LUXEMBOURG (AFP) - L'ancien grand champion cycliste luxembourgeois Charly Gaul, qui aurait eu 73 ans jeudi, est décédé mardi vers midi des suites d'une embolie pulmonaire à l'hôpital de Luxembourg, a annoncé RTL Radio Luxembourg.

L'ancien champion, sacré sportif luxembourgeois du siècle en 1990, avait été hospitalisé à la suite d'une chute dans sa maison d'Itzig (10 km de Luxembourg).

Charly Gaul est décédé vers midi mardi, a précisé RTL radio luxembourg.

Vainqueur du Tour du Luxembourg en 1956, 1959 et 1961, Gaul remporta deux Tours d'Italie, en 1956 et 1959, ainsi que le Tour de France en 1958.

Il était marié et avait une fille.


Son histoire

Charly Gaul, décédé mardi à Luxembourg à l'âge de 72 ans des suites d'une embolie pulmonaire, était surnommé l'archange de la montagne depuis qu'il avait signé dans les années 1950 de fabuleux exploits dans le Giro et le Tour de France cycliste.

Le Luxembourgeois, né le 8 décembre 1932 à Luxembourg-Pfaffenthal, a gagné les deux plus grandes courses par étapes mais il a surtout marqué l'histoire de son sport par sa résistance exceptionnelle aux éléments hostiles.

Son chef d'oeuvre absolu remonte au Tour d'Italie 1956. Au départ de l'étape du Monte Bondone, il occupe la onzième place du classement général. A l'arrivée, dans la tempête de neige qui a saisi la région de Trente, il est devenu un mythe. A moitié mort de froid, les pieds et les mains bleuies, le visage vieilli, il a gagné la course.

"Ce jour-là", écrivit Jacques Goddet (l'organisateur du Tour décédé en 2000) quand il fut invité à retenir les dix exploits du siècle, "on a dépassé tout ce que l'on avait déjà vécu en douleurs, en souffrances et en difficultés. Lancer des hommes en pleine montagne, sous la neige, en tenue de cycliste, c'est déjà quelque chose d'anormal, mais là, c'était vraiment démentiel".

Il aimait la pluie

L'année suivante, Gaul perd le Giro de manière stupide. Pour satisfaire un besoin naturel, il pose le vélo au pied d'un arbre et ses adversaires, les Français Louison Bobet en tête suivi par Raphaël Géminiani, en profitent pour passer à l'attaque et le distancer de dix minutes.

Furieux, le champion luxembourgeois avertit alors "Gem": "N'oublie pas que je suis un ancien garçon boucher, je ferai la peau à votre Bobet !" Cette déclaration fit couler un flot... d'encre mais Charly, au tempérament paisible, laissa son couteau au vestiaire.

D'apparence faussement fragile (1,73 m, 64 kg), ce grimpeur phénoménal était transcendé par les mauvaises conditions météorologiques qu'il supportait mieux que les autres. C'est sous la pluie diluvienne des Alpes qu'il forgea son succès dans le Tour 1958, quand un pur grimpeur s'imposa pour la première fois dans l'histoire de la Grande Boucle.

Cette année-là, Gaul s'impose aussi dans le Ventoux, escaladé contre-la-montre, et dans deux autres étapes chronométrées. Entre Briançon et Aix-les-Bains, il survole la Chartreuse sous l'orage pour mettre KO Géminiani, le chef de file de l'équipe Centre-Midi, qui lance à l'arrivée sa phrase fameuse à l'égard des coureurs de l'équipe de France: "Ah, les Judas !"

Pantani pour héritier

Dans les Alpes ou les Dolomites, les coups de pédale de Gaul sont d'une telle agilité qu'ils paraissent contre nature.

"Le regard triste et timide, empreint d'une insondable mélancolie, il donne l'impression qu'un dieu méchant l'a contraint à exercer, au milieu d'hommes forts et implacables, ce fichu métier", devait écrire un chroniqueur.

Révélé à l'âge de 20 ans par sa deuxième place au Critérium du Dauphiné (1953), Gaul a souvent payé son isolement dans le Tour de France qui se disputait à l'époque par équipes nationales. Il a toutefois enlevé dix étapes en dix participations et deux Grands Prix de la montagne (1955 et 1956).

Vainqueur encore du Giro en 1959, ce merveilleux coureur, allergique aux grosses chaleurs, se retire définitivement du peloton en 1965. Les bruits les plus fous courent alors sur son compte. Mais Gaul, devenu un ermite, n'en a cure. Il s'isole dans la forêt et perd totalement le contact avec le cyclisme.

Le plus grand champion qu'ait compté le Luxembourg était réapparu au début des années 1990 sur les courses. Il avait une affection particulière pour le grimpeur italien Marco Pantani (lui-même décédé en février 2004), le seul en qui il reconnaissait un possible héritier.