MONTRÉAL – Courir vite a toujours été la marque de commerce de Maxime Boutin.

Que ce soit avec l’Académie Saint-Louis, avec le Campus Notre-Dame-de-Foy ou avec le Rouge et Or, le porteur de ballon n’a jamais eu de difficulté à battre les défenses adverses avec sa vitesse.

Ça lui a même valu des comparaisons avec Sébastien Lévesque. Mais rassurez-vous. Maxime respire quand il court.

Si Lévesque a su s’établir dès ses premières années à l’Université Laval, Boutin a été longtemps confiné à un temps d’utilisation plus limité. En 2012 et 2013, il a formé un redoutable trio avec Pascal Lochard et Guillaume Bourassa. Par contre, Boutin était souvent le troisième homme envoyé dans la mêlée.

Cela ne l’a pas empêché de réussir l’une des plus belles performances individuelles des huit coupes Vanier remportées par le Rouge et Or. En 2012, il a saisi l’opportunité qui lui a été offerte en raison des blessures à Lochard et Bourassa. Boutin a transporté l’attaque sur son dos en gagnant 253 verges au sol avec deux touchés, dont un sur une course de 84 verges qui restera graver à tout jamais dans la riche histoire de la formation lavalloise.

À sa cinquième année avec le Rouge et Or, celui qui porte le numéro 1 a démontré qu’il a évolué au fil du temps et qu’il n’est pas un demi offensif unidimensionnel.

Maxime BoutinBoutin a pu s’approprier le champ arrière cette saison. S’approprier est peut-être un grand mot, mais il faut convenir qu'il a mérité d’être le porteur partant en 2015.

« C’était le porteur no 1 de notre attaque cette année, il n’y a pas de doute », a lancé l’expérimenté coordonnateur offensif du Rouge et Or, Justin Éthier.

« Quand il y a eu les blessures à Christopher Amoah et Vincent Alarie, on ne pouvait pas juste lui demander d’utiliser sa vitesse. Il a dû jouer un rôle beaucoup plus physique. C’était le défi pour lui et je trouve qu’il a extrêmement bien répondu », a ajouté celui qui a dirigé Boutin pour la première fois au Championnat du monde junior en 2009.

« Ç’a été l’année que j’ai eu le plus de responsabilités. J’ai été partant dès le début. Les entraîneurs m’ont permis de toucher au ballon plus souvent et d’être dans plusieurs situations, plus que les années antérieures », a convenu Boutin, qui disputera sa cinquième Coupe Dunsmore samedi.

En 2015, Boutin a connu sa meilleure campagne du côté des statistiques. Il a dominé les porteurs du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) avec une récolte de 678 verges. Il a également été le demi offensif le plus occupé avec 115 courses.

Sean Thomas Erlington des Carabins lui a toutefois été préféré sur l’équipe d’étoiles du RSEQ. L’humble Maxime Boutin n’est aucunement déçu. Il prend même le temps féliciter son adversaire qu’il croisera au Stade Telus samedi.

« Je ne suis pas le genre à viser les honneurs individuels. Je m’y attendais un peu. Le porteur de Montréal a fait tout un travail et je lui donne tout le crédit. Il a su se démarquer et c’est tout à son honneur », a mentionné le futur policier.

L’honneur d’être capitaine

Son premier honneur de la saison, Boutin l’a reçu quand les entraîneurs l’ont nommé capitaine.

Chaque leader a son style, dit Justin Éthier. Boutin n’a jamais été celui qui prenait le plus de place dans le vestiaire du Rouge et Or. Mais, à sa manière, il a su transmettre les valeurs et traditions lavalloises aux plus jeunes.

« Ç’a été une belle reconnaissance. Je me sentais prêt à prendre cette responsabilité, d’encourager les gars dans la bonne direction. Je voulais montrer le bon exemple et permettre aux gars de s’améliorer le plus positivement possible », a raconté celui qui a marqué cinq touchés cette saison (3 au sol, 2 par la passe).

« Il amène beaucoup de leadership. Il aime encourager les autres. C’est motivant et inspirant autant pour notre attaque que notre défense », a relaté son bon ami dans l’équipe, le demi défensif Thomas Girard.

« Il a beaucoup aidé les jeunes à sa position, mais à toutes les autres aussi. Il a été un leader à sa façon. C’est le genre de gars qui est apprécié de tout le monde. Ça paraît. Il fait rire le monde et il sait comment détendre l’atmosphère dans certaines situations, mais il sait quand c’est le temps d’être sérieux », a décrit Éthier.

Au cours de sa carrière, Maxime Boutin est toujours resté lui-même. Dès son arrivée au CNDF, il avait de gros souliers à chausser puisqu’il devait combler le départ de Sébastien Lévesque. L’attaque du cégep qui évoluait à l’époque dans le niveau AA (division 2) a trouvé une nouvelle idole en Boutin.

Lorsqu’on lui demande s’il a déjà senti la pression de remplacer Lévesque, que ce soit au CNDF ou avec le Rouge et Or, l’étudiant-athlète de cinq pieds neuf pouces assure que non et qu’il a seulement voulu tracer son propre chemin, comme l’a fait Lévesque avant lui.

« Au CNDF, je voyais Séb et je voulais faire la même chose. Il a eu une belle carrière collégiale et même chose à l’université. Je voyais qu’il faisait bien à l’université. C’est sûr que je voulais un jour jouer au niveau universitaire et bien faire comme lui. Mais avec les années, je me rends compte qu’on n’est pas le même style de porteur. On est différent. Il a réussi de belles choses et j’espérais en faire autant. »

« C’est une chose que j’ai toujours bien aimée de Maxime, a exprimé Justin Éthier. Il a toujours été lui-même. Il avait son style. Il a connu de grands matchs. Des fois, tu peux sentir qu’un joueur veut faire comme un autre. Mais j’ai toujours senti que Max, c’était Max. Sébastien a eu une super belle carrière ici. Mais, ils ont chacun leur style. Ça reste quand même que les deux sont très explosifs, mais ce sont des personnes différentes. »

Comme ses anciens coéquipiers Guillaume Rioux, Maximilien Ducap et Vincent Plante, Maxime Boutin a la chance de terminer sa carrière avec une victoire sur son terrain.

L’Université Laval accueillera la Coupe Vanier pour la quatrième fois de son histoire, le 28 novembre prochain. Lors de la dernière présentation en 2013, Rioux, Ducap et Plante avaient pu soulever le trophée entourés des partisans du Rouge et Or.

« C’est le rêve des gars de cinquième année comme moi de finir à la maison avec une coupe Vanier. On ne peut pas viser rien de mieux! », a concédé le vétéran de cinq saisons.

Avant tout, Boutin et ses coéquipiers doivent venger leur échec de l’an dernier face à l’Université de Montréal à la Coupe Dunsmore. Il a certainement encore l’image de ses coéquipiers qui avaient subi pour la première fois de leur carrière un revers au Stade Telus et il ne veut pas subir le même sort. C'est pourquoi il sera une pierre angulaire de l'attaque, comme il l'a été tout au long de la saison.