Le Rouge et Or a gagné. Sa victoire de 25-14 aux dépens des Dinos de Calgary lui vaut de célébrer comme il se doit la huitième conquête de la coupe Vanier de son histoire. Son deuxième titre de suite, son troisième en 4 ans, son septième en 11 saisons, son huitième en 15 ans.

Rien que ça…

Parce que j’étais dans les estrades à me geler les fesses et les doigts avec des chums de longue date loin du confort douillet de la galerie de presse, je vais me permettre d’y aller d’un bravo Laval tout ce qu’il y a de plus partisan.

Je sais, ce n’est pas professionnel.

Mais quand tu payes ton billet (51 $) et que tu n’as pas l’intention de demander à ton boss de le rembourser, de payer pour la bouffe, l’hôtel et le kilométrage aller-retour entre la grande ville et la belle ville, tu peux t’offrir le luxe d’un commentaire partisan. Peut-être même deux, trois, cinq…

Alors, soyez avisés!

Aussi belle soit-elle, la victoire du Rouge et Or aurait pu être beaucoup plus facile. Par égard aux Dinos de Calgary et leur poignée de partisans qui n’ont jamais cessé de croire en leurs chances, je vais me garder d’ajouter que le match aurait dû être plus facile.

Mais c’est la vérité.

En raison de la domination totale de la ligne offensive, l’attaque au sol du Rouge et Or a pris le plein contrôle du match dès le premier quart. À gauche, à droite, au centre, les courses faisaient déplacer les chaînes dans le bon sens.

Une pénalité a coûté un touché.

Une autre pénalité a annulé un long retour de botté qui a ramené Laval dans son territoire au lieu de frapper à la porte des buts des Dinos. Tout ça contre le vent qui soufflait assez fort pour déranger les joueurs sur le terrain et rendre le froid humide qui s’attaquait aux os des partisans entassés dans les gradins plus dur à endurer.

Et comme si ces pénalités et les occasions gaspillées qu’elles avaient entraînées n’étaient pas suffisantes, comme si elles n’avaient pas empêché Laval de couper vite fait, bien fait toute motivation à leurs adversaires venus de Calgary, le si bon Boris Bede s’est transformé en méchant Boris!

Si vous n’avez pas vu le match et que vous consultez simplement les statistiques, vous allez dire que j’exagère. Qu’avec ses cinq placements réussis et ses 17 points récoltés sur les 25 de son équipe, Bede a fait plus que sa part dans la victoire.

La réalité est plus nuancée.

Bede a officiellement raté deux placements. Ses deux premiers du match soit dit en passant.

Mais il a aussi raté son 3e. Il ne figure pas dans les statistiques, parce que les Dinos ont réclamé un temps d’arrêt tout juste avant la remise du ballon. Bede en a raté un autre en fin de match. Il ne figure pas aux statistiques officielles, car les Dinos ont écopé une pénalité - trop de joueurs sur le terrain - qui a transformé sa tentative ratée en premier jeu.

Tout ça pour dire que le pied de Bede et les pénalités ont coûté beaucoup de points au Rouge et Or au premier quart et durant le match.

Des points qui auraient changé complètement l’allure du match. Des points qui, cela dit, nous auraient peut-être privés de l’excellent duel auquel on a eu droit et aux rebondissements qui ont permis aux 18 543 personnes entassées dans les gradins de composer au moins un peu avec les engelures à défaut de pouvoir les oublier.

Pour une raison qui m’échappe encore quelques heures après le match, le Rouge et Or a cessé de courir au deuxième quart. Je veux bien croire qu’il avait alors le vent en poupe, mais quand tu comptes sur des athlètes aussi rapides et/ou créatifs et/ou incisifs que Maxime Boutin, Guillaume Rioux, Pascal Lochard et sur une ligne qui dominait depuis le début du match, tu cours, il me semble.

Comme Forest Gump! Tu cours et tu ne regardes pas en arrière…

Le Rouge et Or ne l’a pas fait assez.

Pis encore, Alexander Skinner s’est mis à transporter et à lancer dangereusement le ballon que le quart du Rouge et Or et ses receveurs se sont mis à échapper.

Tout ça pour dire qu’au lieu d’être beaucoup à très peu en faveur de Laval, le score était alors bien trop serré pour rien. Même si les Dinos étaient dominés dans tous les aspects du jeu et dans tous les volets statistiques, dans le volet le plus important, ils ne tiraient de l’arrière que 6-0 à la demie.

Et vous savez ce qui menace une équipe qui domine tous les aspects du match sauf le pointage? Elle tente la chance qu’une bévue ou un gros jeu de l’adversaire change le cours de la rencontre.

C’est exactement ce qui est arrivé.

Muselé en première demie, le quart Andrew Buckley a démontré la vitesse de ses jambes, la force et la précision de son bras et surtout sa capacité à bien lire le jeu au troisième quart.

En dépit du vent qui lui soufflait en plein visage, Buckley a complété une passe de 42 verges qu’il a suivie de quelques belles courses qui ont mené au premier touché de son équipe.

Au premier touché du match!

Buckley a aussi inscrit le deuxième touché du match.

Un touché dont le Rouge et Or a fait cadeau aux Dinos alors qu’une pénalité - trop de joueurs sur le terrain - a permis à Andrew Buckley de reprendre le ballon après une tentative de placement qui s’est transformée en premier jeu en raison de l’erreur de calcul des joueurs de Laval.

Duckley a su en profiter. Et lorsque qu’il a complété sa passe sur le flanc droit qui donnait l’avance 14-12 aux Dinos, le Stade Telus s’est tu d’un coup.

Exception faite des 20, 30 50 - je ne peux vous le préciser, car ils étaient non seulement de l’autre côté du terrain, mais dans la zone opposée - pères, mères, frères, sœurs et blondes des joueurs des Dinos, personne ne disait un mot dans les gradins.

Les gars déguisés à ma droite se sont mis à mordre leurs fausses tresses au lieu d’agiter les petits dinosaures en plastique qu’ils agitaient au bout d’un bâton depuis le début du match.

Les deux gars sur la gauche qui échangeaient des « high fives » avec quiconque était encore en mesure de lever les bras au ciel après le moindre jeu intéressant de leurs favoris se sont alors assis bien tranquilles.

On était loin, bien loin, de l’effervescence du début de match alors que quatre hélicoptères de la base de Valcartier - il y en a au moins quatre qui son en état de vol - et deux F-18 ont survolé le stade à très basse altitude pour donner le coup d’envoi à la grande fête à laquelle le Tout-Québec était convié.

Non seulement l’effervescence avait disparu, mais le doute s’installait.

Avec raison!

Les Dinos avaient alors le vent dans les voiles. Ils ont eux-mêmes baissé ces voiles en échappant bêtement un ballon après une autre belle passe complétée par leur quart.

Je ne me souviens pas qui a échappé le ballon.

Mais je peux vous assurer que c’est là que les Dinos ont échappé le match.

Et parce que le Rouge et Or a formé une équipe résiliente tout au long de la saison, parce que loin de dominer outrageusement comme ce fut le cas par les années passées, Laval s’est assuré de profiter des largesses de ses adversaires - parlez-en Danny Maciocia et ses joueurs des Carabins - la troupe de Glen Constantin est revenue dans le match.

Grâce au pied de Bede et grâce à sa domination au sol, la troupe de Constantin a repris le contrôle du terrain. Le contrôle du match. Le contrôle du tableau.

L’inquiétude qui régnait au troisième quart a été soufflée par le vent qui soufflait en même temps la belle petite neige qui s’était remise à tomber.

C’était de toute beauté.

Ç’aurait été bien plus beau s’il avait fait un brin ou deux moins froid, mais ça n’aurait pas été pareil.

Le Rouge et Or est champion. Encore!

Les partisans qui avaient besoin de bouger pour éviter de se faire amputer un orteil ici, un auriculaire là, un bout d’oreille là-bas ont pris d’assaut avant la fin du feu d’artifice qui a couronné cette autre conquête.

Ils ont célébré avec leurs favoris. Ils célèbrent sans doute encore…

Les pieds et les doigts trop gelés pour célébrer, j’ai plutôt trouvé refuge au chaud pour vous écrire ces quelques lignes avant de suivre de loin, le match qui oppose le Canadien aux Penguins.

Peu importe l’issue de cette rencontre, le Tricolore peut crier victoire. Car en gagnant d’abord mardi contre le Wild du Minnesota et vendredi à Washington, le Canadien a mis un terme à la glissade qui commençait à sentir la sortie de route.

Bonsoir de Québec. De la belle ville qui célèbre ce soir en rouge et or… et aussi un peu en blanc alors que la neige semble arrivée pour de bon.

Pas grave! La saison de football est maintenant terminée. Et elle s’est bien terminée!