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RÉSULTATS

Shakeel Phinn en donne pour son argent contre Erik Bazinyan dans un verdict nul partagé

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Les combats locaux de haut niveau peuvent parfois s'avérer de véritables boîtes à surprises et c'est exactement ce qui s'est passé pendant l'affrontement entre Erik Bazinyan et Shakeel Phinn.

Au terme d'un des meilleurs combats à avoir été présentée au Québec ces dernières années, les juges ont en effet été incapables de trancher et ont rendu un verdict nul partagé, jeudi soir, en finale d'un gala d'Eye of the Tiger organisé à guichets fermés au Cabaret du Casino de Montréal.

Pasquale Procopio a d'abord remis une carte de 97-93 en faveur de Phinn, John Woodburn a suivi avec une de 96-94 à l'avantage de Bazinyan, puis Nicolas Esnault a conclu avec une de 95-95 qui témoignait parfaitement de l'allure de l'affrontement. RDS.ca avait aussi un verdict nul de 95-95. 

Mais ce résultat avait cependant des allures de défaite pour Bazinyan (32-0-1), qui était favori à près de cinq-contre-un. Classé 3e à la WBA, 3e au WBC, 7e à l'IBF et 3e à la WBO chez les poids super-moyens, le Lavallois d'origine arménienne aurait normalement dû l'emporter haut la main.

« Je suis vraiment déçu de ce qui s'est passé, a lâché un Bazinyan complètement dépité. Je n'ai pas le choix de donner le crédit à mon adversaire, mais ce n'était pas ma soirée. Je sais très bien que je suis capable de faire mieux. Je suis déçu. Je n'ai pas grand-chose à dire en ce moment... »

À la fois fier et désappointé, Phinn (26-3-2) était quant à lui convaincu d'avoir gagné. Galvanisé par ses nombreux et bruyants partisans, le Brossardois d'origine jamaïcaine a certainement offert – et de loin même – la prestation la plus inspirée depuis le commencement de sa carrière.

« C'est probablement le résultat le plus frustrant [de ma carrière], parce que c'était mon combat le plus important, a soupiré Phinn (26-3-2) à sa sortie du ring. Je suis certain que je lui ai infligé sa première défaite en carrière. Je pense vraiment que j'ai gagné ce combat-là. C'est la boxe... »

Phinn s'en voulait notamment de ne pas avoir su arrêter Bazinyan alors qu'il en avait l'occasion au neuvième et avant-dernier round, alors qu'il avait ce dernier dans les câbles. « Quand l'arbitre (Martin Forest, NDLR) m'a parlé dans le vestiaire avant le combat, il m'a dit que s'il voyait cinq-six coups et qu'il n'y avait pas de réponse, il arrêterait le combat, a mentionné Phinn. J'ai lancé dix coups et il ne s'est rien passé. Je pensais que c'était fini. J'ai été un peu fatigué à cause de cela. »

« [Si l'arbitre avait arrêté le combat au neuvième] je n'aurais pas été content. Les gars étaient fatigués, mais il n'y a eu personne en danger pendant ce combat-là, a répondu l'entraîneur de Bazinyan, Marc Ramsay. On s'attendait à un combat difficile. Les gens connaissaient très peu Shakeel, mais c'est quelqu'un que j'observe depuis longtemps. Je savais que ça serait compliqué.

« Je n'ai jamais menti à Erik par rapport à ça. Je l'avais préparé mentalement pour un combat qui allait être dur et c'est qu'on a eu. On va essayer de comprendre ce qui s'est passé. Erik s'est engagé rapidement dans le combat et c'est devenu physique très rapidement et ce n'était peut-être pas à son avantage. Je pense qu'Erik est un boxeur plus complet, mais ça reste à prouver... »

Le plus grand exploit de Phinn a clairement été de maintenir un rythme endiablé pendant la quasi-totalité du combat, ce qui a empêché Bazinyan de le tenir à distance malgré un jab qui a souvent été efficace. Phinn a ainsi pu placer sa grosse main arrière en de nombreuses occasions.

« Je pense que j'avais juste plus de cœur, plus de force de frappe ce soir, a analysé Phinn. Dans le ring, c'est toujours moi qui en faisais plus. Vous avez vu son visage? Je n'ai pas encore vu le mien, mais je suis sûr que je ne suis pas si mal. Je l'ai coupé dès le deuxième round avec une droite. »

« Je n'ai pas senti de coup qui m'a ébranlé pendant tout le combat, s'est défendu Bazinyan. Je ne cherche pas d'excuses, mais je ne l'avais tout simplement pas ce soir. Je ne suis évidemment pas content de mon combat. Je dois me relever les manches et continuer à travailler au gymnase. »

Nul doute qu'un deuxième chapitre à cette rivalité ferait le délice des amateurs, mais Phinn ne se berce pas d'illusions : personne chez Eye of the Tiger n'a intérêt à lui offrir une telle chance.

« Si [le promoteur] Camille [Estephan] me propose un deuxième combat, je l'accepte demain matin, a-t-il affirmé. Mais ce n'est certainement pas une bonne chose pour eux. Il est classé, pas moi. Ils ont tout intérêt à me laisser dans le fond. Tout ce que je veux, c'est un autre combat tough pour remontrer dans les classements. J'espère que je vais me retrouver dans le top-10. » 

« Les vrais champions sont capables de se regarder dans le miroir et savent ce qu'ils doivent travailler à leur retour dans le gymnase. Si tu vois ça d'une autre manière, tu n'as pas d'affaire dans la boxe, a conclu Ramsay. [Les combats comme celui de ce soir] ça fait partie du métier. »

Plus que jamais depuis le commencement de sa carrière, la balle est entre les mains de Bazinyan.

Des retours remarqués pour Martin Duval, Chabot et Gaumont

Inactifs depuis plusieurs mois, Avery Martin Duval (11-0-1, 7 K.-O.), Thomas Chabot (10-0, 8 K.-O.) et Alexandre Gaumont (10-0, 7 K.-O.) ont tous ajouté une victoire à leur fiche en disposant de leur adversaire respectif avant la limite. Disputant un premier combat depuis le 1er juin 2023, Martin Duval a été par moments arrogant, mais toujours très efficace contre Ezequiel Palaversic (8-3-1), qu'il a battu par arrêt de l'arbitre à 2:15 du 4e round. Ennuyé par un nerf coincé au cou ces derniers temps, le super-plume montréalais n'a pas paru incommodé face à son adversaire argentin. « The Future » s'est notamment permis de le narguer à quelques reprises à cause de la faible opposition offerte par Palaversic, qui est tombé après une rafale de coups précis à la tête.

Également à l'écart depuis le 1er juin dernier, Chabot en a eu plein les bras avec Alfredo Jimenez Espino (6-2-1) avant de lui passer le knock-out à 1:42 du 5e round. Le super-plume de Thetford Mines semblait pourtant se diriger vers un gain facile après avoir envoyé le Mexicain au plancher au 2e round, mais ce dernier n'a jamais abandonné et a même été en mesure d'échanger coup pour coup par la suite. Chabot a ultimement pris le large au 5e assaut en resserrant sa défense et en bougeant la tête, ce qui lui a permis d'ouvrir la machine pour renvoyer son adversaire au tapis. Le Québécois s'est dit satisfait de sa prestation – sa première sous les ordres de son nouvel entraîneur Laszlo Marien –, mais a reconnu qu'il était extrêmement rouillé et souvent hésitant.

Quant à Gaumont, qui ne s'était pas battu depuis septembre 2023 en raison d'une blessure dont la nature n'a jamais été dévoilée et qui a nécessité une opération, il s'est aisément débarrassé du Tanzanien Addallah Luanja (17-12-2) en le stoppant à 1:56 du 2e round pour l'emporter par arrêt de l'arbitre. Le poids moyen originaire de Buckingham a fait ce qu'il voulait de son adversaire qui se battait de ce côté-ci de l'Atlantique pour la première fois avant que l'arbitre Steve St-Germain décide que le carnage avait assez duré. Gaumont sera de retour dans le ring dans un peu plus de trois semaines, alors qu'il sera de la sous-carte du gala qu'Eye of the Tiger tiendra à Shawinigan.

En lever de rideau, Moreno Fendero (5-0, 4 K.-O.) est devenu le deuxième boxeur seulement à battre Nicolas Luque Palacios avant la limite en l'emportant par arrêt de l'arbitre à 1:26 du 6e round. Le super-moyen montréalais d'originaire français a envoyé son adversaire argentin au tapis à deux reprises – une première fois au troisième round et une deuxième dans la première minute du sixième round – avant que l'arbitre Steve St-Germain ne mette un terme aux hostilités alors que Palacios essuyait une rafale de coups. La victoire pourrait toutefois être coûteuse pour Fendero, car il a semblé se blesser très sérieusement au biceps droit lors du quatrième assaut. Des examens plus approfondis devraient permettre de connaître la nature exacte de sa blessure.

Finalement, Jhon Orobio (8-0, 8 K.-O.) a amorcé une série de trois combats en l'espace de cinq semaines de la meilleure des façons en envoyant Cristian Palma (33-15-2) trois fois au plancher avant d'être déclaré vainqueur par knock-out technique à 2:46 du 2e round. Orobio a fait vivre l'enfer à Plama dès le round initial, puis a enregistré deux chutes au tapis au deuxième avant que le Chilien ne l'atteigne en dessus de la ceinture, ce qui a forcé la suspension des hostilités. À la reprise, le poids plume montréalais d'origine colombienne s'est rué sur Palma et a réglé son cas. Orobio disputera son prochain duel le 25 mai à Shawinigan, puis le suivant le 6 mai à Montréal.