Au lendemain de l'affrontement entre Jean Pascal et Bernard Hopkins, je peux dire que je suis extrêmement fier de l'événement que nous avons organisé à Québec. Cette soirée de boxe à Québec restera un événement marquant de la boxe au Canada.

Quelle grande soirée de boxe, ce fut! La ville de Québec s'est impliquée entièrement pour assurer la réussite de cet événement et aujourd'hui, tout le monde peut dire mission accomplie. Les amateurs ont répondu, toute la communauté a embarqué. Bref, la soirée a été magique et on peut s'attendre à de belles répercussions partout à travers le monde.

Maintenant, en ce qui concerne le combat, c'est certain que je suis resté quelque peu sur ma faim. Après avoir vu un Jean Pascal extrêmement précis et dominateur dans les trois ou quatre premiers rounds, je pensais qu'il parviendrait à sortir victorieux de cet affrontement, surtout après qu'il eut envoyé Bernard Hopkins au plancher à deux reprises.

Jean a alors commencé à penser qu'il pouvait l'assommer pour de bon avec un coup de poing à la bonne place. Par conséquent, il a arrêté de lui lancer des combinaisons et il est quelque peu sorti de son plan de match.

À l'inverse, Hopkins est un boxeur expérimenté et il a su s'ajuster. Ce que Jean me disait, c'est qu'il ne voyait plus les trous dans la défensive de son adversaire. Cette situation l'a rendu hésitant; il est devenu un peu plus lâche dans ses coups ce qui a mené par la suite à cette baisse d'énergie.

Sans chercher d'excuses, ce fut une semaine éprouvante pour Jean. Il s'agissait d'un événement de grande envergure et ç'a certes ajouté beaucoup de pression sur les épaules de Jean. Toutefois, je suis certain qu'il a appris énormément de choses et qu'il reviendra encore plus fort comme ce fut le cas après son revers face à Carl Froch.

Au-delà de tout, je considère qu'il faut se rendre à l'évidence que Bernard Hopkins est un boxeur phénoménal. Se relever de la sorte et offrir une telle performance après avoir visité deux fois le plancher, il fallait le faire. Au cours de sa longue carrière, B-Hop n'était allé au plancher qu'à deux occasions. Hopkins est meilleur que je croyais et je ne peux faire autrement que de lever mon chapeau à ce grand boxeur.

Le clan Hopkins et la controverse

J'avoue que j'ai hâte de visionner de nouveau le combat afin de l'analyser plus concrètement, mais à mon humble avis, il n'y a pas de controverse quoiqu'en disent nos voisins américains. Bien entendu, certains rounds ont été l'affaire de Hopkins, mais avec l'impression globale que je me suis faite du combat, je pensais que les juges allaient donner la victoire à Pascal.

Néanmoins, je vis très bien avec la décision de combat nul majoritaire puisque Jean peut ainsi demeurer le champion de la division.

Il y a toujours un peu de controverse lorsqu'un combat est serré : la moitié des gens vont donner la victoire à l'un tandis que l'autre moitié va la donner à l'autre. Les deux boxeurs se sont livré un combat serré et en fin de compte, je considère que Jean méritait de conserver sa couronne puisque Hopkins ne l'a pas fait mal paraître.

J'ai jasé plus tôt à Dan Rafael du réseau ESPN et en aucun temps, il n'a évoqué une injustice. Bien que sa carte de pointage donnait Hopkins victorieux, il a affirmé que ce fut un combat serré et qu'il aurait pu voir le combat d'une toute autre manière s'il avait été sur place au Colisée Pepsi de Québec. Selon lui, les juges ont été justes.

De son côté, le clan de Hopkins appuyé par Golden Boy promotions joue la carte de l'injustice comme c'est toujours le cas lorsqu'un des leurs ne revient pas au pays avec la ceinture de champion. Ces Américains jouent leur game comme ils l'ont toujours fait, c'est-à-dire en débarquant avec leurs gros sabots et en contestant les décisions des juges, qui n'ont fait que leur travail de façon honnête. Ils sont tellement chauvins que ça leur prend toujours une raison de rentrer à la maison bredouilles. Aux États-Unis, il arrive fréquemment que des résultats de combats serrés soient surprenants.

Steve Morrow, le juge américain, a donné une carte de 114-112 en faveur de Hopkins. S'il avait accordé un round de plus à Pascal, sa carte devenait de 113-113. Comme les autres juges. De la controverse? Personnellement, je pense qu'on essaye de nous intimider pour qu'on accorde une revanche à Hopkins sous le prétexte de l'injustice.

Analyser et recommencer

Qu'est-ce que Jean ferait de différent si on lui en donnait l'occasion? Pour répondre à cette question de façon adéquate, Jean devra s'asseoir avec son équipe afin de se faire une meilleure idée. Cependant, Jean est conscient qu'il n'a pas été parfait et qu'il devra apporter des ajustements s'il veut aller chercher les victoires.

J'estime que Jean désirera accorder une revanche à Hopkins dans un futur rapproché. Lors d'un tel combat, c'est toujours le plus brillant des deux qui finit par l'emporter. Bien des gens seraient intéressés à revoir ça.

Comme c'est son habitude, Jean Pascal n'a pas cherché à se défiler au terme de ce combat nul face à Hopkins. Ç'aurait été facile de dire qu'il désirait passer à autre chose. Mais Jean cherche toujours à affronter le meilleur boxeur puisque selon lui, il a encore beaucoup de choses à prouver. J'admire cette attitude.

Bravo à Québec

Je l'ai dit et je le réitère. La Ville de Québec a encore démontré - elle l'avait fait lors du combat Bute-Andrade — qu'elle était en mesure de supporter de grands événements. Bien que nous sommes fidèles à Montréal et au Centre Bell, qui nous ont toujours bien traités ces dernières années, nous allons certainement être tentés d'organiser d'autres galas de la sorte à Québec.

*Propos recueillis par Nicolas Dupont