Il n'est pas celui qui fait le plus de bruit à l'extérieur du terrain de football. Mais lorsqu'il s'aligne à sa position de maraudeur, à douze verges du quart-arrière adverse, Nicholas Arsenault-Hum sait faire sentir sa présence.

Nommé recrue défensive de l'année chez les Stingers de Concordia il y a deux ans, puis sur l'équipe d'étoiles de la conférence québécoise l'an dernier, il s'apprête à entamer sa troisième saison au football universitaire.

Son prochain objectif? «Après l'équipe d'étoiles, je voudrais être All Canadian. Il faut que je me fixe un objectif plus haut d'année en année.»

Portrait d'un maraudeur aux yeux bridés, très discret, mais qui risque fort de faire parler de lui au cours des prochaines années!

Un maraudeur physique, aux origines asiatiques

Nicholas Arsenault-Hum se fait appeler Jin, par ses coéquipiers des Stingers de Concordia. Un surnom qui fait référence à un rappeur asiatique dont les vidéos font un malheur, sur Youtube. Comme lui, Arsenault-Hum a des origines chinoises. Son père a immigré au Québec avec sa famille lorsqu'il avait une dizaine d'années.

Et si les rimes de Jin sont souvent violentes et bien placées, les coups d'épaules et de casque de Nicholas le sont tout autant, sur le terrain.

Attrapé au vol entre une séance d'athlétisme et un entraînement en salle de musculation, le demi de sûreté de 21 ans semble en grande forme, en vue de la prochaine saison.

Ça tombe bien, puisque c'est par le côté physique de son jeu, que le numéro 18 se distingue. S'il n'est pas le plus rapide (4,7 secondes au 40 verges), il ne déteste pas punir les receveurs qui osent s'aventurer dans son territoire. Comme maraudeur, il a souvent la responsabilité de surveiller le milieu du terrain, dans les zones profondes.

«Je protège mon milieu, ça c'est sûr. J'aime réussir des interceptions, mais si j'ai le choix, je préfère quand même faire un plaqué percutant, pour envoyer un message à l'autre équipe.»

Lorsqu'il affirme cela, tout calmement, avec un petit sourire en coin et des étincelles dans les yeux, on ne peut faire autrement que de le croire sur parole.

Parlez-en à l'électrisant receveur Steven Turner, des Gaiters de Bishop's.

«Les deux receveurs intérieurs couraient un tracé en ligne droite, en plein milieu du terrain. J'ai triché vers la gauche, sachant que c'est vers la droite, que le quart Jesse Andrews allait lancer. Quand la passe a été faite, j'ai sprinté vers Turner, il a levé le bras pour essayer d'attraper le ballon, et j'ai placé mon casque sous son menton. Ses deux pieds ont levé des airs…»

Du succès, de Winnipeg à Miami

Lorsqu'on lui demande quels sont ses plus beaux souvenirs de football, jusqu'à présent dans sa carrière, la réponse lui vient sans aucune hésitation.

«Avec Team Canada, on a battu les États-Unis, en Floride, lors du Championnat Mondial Junior, c'était incroyable. Gagner le Bol d'Or avec les Spartiates du Vieux Montréal, c'était spécial. Et d'aller gagner le championnat canadien à Winnipeg, avec Team Québec, c'était quelque chose, aussi!»

C'est d'ailleurs en jouant pour les équipes du Québec et du Canada, que l'athlète de 6 pieds et près de 200 livres a appris à connaître le coordonnateur défensif des Stingers, Warren Craney.

«J'ai tout de suite aimé son style de défensive, et je crois qu'il a un système qui m'avantage. Il me laisse couvrir le milieu du terrain, on est souvent en couverture 3.»

Comme maraudeur, Arsenault-Hum est un peu le quart-arrière de la défensive. Une tâche qui lui convient parfaitement.

«Je ne dois pas seulement savoir ma responsabilité, avant chaque jeu, mais celle des 12 joueurs de la défensive. Je dois aussi reconnaître la formation offensive de l'autre équipe, et faire un ajustement de la couverture, s'il y a lieu. Ça fait beaucoup de choses à penser en quelques secondes, mais j'aime ça! »

C'est également lui qui est le dernier joueur de la défensive, la bouée de sauvetage. En ce sens, lors d'un long touché de l'offensive adverse, c'est souvent qu'il n'a pas fait son travail.

Il a d'ailleurs bien en mémoire la dernière finale de la conférence québécoise, où il a raté plusieurs fois ses angles de poursuite sur le porteur Sébastien Lévesque, du Rouge et Or. Ce jour là, le porteur de première année avait fait (très!) mal paraître la défensive des Stingers, amassant 268 verges et trois touchés. Des courses de 51, 47, et 90 verges.

«Je t'avoue que je l'ai pris un peu personnel. Cet été, je travaille beaucoup ma vitesse, et je garde toujours ce match-là en tête.»

Repose en paix, Ricky…

Avant de terminer l'entretien, Nicholas a glissé un mot sur la mort de son coéquipier, Ricky Zieba, décédé en juin dernier, des suites d'un accident de voiture.

«Ça laisse un gros espace vide, dans l'équipe, raconte-t-il, visiblement ému. C'était vraiment un grand leader, qui cherchait toujours à s'améliorer…

«Il va être avec nous, cette saison. Et chaque match, c'est pour lui qu'on va vouloir le gagner!»