ÉDIMBOURG, Royaume-Uni – Retour sur terre. Le XV de France, après trois succcès convaincants, est redescendu de son nuage en Écosse (28-17), dimanche, perdant tout espoir de réaliser le Grand Chelem, lors de la 4e et avant-dernière journée du Tournoi des six nations.

Les Bleus (13 points, 2e), malgré la première défaite de l'ère Fabien Galthié, sont encore en course pour un succès final, mais il faudra retrouver des couleurs contre l'Irlande, le 14 mars au Stade de France. D'autant que l'Angleterre (13 points, 1e), qui affrontera l'Italie à une date ultérieure en raison de l'épidémie de nouveau coronavirus, est également dans le coup pour le titre.

« C'est difficile de mettre en avant un défaut ou quelque chose qu'on a loupé. C'est difficile de donner la raison pour laquelle on a perdu. On a failli dans certains secteurs et peut-être dans la maîtrise de l'émotion. C'est difficile de parler à chaud », a pesté le capitaine Charles Ollivon.

Il n'y aura donc pas de dixième Grand Chelem pour la France, réduite à 14 en fin de première période : après avoir dominé les vice-champions du monde anglais (24-17), confirmé devant l'Italie (35-22) puis être allés créer l'exploit au pays de Galles (27-23), les Bleus se sont pris les pieds dans le tapis à Murrayfield, où ils ne se sont plus imposés depuis 2014.

Les conditions n'ont certes pas aidé les hommes de Galthié. Mais la blessure du talonneur remplaçant Camille Chat avant la rencontre, le carton jaune de François Cros au bout de cinq minutes, la sortie de l'ouvreur Romain Ntamack sur protocole commotion trois minutes plus tard et le carton rouge du pilier Mohamed Haouas pour un coup de poing sur Jamie Ritchie juste avant la mi-temps n'expliquent pas tout.

Non, les Bleus, qui ont évolué 53 minutes au total en infériorité numérique, ont tout simplement déjoué à Édimbourg. Le capitaine Charles Ollivon avait pourtant promis en milieu de semaine que lui et ses coéquipiers n'allaient pas s'enflammer.

Un rouge qui tâche

Difficile également de croire que la menace d'une annulation en raison de l'épidémie de coronavirus ait réellement perturbé les Français.

Alors? Alors, les Écossais ont joué crânement leur chance, avec enthousiasme, profitant des maux bleus. Et ils sont nombreux : à la pause, les Français avaient ainsi concédé dix pénalités et huit turnovers. Même le métronome Antoine Dupont, d'habitude si régulier, a semblé à la peine, à l'image de deux mauvais choix (48e, 50e) en seconde période.

« Il y a de multiples raisons pour expliquer ce résultat. D'abord les faits de jeu, il faut se concentrer sur le terrain. Peut-être en termes de gestion de l'émotion, nous sommes une jeune équipe, en construction, on est passés par des émotions très très intenses par le haut et aussi, dans la difficulté, par le bas », a confié Galthié.

« On est dans l'apprentissage de la gestion des émotions, ça fait partie du chemin qu'on a à vivre. On a reçu beaucoup de soutien, ce ne sont que des choses positives. Évidemment, aujourd'hui, nous sommes déçus. Nous vivons la déception », a-t-il ajouté.

L'essai du revenant Damian Penaud (33e), juste avant l'exclusion d'Haouas (37e), n'a fait qu'entretenir l'illusion d'un quatrième succès de rang pour les Bleus. Dans la foulée, les Français, inattentifs, se sont mis à la faute et le pilier de Montpellier a laissé ses coéquipiers finir la rencontre sans lui.

Résultat, porté par le duo Adam Hastings (11 points) et Sean Matland (2 essais), le XV du Chardon a fait preuve de réalisme, profitant des errements français pour marquer sur ses temps forts.

L'essai de Charles Ollivon (76e), son quatrième dans le Tournoi, est arrivé bien trop tard. Trop indisciplinés, trop brouillons, les Bleus s'inclinent lourdement et n'ont jamais su trouver les ressources pour inverser la vapeur. Pas vraiment un match de champions.