MADRID (AFP) - En coupant la tête à la surprise générale à deux de ses barons, l'entraîneur Vicente Del Bosque et le capitaine Fernando Hierro, le Real Madrid a accompli une révolution surprise afin d'offrir un visage et une philosophie différents en 2003-2004.

"Le haut-niveau est cruel car la performance réclame la cruauté. Je ne m'offusquerai pas si on ne prolonge pas mon contrat", affirmait récemment Vicente Del Bosque, éconduit au lendemain du 29e titre de champion d'Espagne du Real.

L'entraîneur avait relancé une équipe en plein doute en novembre 1999 pour remporter deux championnats et deux Ligues des Champions. Fernando Hierro, le capitaine présent au club depuis 14 ans et plus beau palmarès du soccer espagnol, a été lui aussi viré sans ménagement.

Du point de vue du Real, la décision peut se comprendre. "Il vaut mieux changer après des triomphes qu'après des défaites", a affirmé mardi le président Florentino Perez.

Choix tactiques critiqués

Après trois saisons et demi au club, Del Bosque était sans doute "à la fin d'un cycle et donnait des signes d'essoufflement. Son système, plus traditionnel, a fait ses preuves mais nous estimons qu'il faut désormais un entraîneur qui a un bagage plus technique et plus tactique".

"Nous ne voulons pas d'un entraîneur étoile", a précisé M. Perez. Le nouvel entraîneur devra être capable d'organiser l'équipe pour qu'elle génère du jeu tout en sachant rester discret. Carlos Queiroz, l'entraîneur portugais adjoint de Ferguson à MU, "a inconstesteblement le profil recherché", a confié M. Perez. Les Espagnols Victor Fernandez ou Juan Manuel Lillo, le Français Paul Le Guen ont également été cités par la presse.

En ne prolongeant pas Fernando Hierro, les dirigeants du Real Madrid ont également délivré un message fort: Florentino Perez et Jorge Valdano entendent bien rester les maîtres du club et ne veulent pas voir les joueurs prendre le pouvoir.

Si Ronaldo s'est bien intégré, la mise à l'écart de Morientes avait été mal acceptée en septembre et l'annonce de l'arrivée de Beckham n'a pas contribué à combler un fossé grandissant entre joueurs et direction. Le boycottage du deuxième tour d'honneur dimanche soir au stade et l'ambiance tendue lors du repas du titre ont énervé les dirigeants et, peut être, fait pencher la balance en défaveur de Hierro. "Ce qui s'est passé dimanche ne m'a pas plu du tout", a affirmé M. Perez.

Place nette

Mais la mise à l'écart répond également à des besoins impératifs. Sur le plan sportif, le capitaine avait montré ses limites ses dernières années et il était urgent de changer de charnière. Vu le poids de Hierro dans le vestiaire, cela aurait été un cadeau empoisonné au nouvel entraîneur de laisser le capitaine en place. Place nette a été faite.

De plus, même si le Real Madrid se veut un des clubs les plus riches du monde, il n'est plus question d'entretenir à prix d'or des "barons" comme Hierro qui n'auraient plus le niveau. Ses 4 millions d'euros de salaire annuel seront réinvestis dans un nouveau défenseur qui devrait arriver dans les jours qui viennent. Les Argentin Milito (Independiente), Samuel (AS Rome), Heinze (PSG), le Brésilien Lucio (Bayer Leverkusen) ou le Français Philippe Mexes (Auxerre) pourraient ainsi débarquer.

L'effectif du Real ne devrait donc pas être bouleversé en arrivées mais comme le souligne Jorge Valdano, directeur du club, "quand on ne change pas beaucoup de joueurs, il est important de changer les messages".

Alors que des graffitis hostiles à la décision et au président sont apparus à Ciudad Deportiva, M. Perez souligne: "Je comprends que des supporteurs puissent être choqués. Comme toutes les décisions, le temps dira si nous nous sommes trompés ou si nous avons eu raison. Mais en tout cas, nous avons pris ces décisions en ne pensant uniquement qu'au bien du Real Madrid".