MONTRÉAL – Le receveur Louis Brouillette et le joueur de ligne offensive Pierre-Olivier Daloze en ont vu de toutes les couleurs durant leurs cinq années avec les Redmen de l’Université McGill.

Il y a eu plusieurs creux de vague, dont un tsunami en 2014 en raison d’une fiche de 0-8 et de la démission de l’entraîneur-chef Clint Uttley en plein milieu de la saison. Mais il y a aussi eu des moments plus réjouissants comme celui de voir un ancien coéquipier, Laurent Duvernay-Tardif, être repêché dans la NFL.

Et finalement, ils concluront leur carrière universitaire avec un autre bon souvenir grâce à une deuxième participation aux éliminatoires.

Lorsque Brouillette et Daloze sauteront sur le terrain du CEPSUM, samedi, lors de la demi-finale québécoise qui les opposera aux Carabins, les deux finissants seront les seuls à avoir déjà joué une rencontre en éliminatoires chez les Redmen.

Les deux étudiants-athlètes étaient des recrues en 2012 – la dernière présence en éliminatoires de l’équipe – lorsque l’Université McGill s’était qualifiée pour la danse de novembre. Cette année-là, les Redmen avaient compilé un dossier de 3-5 et avaient obtenu leur billet pour les éliminatoires en raison de défaites par forfait des Stingers de Concordia en raison de l’utilisation d’un joueur inadmissible.

« En 2012, on s’était qualifié par la porte arrière. Cette année, d’avoir mérité notre place, c’est plaisant, racontait Brouillette. On a vraiment une meilleure équipe alors on peut faire plus de bruit qu’il y a cinq ans. »

Louis Brouillette« Cette année est celle où j’ai eu le plus de fun à McGill en cinq ans. Je n’ai pas vraiment de regrets en ce moment, mais je pourrai quitter la tête haute. Les finissants, on s’en parlait et on est vraiment fier de notre parcours », a répondu celui qui a étudié en génie mécanique et qui ne sera pas intimidé par les Carabins, samedi, en demi-finale québécoise.

Les Redmen ont conservé un dossier de 4-4 cette saison et ont gagné leur place en éliminatoires grâce à deux victoires face à des rivaux directement en compétition avec eux pour les rangs 3 à 5 au classement. Ils ont tout d’abord vaincu le Vert & Or, à Sherbrooke, 19-18 lors de la deuxième semaine d’activités. Puis, ils se sont assurés de terminer avec au moins une fiche de ,500 en défaisant les Stingers 21-8 lors de l’avant-dernier week-end du calendrier régulier.

« Nos 6 finissants sont tous très contents d’avoir la chance d’aller en éliminatoires, a indiqué l’entraîneur-chef Ronald Hilaire. Tous ces jeunes ont passé à travers les bas. Maintenant, on ne peut pas encore dire qu’on est dans les hauts du programme, mais on s’en va dans la bonne direction. C’est sûr que c’est une belle opportunité pour eux de garder les épaulettes et le casque pour au moins une semaine de plus et de tout faire en leur pouvoir pour que ça se reproduise la semaine suivante et ainsi de suite. »

Brouillette, Daloze, les joueurs de ligne offensive Qadr Spooner et Nicolas Bertrand, le receveur Jonathan Mack ainsi que le maraudeur Charles-William Tremblay, ont été aux premières loges pour observer les changements s’orchestrer quand Hilaire a pris les rênes du programme en février 2015.

« La culture au sein de l’équipe n’est pas pareille. Coach Ron en a installé une nouvelle dès le premier jour. Il y a deux ans, on a terminé 0-8. L’an passé, nous avons eu une fiche de 3-5 et nous étions à 5 secondes d’être en éliminatoires », a mentionné Brouillette en faisant référence au match face aux Stingers perdu sur le dernier jeu, le 24 octobre 2015.

« Cette année, on a eu le même match que l’année dernière contre Concordia. On gagnait et on était en éliminatoires. On a joué un meilleur match que l’an passé quand les circonstances étaient les mêmes. Ça prouve que la progression de l’équipe va vraiment bien », a ajouté celui qui a connu sa deuxième meilleure saison en carrière pour les verges sur réception avec 402 en 2016.

Outre le changement de culture, Ronald Hilaire a aussi réussi à attirer des recrues de premier plan à McGill. Ayant été fortement impliqué avec Équipe Québec chez les moins de 18 ans, Hilaire a établi au cours des années d’excellentes relations et il a une crédibilité auprès des étudiants-athlètes.

« La moitié des joueurs en uniforme sont des recrues et plusieurs sont des partants qui réalisent beaucoup de jeux. Le groupe d’entraîneurs nous a fait croire qu’on pouvait se qualifier pour les éliminatoires et faire du bruit. Tout le monde a acheté le système. L’attitude en tant qu’équipe était différente des années précédentes », a évalué Brouillette.

Ce qui permet aux Redmen d’être optimistes pour le futur, c’est qu’ils semblent avoir mis la main sur un quart-arrière qui pourrait transporter l’attaque sur son dos.

Frédéric Paquette-Perrault n’en est qu’à sa première saison, mais il montre déjà qu’il peut se débrouiller à ce niveau. Après un début de saison chancelant, le produit du Cégep du Vieux Montréal s’est bien adapté aux rangs universitaires et il ne cesse de progresser.

« Il a eu une progression extraordinaire match après match. Il a construit sa confiance. C’est sûr que quand tu sors des rangs collégiaux, la vitesse du jeu est différente. Il y a aussi le fait que tu vas lancer un peu plus le ballon que du football à 4 essais et tu es un peu plus sous les feux de la rampe », a exposé Hilaire qui s’est bien entouré avec Benoit Groulx, Sébastien Lévesque, Alain Mainguy, Olivier Turcotte-Létourneau et David Carson dans son groupe d’entraîneurs.

« C’est le jour et la nuit. Au début de la saison, c’est difficile d’apprendre le système surtout que celui de Benoit Groulx n’est pas le plus simple pour les quarts-arrières, a admis Brouillette. Au fur et à mesure, il était plus à l’aise avec ses lectures et il avait une meilleure chimie avec les receveurs. Maintenant, je pense qu’il est vraiment rendu bon et qu’il peut faire des dommages. »

Même les adversaires des Redmen reconnaissent qu’ils en auront plein les bras si Paquette-Perrault et l’attaque de McGill continuent de s’améliorer.

« Il m’impressionne depuis quelques semaines. C’est un jeune qui sait où aller avec le ballon. Il me semble très calme dans la pochette. C’est un quart qui va avoir son mot à dire dans les prochaines années », a concédé l’entraîneur-chef des Carabins, Danny Maciocia.

Hilaire et ses entraîneurs ont déjà entamé un grand travail de séduction pour recruter des joueurs de ligne offensive puisque trois étudiants-athlètes termineront leur stage universitaire à cette position. Un match serré face aux Carabins leur donnerait un argument de plus pour convaincre les finissants collégiaux.

Ne rien tenir pour acquis

La qualification en éliminatoires n’était que le premier objectif des Redmen. Maintenant qu’ils ont obtenu leur droit de compétitionner au mois de novembre, ils veulent causer des surprises.

« On est loin d’avoir terminé notre travail. De se rendre en éliminatoires n’était qu’une partie. En éliminatoires, c’est une autre game. Il faut passer au prochain niveau en gardant notre mentalité d’y aller un jeu à la fois pour sortir vainqueur », a affirmé Hilaire qui a l’expérience des éliminatoires du RSEQ ayant été entraîneur avec les Carabins de 2011 à 2013.

Hilaire est conscient que son équipe a encore beaucoup de chemin à faire pour être au même niveau que les autres puissances du Québec et du Canada. Avec de jeunes joueurs, le message doit être constamment répété pour que les étudiants-athlètes gardent en tête que rien n’est acquis dans ce sport.

« Ils (les finissants) ont un message à véhiculer à nos plus jeunes que ce n’est pas quelque chose qui peut arriver chaque année si on ne met pas l’effort et le travail. Il ne faut pas tenir ce match pour acquis et il faut donner le maximum quand on va jouer au CEPSUM », a convenu Hilaire.

Bien que les Carabins forment une puissance au sein du RSEQ et au Canada, ne pensez pas que les Redmen iront jouer les touristes face aux doubles champions québécois. Ce serait très loin de leur nouvelle philosophie.

« Ça part qu’il faut croire en nous. Nous sommes plus confiants que jamais en ce moment. Le résultat de 13-0, c’est un match serré », a estimé Brouillette.

« Ça va prendre un effort soutenu pendant 4 quarts. On sait que si on fait ça et qu’on respecte nos assignations, de bonnes choses vont se produire pour nous. Ça nous a permis d’avoir une très bonne saison du côté défensif », a affirmé Hilaire.

Victoire ou défaite samedi, le programme des Redmen est relancé. Les années noires semblent bien loin derrière. Mais ce sera aux joueurs de McGill de décider quelle sera leur limite. Participants annuels aux éliminatoires ou aspirants aux grands honneurs. Le temps nous le dira.