MONTRÉAL – Mathieu Bertrand et Guillaume Rioux ont fait partie, à eux deux, de cinq des huit éditions championnes du Rouge et Or de l’Université Laval.

Bertrand a grandement contribué aux deux premières conquêtes de la coupe Vanier du programme en tant que quart-arrière de l’équipe lors des victoires de 1999 et 2003.

Rioux est parmi le cercle restreint de Lavallois qui ont remporté trois titres canadiens au cours de leur carrière universitaire. N’eut été la défaite crève-cœur de 2011 face aux Marauders de McMaster, l’ancien receveur et retourneur aurait soulevé le précieux trophée à chacune de ses quatre participations.

Maintenant que leur carrière de joueur est terminée, les passionnés de football font partie du personnel d’entraîneurs du Rouge et Or. Savourent-ils plus leur présence à la Coupe Vanier comme entraîneur ou comme joueur?

« C’est un peu différent, mais la fierté et la satisfaction sont les mêmes. Que ce soit comme joueur ou entraîneur, tu mets tellement de temps et d’effort. Quand tu les vois récompensés, c’est très satisfaisant », a convenu Rioux, qui est entraîneur des receveurs et préparateur physique de l’équipe, lors d’un entretien avec le RDS.ca lundi.

« J’aimerais mieux jouer que diriger parce que tu as plus ta destinée entre tes mains, a expliqué Bertrand, un des meilleurs quarts-arrières de l’histoire du programme. En tant qu’entraîneur, tu dois toujours penser au prochain jeu et même une ou deux séries à l’avance. Mais j’aime les deux. »

Mathieu BertrandBertrand, qui a joint le groupe d’entraîneurs après sa retraite de la LCF en 2013, a marqué l’histoire du programme en étant de la première équipe à ramener un titre à Québec en 1999. En 2003, le pivot gaucher et ses coéquipiers ont réitéré en défaisant à nouveau les Huskies de St. Mary’s en finale canadienne.

Bien que celle de 1999 revêtait un caractère un peu plus historique étant donné que c’était la première du programme qui disputait seulement sa quatrième saison, les deux ont autant de valeur aux yeux de celui qui est maintenant coordonnateur des unités spéciales.

« Les deux sont uniques parce que ce sont avec deux groupes totalement différents. Les huit Coupes Vanier de l’histoire, probablement si on demande à tous les joueurs, il n’y en a aucune qui est plus spéciale que les autres. Elles le sont toutes », a souligné le vainqueur de la coupe Grey en 2005 avec les Eskimos.

« Une coupe Vanier, c’est une coupe Vanier. Je pourrais trouver une raison de dire que chacune d’elle est la plus spéciale », a ajouté Rioux qui allait dans le même sens que son collègue.

Rioux a tout de même admis que sa dernière coupe Vanier, en 2013, avait un cachet particulier étant donné qu’il était capitaine du Rouge et Or, qu’il s’agissait de sa cinquième année et que le match se déroulait au PEPS.

« Dans ta ville, devant tes partisans, tes amis, ta famille et ta blonde, de gagner sur notre terrain à ma cinquième année comme capitaine, c’était très spécial », a-t-il relaté alors que l’Université Laval l’avait emporté par la marque de 25-14 face aux Dinos Calgary, adversaire qu’elle retrouvera samedi lors de la Coupe Vanier.

Fait cocasse, les célébrations de Rioux avaient toutefois été raccourcies après ce triomphe puisqu’il avait été choisi aléatoirement par le Centre canadien pour l'éthique dans le sport (CCES) afin de passer un test antidopage.

« J’étais super content. J’avais même dit à ma famille de m’attendre à l’extérieur du vestiaire. Finalement, j’ai à peine eu le temps de prendre une gorgée de champagne que le CCES était arrivé pour le test antidopage. Ça brisait un peu mon moment de festivité. Mais en même temps, je suis pour la lutte contre le dopage. J’ai toujours été très collaboratif comme joueur et je le suis encore comme entraîneur », a-t-il raconté.

Une semaine qui se déroule vite

Mathieu Bertrand et Guillaume Rioux savent à quoi s’attendre d’une semaine à la Coupe Vanier.

Comme la semaine dernière face aux Golden Hawks de l’Université Wilfrid Laurier, la préparation est excessivement importante puisque le Rouge et Or affronte un adversaire qu’il connaît à peine. Les entraînements sont donc très importants pour mettre en place le plan de match.

Mais la semaine de la Coupe Vanier est aussi l’occasion de célébrer le football à l’échelle du pays. Étant sur la route, les joueurs sont exemptés de leurs cours si bien qu’ils n’ont qu’à se concentrer sur le football.

Guillaume Rioux« Je me rappelle que ce sont des semaines qui sont plaisantes et excitantes. C’est quelque chose que tu vis une à deux fois dans ta vie, alors il faut que tu profites de tous les moments. Les gars ont travaillé fort depuis le mois de janvier pour se rendre là », a assuré Bertrand qui a encore son nom à quelques endroits dans le livre des records du Rouge et Or.

« C’est un mélange d’émotions. Tu es excité et content de pouvoir participer à ce match. En même temps, tu es un peu nerveux et tu ne veux pas passer à côté de l’opportunité. Tu te concentres vraiment beaucoup sur ta préparation », s’est remémoré Rioux.

Celui qui a disputé deux saisons en Europe avant de rentrer au bercail a aussi un autre conseil pour ceux qu’ils dirigent.

« Il y a une partie qu’il ne faut pas oublier et c’est de profiter de la semaine. Il ne faut pas en devenir malade. Ce sont de beaux souvenirs et elle passe vraiment vite », a fait savoir l’ancien numéro 11.

La route pour unir l’équipe

Il n’y a rien de mieux que de faire neuf heures d’autobus pour stimuler la chimie d’une équipe. Tant les Dinos, qui ont fait le voyage en avion, que le Rouge et Or ont eu à parcourir des centaines de kilomètres pour se rendre à Hamilton où sera présentée la 52e Coupe Vanier.

Mathieu Bertrand, lors de ses deux participations, et Guillaume Rioux, en 2011 à Vancouver et à 2012 à Toronto, ont vécu ce scénario durant leur carrière de joueur.

Jouer la Coupe Vanier à domicile, ce que le Rouge et Or a pu vivre en 2010 et 2013, comporte ses bons côtés. Mais de la disputer loin de la maison a aussi ses avantages.

« On voyage et mange ensemble. Tout le monde est à l’hôtel donc c’est plus facile de se réunir. Pour la chimie d’équipe, la cohésion et les distractions, je pense que c’est bien que ce soit sur la route », a noté Bertrand qui a joué ses deux finales nationales à Toronto dans le temps où le Rogers Centre portait le nom de SkyDome.

« À Québec, un des avantages, c’est qu’on reste dans notre routine et dans nos choses à nous. C’est presque une semaine normale, a fait valoir Rioux. À l’extérieur, il y a quelque chose de spécial de partir en équipe pendant une semaine et de ne vivre que pour le football. Tu es nourri et logé à l’hôtel et tout ce que tu as à faire est d’aller à tes réunions, faire de la vidéo et pratiquer. Tu passes beaucoup de temps avec tes coéquipiers. »

Bertrand en sera à sa deuxième expérience comme entraîneur à la Coupe Vanier contrairement à Rioux qui vivra son baptême sur les lignes de côté.

La bonne nouvelle pour Rioux, si le Rouge et Or l’emporte, c’est qu’il ne sera pas dérangé par le CCES durant les célébrations de ce qui pourrait être le neuvième titre de l’histoire du Rouge et Or, améliorant ainsi son propre record.