Un classique avec deux saveurs différentes
Universitaire mercredi, 7 nov. 2018. 23:25 vendredi, 13 déc. 2024. 18:03MONTRÉAL – Parmi les classiques de l’automne québécois, il y a l’Halloween, la cueillette des pommes, le début de la saison du Canadien et l’affrontement éliminatoire entre les Carabins de l’Université de Montréal et le Rouge et Or de l’Université Laval.
La variété ne nuit jamais, mais ce classique ne se démode pas.
Les deux institutions croiseront donc le fer samedi après-midi pour une sixième année de suite dans le cadre de la coupe Dunsmore, la finale québécoise. Dans le coin bleu, on retrouve onze joueurs choisis sur l’équipe d’étoiles de la RSÉQ contre dix dans le coin rouge. Bref, la crème de la crème dirigée par des entraîneurs réputés.
Cette saison, le Rouge et Or a eu le dessus de manière extrêmement serrée autant à Montréal qu’à Québec avec des gains de 12 à 7 et 18 à 15 (en prolongation). Les hommes de Glen Constantin tenteront ainsi de vaincre leur éternel rival à trois reprises durant la même année pour la première fois depuis 2013.
C’est simple, les deux équipes se connaissent pratiquement par cœur, mais le chapitre de 2018 comporte une saveur différente. En effet, le Rouge et Or devra se méfier de l’éclosion du porteur de ballon Ryth-Jean Giraud qui s’est effectuée dans le dernier droit du calendrier.
C’est sûr qu’ils ont trouvé une nouvelle arme. Notre premier objectif sera évidemment de limiter leurs gains par la course. Si on réussit ça, leur attaque sera entre les mains de leur quart-arrière », a convenu le plaqueur défensif Vincent Desjardins qui a été sélectionné sur l’équipe d’étoiles du RSÉQ.
S’il souhaite, avec raison, cacher une partie de ses intentions pour cette rencontre. Danny Maciocia, l’entraîneur des Carabins, reconnaît que Giraud constitue un atout intéressant dans son jeu.
« Oui, il n’y a pas beaucoup de jeunes comme lui dans notre circuit. Pour nous, c’est une arme que tout le monde connaît maintenant. Ce sera très important de lui donner l’occasion de toucher le ballon une dizaine de fois samedi », a admis Maciocia sur cette recrue qui voulait d’abord évoluer comme demi défensif avec les Carabins.
Il serait tout de même très étonnant qu’un club l’emporte aisément. En additionnant le pointage des cinq confrontations précédentes en finale du RSÉQ, Laval ne domine que 84-80 au chapitre des points et 3-2 pour les victoires. Dans le monde politique, il faudra presque demander un recomptage.
On ne pouvait guère contredire les joueurs et les entraîneurs qui n’ont cessé de répéter que le résultat se décidera dans les détails et l’exécution. Chaque petite découverte devient plus que précieuse, mais ce n’est justement pas évident de trouver une nouvelle faille à exploiter d’un côté comme de l’autre.
« Ce qui est le plus important, c’est de très bien connaître notre adversaire. Présentement, c’est le cas avec les Carabins », a d’abord répondu Mathieu Bertrand, le coordonnateur des unités spéciales et entraîneur des centres-arrières chez le Rouge et Or.
« C’est difficile de jouer trois fois contre une équipe et parvenir à se renouveler. Il y a toujours des petites modifications que tu souhaites faire pour déstabiliser un peu l’adversaire durant le match, mais ça revient à orchestrer les bonnes confrontations, bien jouer techniquement en plus de conserver un haut niveau de discipline. On veut continuer à utiliser notre recette gagnante depuis le début de l’année. Je ne pense pas qu’on va changer tant de choses », a-t-il ajouté.
On peut tout de même assumer que les entraîneurs du camp lavallois ont passé bien du temps pour trouver une manière produire davantage offensivement contre les Carabins. Au terme du dernier match, le quart-arrière Hugo Richard déplorait que son unité n’ait pas été en mesure de plus capitaliser.
« Que ce soit contre Ryth-Jean, Louis-Mathieu (Normandin) ou Régis (Cibasu), je sais que notre défense aura un bon plan de match pour les contrer. Mais on ne peut pas se permettre de marquer peu de points. Dans les derniers matchs contre eux, on a été chanceux de se sauver avec la victoire sans compter bien souvent. Cette fois, c’est un match avec un peu plus d’enjeu donc on devrait produire un peu plus », a maintenu le quart-arrière de cinquième année qui sait bien que les Carabins n’ont alloué que deux petits touchés en 2018.
Le Rouge et Or a prouvé plus d’une fois qu’il peut accomplir de grandes missions, mais les Carabins se sentent particulièrement en confiance avec cette défense impressionnante.
« On a changé beaucoup de choses depuis l’an passé. On a investi quatre à cinq mois de travail sur des recherches avec des entraîneurs de la LCF et des contacts aux États-Unis. On a adopté certaines stratégies dont pour déguiser des couvertures ou des fronts. Ça nous a aidés énormément. Au final, notre défense est bien plus simple dans le sens qu’on fait moins de choses, mais on les fait très bien. Parfois, quand on est en défense, c’est comme si on était en attaque avec tous les points comptés », a expos Maciocia.
Hugo Richard ne veut pas conclure sur une défaite
Le demi-défensif Marc-Antoine Dequoy a directement participé à cette production. Lui et ses partenaires devront trouver une manière de contenir l’attaque dirigée par Richard.
« C’est sûr qu’avec un quart de cinquième année, tu ne t’attends pas à ce qu’il fasse beaucoup d’erreurs. On se prépare pour son meilleur rendement, mais on veut lui opposer notre meilleure défense. S’il commet des erreurs, il faut en profiter », a déclaré Dequoy.
« Ça fait longtemps qu’on joue contre lui. On sait que c’est un excellent quart-arrière et si on ne parvient pas à le contenir, il peut nous faire vraiment mal », a ajouté le joueur de ligne défensive Karl Prévost.
Mais personne chez le Rouge et Or ne veut laisser tomber Richard. La possibilité que son parcours universitaire se termine représente l'autre saveur différente.
« C’est sûr qu’on y pense tout le temps un peu. Il a fait ses preuves et il a vraiment atteint le niveau souhaité, on est vraiment confiants avec lui au poste de quart. On ne peut que s’imaginer des scénarios positifs quand il est aux commandes de notre attaque. On serait bien heureux de se rendre jusqu’à la coupe Vanier avec lui pour sa dernière année », a souhaité Desjardins.
En cinq ans à Laval, Richard s’est établi comme l’un des meilleurs quarts issus du Québec. Il se dit avant tout fier des succès de sa troupe, mais il ne pourra pas éviter de penser à son chapitre personnel.
« Si je perds, ma carrière universitaire est terminée. C’est certain que c’est omniprésent, mais j’essaie de ne pas trop y penser. Je veux vraiment mettre toutes les chances de notre côté pour que ça ne soit pas mon dernier match », a-t-il conclu.