Le Rouge et Or de l'Université Laval est à un match de son objectif de début de saison. En effet, si l'équipe parvient à battre les Golden Gaels de l'Université Queen's, samedi à Kingston, elle prendra part au match de la coupe Vanier pour une cinquième fois au cours des sept dernières années. Surtout, comme la grande finale canadienne sera présentée au PEPS de l'Université Laval pour la toute première fois, ce serait pratiquement une honte si les champions québécois n'étaient pas de la fête.

Pourtant, rien n'est gagné d'avance. Le quart-arrière Benoît Groulx nous racontait après le match de la semaine dernière que ses deux seules défaites en éliminatoires, au niveau universitaire, sont survenues dans des situations similaires. Des demi-finales canadiennes qui se déroulaient à l'extérieur du Québec. En 2005, c'était contre les Huskies de la Saskatchewan, à Saskatoon. En 2007, c'était contre les Huskies de Saint-Mary's, à Halifax.

Il faut savoir qu'on décide du lieu des deux demi-finales nationales, appelées coupe Mitchell et coupe Uteck, avant le début de la saison. Les équipes et les villes hôtes sont déterminées par un système d'alternance.

L'avantage du terrain n'a donc rien à voir avec le classement. Logique, puisque les le Rouge et Or et les Gaels n'ont pas du tout joué contre les mêmes équipes, cette saison. Difficile, dans ce cas, de comparer des statistiques obtenues contre des formations complètement différentes.

Tout ça pour dire que les hommes de Glen Constantin savent très bien qu'ils n'ont encore rien gagné. Les vétérans savent également que ce n'est pas facile de gagner sur un terrain qu'on ne connait pas.

En plus, les adversaires du Rouge et Or ne sont pas les derniers venus. Loin de là! Ils comptent notamment sur l'un des meilleurs passeurs de l'histoire du football canadien. En ce sens, la confrontation entre Benoît Groulx et son vis-à-vis Dan Brannagan devrait être spectaculaire. Ce dernier vient d'ailleurs de connaître un match exceptionnel, la semaine passée, lors de la finale ontarienne. Opposé à un autre des grands quarts de l'histoire canadienne, Michael Faulds, Brannagan a amassé un peu plus de 500 verges de gain en plus de réussir cinq passes de touché.

On s'attend à ce qu'il rencontre un peu plus de difficulté contre la défensive du Rouge et Or, qui est de loin la meilleure au Canada. Statistiquement, en tout cas. C'est d'ailleurs possiblement là que la rencontre va se décider.

Avec deux offensives qui ont inscrit des points à la tonne, cette saison, on se dit que c'est peut-être la performance des défensives qui sera primordiale. On prend pour acquis que la rencontre sera ponctuée de plusieurs gros jeux à l'attaque et qu'il devrait y avoir beaucoup de points au tableau indicateur. Dans un tel contexte, l'équipe qui sortira victorieuse risque d'être celle qui saura éviter les erreurs. Une passe interceptée retournée pour un touché, ou un majeur sur les unités spéciales pourrait bien faire la différence, au bout du compte.

Quelle confrontation intéressante, quand même, entre l'offensive par la passe des Gaels, et la tertiaire du Rouge et Or. Les Ontariens ont terminé la saison au deuxième rang canadien avec une moyenne de presque 350 verges aériennes par match. Les hommes du coordonnateur défensif Marc Fortier ont quant à eux complété la saison au tout premier rang pour le nombre de verges aériennes accordées par rencontre (162). En quelque sorte, ce sera la force des deux équipes qui sera directement opposée.

Il faudra notamment surveiller le receveur Scott Valberg, qui est la cible favorite de Brannagan. Le numéro 82 a terminé premier au pays pour le nombre de verges, parmi les receveurs. Avec ses six pieds deux pouces et 200 livres, il n'est pas facile à couvrir.

Une autre confrontation qui sera déterminante sera celle entre la ligne défensive du Rouge et Or et l'énorme ligne offensive des Gaels. On vous dirait de garder un œil sur le bloqueur à gauche, Matthew O'Donnell. Mais avec ses six pieds dix pouces(!) et 318 livres, même si vous vouliez le manquer, ce serait impossible. Devant une ligne aussi imposante, le front défensif lavallois devra utiliser sa vitesse. Il sera difficile de se rendre à Dan Brannagan, qui en plus d'être protégé par cinq mastodontes, décoche ses passes très rapidement. L'essentiel sera donc de le déranger dans sa poche protectrice, et de le frapper solidement une fois ou deux, pour le sortir de sa zone de confort.

On a hâte de voir si Marc Fortier et Glen Constantin vont y aller de nombreux blitzs et de mouvement sur la ligne défensive. Parce que comme Benoît Groulx, le numéro 5 de Queen's est le genre de quart qui peut s'amuser à découper une défensive en morceau, lorsqu'on lui donne du temps.

Finalement, le duel mettra aux prises deux des bons botteurs au pays, en Christopher Milo (Laval) et Dan Village (Queen's). La finale de la coupe Dunsmore, la semaine dernière, nous a rappelé à quel point les unités spéciales et le positionnement sur le terrain pouvaient être primordiaux, dans un match de football. Surtout à trois essais.

Une coupe Uteck émotive

L'autre demi-finale canadienne, entre les Huskies de Saint-Mary's et les Dinos de Calgary, sera teintée de beaucoup, beaucoup d'émotion. Pourquoi? D'abord, l'entraîneur-chef des Dinos, Blake Nill, a longtemps travaillé pour les Huskies, avant de prendre le chemin de Calgary, en 2006. Il a en effet occupé le poste d'entraîneur-chef de Saint-Mary's pendant huit ans. Aller jouer sur son ancien terrain, mais dans le rôle de l'ennemi, ce n'est pas évident.

Mais ce n'est pas tout. Le quart-arrière partant des Dinos, Erik Glavic, est aussi bien connu, sur le campus de l'Université Saint-Mary's. Il a passé ses quatre premières années universitaires à jouer pour les Huskies. C'est d'ailleurs avec lui au poste de quart que l'équipe a atteint la Coupe Vanier, en 2007. Par contre, il n'avait pu prendre part à la finale, en raison d'une blessure à un genou. Cette année-là, il avait d'ailleurs reçu le trophée Hec Creigton, remis au joueur par excellence au pays, toutes positions confondues.

C'est comme si Benoît Groulx avait décidé, après sa saison 2008, de quitter le Rouge et Or et d'aller jouer pour une équipe ontarienne. Imaginez l'accueil qu'il recevrait s'il devait affronter Laval en demi-finale canadienne, au PEPS.

Bref, les deux rencontres risquent d'être enlevantes. Et quoi qu'il arrive, les deux équipes qui se rendront à la Coupe Vanier n'auront pas volé leur place. Les quatre formations en présence n'ont perdu qu'une fois en saison régulière. C'est donc la crème de la crème du football universitaire canadien, qui sera en action samedi.

On avouera, quand même, qu'on serait bien déçu si le Rouge et Or n'était pas de la partie, la semaine prochaine, sur son terrain. Pas vous?