Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Cette maxime de Jean de La Fontaine s’applique parfaitement à Isabelle Charest. Contrairement à de nombreux athlètes, l’ancienne patineuse de vitesse a commencé tardivement à pratiquer son sport, pour éventuellement devenir l’une des plus grandes patineuses de vitesse de l’histoire.

La native de Rimouski a suivi les traces de sa sœur Nathalie, enfilant les patins à l’âge de 12 ans après un déménagement à Montréal.  Le sport rapproche les deux sœurs qui pratiquent régulièrement le patinage de vitesse. C’est en se joignant au club de patinage Montréal International qu’Isabelle a eu un premier contact avec Nathalie Lambert, qui deviendra sa coéquipière et sa meilleure amie.

« Isabelle n’était pas la plus travaillante, mais techniquement elle était très bonne.  L’autre chose que j’ai remarquée, et qui m’a plu tout le long de sa carrière, c’est sa joie de vivre. C’est un rayon de soleil dans un groupe. »

Charest s’intègre rapidement dans l’équipe, mais en 1990, lors des essais pour les Jeux du Canada, sa résilience est mise à rude épreuve lors d’un événement traumatisant. Charest et sa coéquipière Christine Boudrias font une vilaine chute sur la glace. Le patin de Charest inflige une coupure à une fesse sectionnant une artère de Boudrias. Comme dans un film d’horreur, une mare de sang s’étend sur la glace. La blessure est très grave et Boudrias fait un arrêt cardiaque. On craint alors pour sa vie. Même si c’est un bête accident, un sentiment de culpabilité envahit Charest qui se remet en question. Heureusement, Boudrias s’en sort et débute rapidement sa réhabilitation. Plus de trente ans après cet incident marquant, Charest en parle encore avec beaucoup d’émotions.

« Pour moi c’était important de faire partie de la réadaptation de Christine. Je suis devenue un peu comme sa grande sœur. Et ça m’a réconcilié avec la situation. »

La suite est très déterminante pour la carrière de Charest qui ne parvient pas à se qualifier pour les Jeux olympiques de 1992, à Albertville en France. Elle réalise qu’elle s’est un peu trop fiée sur son talent. C’est donc à partir de son domicile et sur son téléviseur qu’elle regarde impuissante ses coéquipières remporter l’or.

« Ça a été excessivement difficile de regarder les filles gagner l’or parce que je considérais que j’aurais pu être là. »

Déterminée à ne pas demeurer une actrice dans un second rôle, Charest est fouettée par cette expérience qui représente la touche finale manquante dans le film de sa carrière ainsi qu’un point tournant dans sa vie.

Après la pluie, le beau temps! À partir de 1993, les succès commencent à s’accumuler sur la scène internationale et Charest est à son apogée : elle devient la meilleure patineuse de vitesse au Canada.

Gonflée à bloc lors des championnats du monde en 1997 à Nagano, elle remporte l’or au 500m. Sa performance l’élève au rang de favorite pour le JO de Nagano en 1998 où elle n’a qu’un seul objectif : gagner l’or. Sauf qu’en finale, les choses ne se passent pas comme prévu et une chute l’impliquant avec une autre patineuse provoque sa disqualification.

Démolie en raison de sa performance, Charest pleure dans les bras de Nathalie Lambert qui a les bons mots pour consoler son amie. Pendant que Charest se fait consoler, sa voisine Annie Perreault jubile puisque c’est elle qui met la main sur l’or. Après les Jeux, Charest prend une année sabbatique avant de remettre les pieds sur les patinoires. Elle décide ensuite que les JO de 2002 seront ses derniers, car elle fondera une famille avec son mari, le joueur de football Steve Charbonneau qui évolue alors dans la LCF. Les deux athlètes auront trois enfants ensemble.

En 2017, Charest revient à l’avant-scène alors qu’elle est nommée par le Comité Olympique Canadien (COC) à titre de cheffe de mission de l’équipe olympique canadienne pour les JO de 2018 à PyeongChang. Cette expérience lui donne les atouts nécessaires pour se lancer en politique.

À l’été 2018, le Premier ministre du Québec François Legault convainc Charest d’accepter le poste de ministre déléguée à l’Éducation. Tout comme elle le faisait en tant qu’athlète, Charest carbure toujours aux défis. Sa motivation en politique est de pouvoir donner aux jeunes afin qu’ils s’épanouissent et vivent leur rêve. Et les jeunes ont devant eux un bel exemple de persévérance.

Palmarès d’Isabelle Charest sur la scène internationale :

3 médailles olympiques (1 Argent, 2 Bronze)

7 médailles aux Championnats du monde (3 Or, 2 Argent, 2 Bronze