Une ex-membre de l'équipe canadienne de gymnastique a rédigé une lettre ouverte dans laquelle elle accuse l'entraîneur de l'équipe canadienne qui a participé aux Jeux olympiques de Rio en 2016 d'avoir grimpé dans son lit et de s'être collé contre elle, avant de lui passer la main sous son chandail et de lui avoir demandé de lui montrer sa poitrine.

La lettre d'Abby Pearson Spadafora, âgée de 38 ans, fait partie d'une longue série d'allégations d'agressions sexuelles, psychologiques et physiques contre les entraîneurs Dave et Elizabeth Brubaker, qui ont été sanctionnés par Gymnastique Canada.

« Les agressions n'ont jamais cessé, a raconté Spadafora dans une lettre publiée jeudi. Mon entraîneur détachait régulièrement mon soutien-gorge sportif lorsque j'ai commencé à en porter un. On m'a enseigné que la prise de poids et la puberté étaient néfastes. Les blessures étaient rarement prises au sérieux, et on m'a enseigné à cacher la douleur. »

Spadafora a dit qu'elle s'entraînait entre 25 et 35 heures par semaine dès l'âge de sept ans, et qu'on la pesait deux fois par jour.

« C'est à ce moment que les choses ont dérapé, et que les agressions ont commencé », a-t-elle confié au sujet de son expérience, qui a débuté en 1991.

Un groupe de 11 gymnastes, dont Spadafora, ont dénoncé publiquement les agressions survenues au Bluewater Gymnastics Club, en Ontario.

Elles ont participé à l'enquête de Gymnastique Canada qui a mené aux sanctions contre le couple Brubaker. Spadafora et d'autres athlètes ont cependant critiqué le travail des enquêteurs, puisqu'elles allèguent qu'elles ont vécu une fois de plus un traumatisme lorsqu'on leur a demandé de se taire afin d'éviter que leurs déclarations se retournent contre elle dans le cadre d'un éventuel processus judiciaire.

Environ 480 athlètes ont signé une pétition demandant au gouvernement canadien d'ordonner une enquête indépendante portant sur les agressions qui se sont déroulées au club.

Dave Brubaker, qui a dirigé l'équipe canadienne de gymnastique aux JO de Rio en 2016, a été trouvé non coupable d'agression sexuelle et d'exploitation sexuelle en 2019, après que le juge affecté au dossier impliquant une ex-gymnaste eut révélé que le policier responsable de l'enquête portant sur Brubaker faisait partie de la famille de la victime alléguée.

Sa suspension à vie de Gymnastique Canada, et celle de sa femme qui arrivera à échéance le 18 janvier 2024, ont été annoncées plus tôt cette année, après qu'un comité de discipline eut confirmé 54 cas d'inconduite impliquant le couple Brubaker. Celui-ci avait d'abord contesté les sanctions, avant de retirer son appel en mars.

L'avocat qui a représenté le couple Brubaker dans le dossier d'agression sexuelle, Patrick Ducharme, n'a pas répondu dans l'immédiat à un courriel acheminé par l'Associated Press.