Tout le monde semble avoir eu ce qu'il voulait. Michael Cammalleri a réussi à se sortir de Montréal et Pierre Gauthier est convaincu d'avoir amélioré son équipe en l'échangeant aux Flames de Calgary.

Cammalleri, qui avait fait parler de lui la veille en affirmant que son équipe affichait une attitude de losers, a appris qu'il avait été échangé au deuxième entracte du match que le Canadien disputait aux Bruins de Boston jeudi soir.

"J'ai l'impression d'être en plein milieu d'un tourbillon, je ne sais pas trop comment je me sens, a confié Cammalleri à notre collègue Renaud Lavoie, qui est allé le rejoindre à l'hôtel du Canadien. Je suis envahi par des sentiments partagés présentement. Je suppose que je serai davantage en mesure d'évaluer la situation lorsque la poussière sera retombée."

Cammalleri retourne dans la ville où il a passé la saison 2008-09. Le Canadien l'a échangé avec les droits sur le gardien Karri Ramo et un choix de cinquième ronde en 2012 en retour de l'attaquant Rene Bourque, de l'espoir Patrick Holland et d'un choix de deuxième tour en 2013.

Holland joue pour Tri-City dans la Ligue de l'Ouest. Les Flames l'ont choisi au septième tour en 2010 (193e au total). Il a fourni 17 buts et 57 points en 40 matches pour les Americans, cette saison.

Prenant la parole devant les journalistes sur le coup de 22h, Gauthier a juré que la récente tempête causée par les propos de Cammalleri n'avait en aucun temps précipité son départ de Montréal.

"Absolument pas. Ça se discutait depuis au moins un mois", a affirmé le directeur général, qui a insisté sur le fait que l'ancien numéro 13 du Tricolore n'avait jamais demandé à être échangé.

"Depuis environ six semaines, j'ai travaillé à travers la ligue parce que je crois qu'on doit se grossir parmi nos joueurs d'attaque, a détaillé Gauthier. On s'aperçoit que dans le hockey d'aujourd'hui, la majorité des buts sont comptés près du filet, avec des déviations ou des lancers voilés. Si vous analysez le travail de M. Bourque, vous constaterez qu'il marque la plupart de ses buts dans cette région."

"Ça semble ironique, mais Pierre m'a dit qu'il travaillait sur cet échange depuis un mois et je le crois", a confirmé Cammalleri.

"Je ne suis pas vraiment surpris. Nous évoluons dans une industrie axée sur la performance et notre équipe n'obtenait pas les résultats espérés cette année, alors il suffisait de faire le calcul pour comprendre que des choses allaient changer. Des entraîneurs avaient été sacrifiés et la prochaine étape, c'était les joueurs."

Lorsqu'on a demandé Gauthier si cette décision devait être vue comme un signe qu'il a lancé la serviette sur la saison actuelle, il a répondu qu'au contraire, il avait maintenant une équipe améliorée et que c'est le message qu'il avait livré aux joueurs après leur plus récente défaite.

"Le seul message que ça envoie, c'est qu'on tente d'améliorer notre équipe, a assuré l'entraîneur Randy Cunneyworth, qui a confirmé l'échange aux journalistes sans toutefois dévoiler la destination et les joueurs que le Canadien obtenait en retour. Un directeur général ne bouge pas à moins qu'il soit sûr qu'il renforce son club. Nous croyons que c'est le cas."

"Si vous regardez les statistiques de M. Bourque depuis quelques années, vous allez voir que ses chiffres sont pratiquement semblables à ceux de M. Cammalleri au niveau des buts par match», a souligné Gauthier.

Bourque purge présentement une suspension de cinq matchs pour avoir donné un coup de coude au visage de Nicklas Backstrom, des Capitals de Washington. C'est d'ailleurs l'une des raisons que Gauthier a énumérées pour expliquer le fait que la transaction n'ait pas été bâclée plus tôt.

"On voulait qu'il purge la majorité de sa sentence avec les Flames", a-t-il justifié.

Bourque, qui a eu 30 ans en décembre, a marqué 13 buts et ajouté trois passes en 38 matchs cette saison. Il est sous contrat jusqu'au terme de la saison 2014-15 avec un impact annuel de 3,063 M$ sur la masse salariale de son équipe.

"C'est un gros choc pour moi, je n'avais aucune idée que ça se tramait. Mais s'il y a un autre endroit où je veux jouer, c'est à Montréal", a commenté Bourque.

Un séjour inégal à Montréal

Cammalleri n'a que neuf buts en 37 matchs depuis le début de la saison.

"Je crois que Cammi était un joueur frustré. C'est une situation difficile. Le marché de Montréal est très exigeant", a commenté le directeur général des Flames, Jay Feaster, après avoir fait l'acquisition du franc-tireur.

Obtenu à gros prix sur le marché des joueurs autonomes à l'été 2009, Cammalleri s'était amené à Montréal au cœur du vent de renouveau qui soufflait alors sur le Canadien, qui avait notamment combiné son acquisition à celles de Scott Gomez et Brian Gionta.

Le petit attaquant avait marqué 26 buts à sa première saison dans l'uniforme tricolore, après quoi il avait connu des séries du tonnerre avec une récolte de 19 points, dont 13 buts, en 19 matchs.

Sa production avait légèrement diminué la saison suivante alors qu'il avait cumulé une fiche de 57 points, dont seulement 19 buts, en 67 matchs.

"Jouer pour Montréal m'a permis de vivre le genre d'expérience dont on rêve quand est n'est encore qu'un enfant", s'est remémoré Cammalleri.

Les Flames devront lui verser un salaire annuel de 7 M$ pour les deux prochaines saisons.