Les Springboks de l’Afrique du Sud ont soulevé la Coupe Web Ellis pour la 3e fois de leur histoire, 12 ans après la précédente, 24 ans après leur première. Un triomphe mérité dans une finale assumée, la victoire de l’unité dans ce pays aux multiples problèmes. Retour sur cette Coupe du monde tenue pour la première fois dans un pays asiatique, le Japon.

Des 20 pays participants, aucun n’en était à sa première sélection et 11 n’avaient jamais raté un tournoi depuis sa création en 1987. Le Canada faisait partie de ceux-là. Pour 2019, il avait dû passer par les phases de qualifications pour mériter sa place, n’ayant pas réussi à accrocher au moins le 3e rang de son groupe en 2015. L’histoire se répète cette année. En outre, le Canada n’a eu la chance de disputer que 3 des 4 matchs prévus, celui contre la Namibie, le plus accessible, ayant été annulé par l’arrivée de l’invité-surprise de cette Coupe du monde, le typhon Hagibis. Trois matchs ont ainsi été déclarés nuls 0-0, valant deux points au classement pour les équipes impliquées. Pour le Canada, les 3 défaites subies le laissent sur la touche. La tâche était difficile d’autant plus que 2 des 5 pays du groupe ont fait la finale de bronze ou celle d’or, soit la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud. Avec l’arrivée annoncée d’une ligue professionnelle en Amérique du Nord, le Canada sera peut-être mieux outillé pour 2022. Mais il lui faudra d’abord se qualifier.

L’Angleterre est revenue de loin et a fait un parcours exceptionnel en 2019, atteignant son point culminant avec sa victoire en demi-finale sur les All Blacks. Après l’échec de la Coupe du monde en 2015 disputée sur ses terres, une sortie hâtive après les matchs de poule qui avait des saveurs d’éjection, elle avait un travail de reconstruction énorme à effectuer. L’entraîneur australien Eddie Jones a pris les choses en mains. Il a travaillé de concert avec cinq psychologues  au fil des quatre ans pour évacuer le sentiment d’échec qui minait notamment les joueurs d’avant. « C’était comme si on se promenait avec un Jeep chargé de grenades et que dans les moments de pression, certaines éclataient. Il fallait s’en débarrasser »,  avait-il dit  en début de Coupe du monde. L’opération a réussi et c’est une équipe confiante et soudée qui a terminé en tête de son groupe.

Donner une leçon de rugby aux All Blacks de la Nouvelle-Zélande, l’une des équipes les plus prestigieuses de la planète, tous sports confondus, il fallait le faire! Cette demi-finale passera à l’Histoire comme l’un des matchs les plus maîtrisés des Anglais, devant des Néo-Zélandais incapables de réagir à la pression qu’ils mettaient sur eux. Des All Blacks poussés à l’erreur par des Anglais audacieux, des All Blacks qui voyaient s’envoler leur rêve d’une troisième conquête consécutive. Avec le départ de gros canons comme McCaw, Carter et Nonu il y a quatre ans et du capitaine Read et plusieurs autres cette année, la Nouvelle-Zélande devra se regrouper derrière les frères Barrett, l’ouvreur Mo’unga ou le demi d’ouverture Aaron Smith pour retrouver son aura de légende.

La France, qui recevra la prochaine Coupe du monde en 20222, devra elle se trouver une inspiration d’ici là. Elle a peu convaincu avec ses courtes victoires devant l’Argentine et les Tonga. Battue par un pays de Galles un peu fade en quart de finale, elle a besoin de meneurs forts et de plus de stabilité à la charnière, son éternel problème.

Victoire donc de l’Afrique du Sud. Victoire de l’unité. Rassie Erasmus, arrivé en mars 2018 à la tête de l’équipe, a réussi des merveilles. En choisissant Syia Kolisi comme capitaine, premier joueur noir à occuper ce poste, il envoyait un message qui a été entendu. Kolisi déclarait avec émotion, après la victoire de son équipe : « Cette équipe a été formée de joueurs qui venaient de partout (de toutes les ethnies en Afrique du Sud) et nous avons montré que lorsqu’on travaille tous ensemble, nous pouvons atteindre des objectifs. » Le joueur du match Duane Vermeulen ajoutait : « Cette victoire, c’est pour les 57 millions de Sud-Africains, à qui nous voulons apporter fierté et espoir. » Cette victoire de 32-12 sur une Angleterre débordée ne laissait aucun doute sur la qualité des vainqueurs. Les Anglais, dépités, ont constaté qu’il est difficile d’enchaîner deux performances exceptionnelles de suite, surtout dans un sport aussi exigeant physiquement que le rugby.

Les champions de 2019 sont connus, j’ai déjà hâte à 2022!