Constantin.

Quant à Brennan, qui a roulé sa bosse comme entraîneur dans la LCF pendant quelques saisons, il a l'intention d'ajouter d'autres trucs du niveau professionnel à leur bagage.

«J'essaie, à chaque année, d'amener des nouveautés techniques ou autre. On est toujours en mode recherche pendant la saison morte. Je ne change pas tout, mais j'insère des éléments pour continuer la progression.»

Leur efficacité a été testée aussi récemment que la semaine dernière contre les Axemen d'Acadia puisque les porteurs de ballon Pascal Lochard et Guillaume Bourassa étaient sur la touche en raison de blessures.

Les cinq doigts de la main devaient donc ouvrir des brèches pour Maxime Boutin le troisième porteur de l'équipe et il a terminé sa récolte avec 213 verges.

«Ce n'est pas difficile de bloquer pour différents porteurs. Ils courent tous bien et c'est même un avantage dans un sens parce qu'ils peuvent être moins fatigués donc ce n'est pas un trop défi pour nous», a avoué Lavertu qui apprécie protéger le quart Tristan Grenon.

À la suite de cette performance de Boutin, Constantin avait déclaré aux médias qu'il aurait pu lui-même courir pendant 10 verges sur quelques séquences tellement les trous étaient béants. Les membres du crew se font lancer des fleurs parfois, mais ils savent que le pot n'est jamais bien loin si leur performance n'est pas à la hauteur.

«Ça nous motive, mais il nous dit parfois c'est un couteau à double tranchant. Si on ne fait pas bien le match suivant, c'est nous qui allons manger toute la m…. Il faut continuer notre bon boulot pour montrer qu'on apprécie sa reconnaissance», a admis Vaillancourt.

Si Lavertu est reconnu comme le leader, il confie que Groulx est celui qui aime le plus parler. Mais la véritable question demeure : lequel a le plus gros appétit? Pas besoin de chercher longtemps la réponse puisque Vaillancourt s'est lui-même dénoncé avec une petite gêne.