MONTREAL (PC) - Geneviève Jeanson a clamé haut et fort son innocence, lundi, après qu'il eut été révélé qu'elle est la cycliste de haut niveau à qui le docteur Maurice Duquette a prescrit de l'EPO.

"Je n'ai jamais pris de drogue, on ne m'en a jamais offert, jamais prescrit, je n'en ai même jamais vu", a martelé Jeanson, au cours de la conférence de presse qu'elle a tenue dans un hôtel du centre-ville de Montréal.

"Contrairement à ce que plusieurs pensent, a-t-elle ajouté, ça fait longtemps que j'attendais le moment de m'expliquer."

Une heure plus tôt, le comité de discipline du Collège des médecins avait, à la demande de Jeanson, levé l'ordonnance de non-publication qui empêchait les médias d'identifier la cycliste impliquée dans le dossier du docteur Duquette.

La semaine dernière, le chirurgien orthopédiste montréalais a plaidé coupable à 14 chefs d'accusation devant le comité de discipline pour avoir prescrit et administré de façon inappropriée de l'EPO, notamment à Jeanson. L'EPO (érythropoiétine) est une hormone utilisée par les athlètes afin d'améliorer leur résistance à l'effort.

Le lendemain de son aveu de culpabilité, le docteur Duquette a toutefois fait parvenir une lettre à l'avocat de la cycliste dans laquelle il affirmait ne pas avoir prescrit ni donné d'Eprex (une des appellations commerciales de l'EPO) à Geneviève Jeanson.

"J'ai plaidé coupable d'avoir injecté de la Marcaïne (un anesthésique) le long d'un tendon et de ne pas l'avoir inscrit dans son dossier au bureau", écrivait-il.

A défaut d'avoir pu déposer la lettre devant le syndic du comité de discipline du Collège des médecins, l'avocat de la cycliste, Me Alain Barrette, l'a plusieurs fois citée en conférence de presse, lundi, afin de blanchir sa cliente de tout soupçon. Il a invité le docteur Duquette à clarifier publiquement sa position contradictoire.

"On a fait du procès du docteur Duquette celui de Geneviève Jeanson dans l'opinion publique, a affirmé Me Barrette. On la déclare coupable par association sans que nous n'ayons pu nous expliquer. C'est une absurdité.

"Ça fait un an qu'on veut se faire entendre. On espère avoir l'occasion sous peu de faire valoir nos droits."

Jeanson a laissé entendre qu'elle pourra s'expliquer sous peu devant les autorités sportives canadiennes.

Ce qui ajoute à la controverse dans laquelle elle se retrouve, c'est qu'elle n'ait pas été autorisée à prendre le départ de la course féminine des championnats du monde à Hamilton, le 11 octobre, en raison d'un taux d'hématocrite trop élevé selon les critères de l'Union cycliste internationale (UCI).

L'analyse d'un échantillon d'urine de la Québécoise, prélevé le jour même, n'a toutefois pas révélé la présence d'une substance interdite.

"Ce n'est qu'une accumulation de coïncidences troublantes", a-t-elle argué, avant de dire qu'elle ne peut pas empêcher les gens de se forger leur propre opinion.

"Moi, Geneviève Jeanson, je suis en paix avec moi-même."

Pour revenir au syndic, qui a refusé d'entendre Jeanson, il reprochait au docteur Duquette d'avoir omis d'inscrire à son dossier l'administration d'une dose d'Eprex. Le procureur du syndic, Me Jacques Prévost, disait avoir des preuves que la patiente en question en aurait reçu "plus d'une fois".

Selon un autre chef d'accusation, l'entraîneur de la cycliste s'est lui-même fait prescrire de l'EPO par le docteur Duquette.

L'enquête du comité de discipline avait été lancée à l'hiver 2001 après que la Fédération québécoise des sports cyclistes (FQSC) eut informé le Collège des agissements possiblement répréhensibles du Dr Duquette.

Jeanson a dit avoir été informée de la situation par un journaliste, une semaine avant les championnats du monde de 2002.

"C'est comme si j'avais reçu un coup de massue dans le front. Notre relation a pris fin dès ce moment."