Damian Warner a gagné une médaille d'or dans l'une des disciplines les plus exigeantes en athlétisme, accumulant avec brio les magnifiques performances au fil de 10 épreuves réparties sur deux jours, dans la chaleur étouffante de Tokyo.

Mais l'histoire de Warner va bien au-delà de sa victoire olympique.

Dans une année inoubliable remplie de récits de résilience, celui de Warner a été l'un des plus remarquables. Et sa conclusion en or revêtait une signification d'autant plus grande, à cause des défis gargantuesques que lui et son équipe ont dû relever pour le concrétiser.

« Certes, le fait de gagner la médaille d'or est l'élément qui ressortira le plus, simplement parce que j'y aspirais depuis si longtemps », a déclaré Warner.

« Mais ce dont je suis le plus fier, c'est de la façon dont nous avons persévéré à travers la situation devant nous, parce que ce n'était pas idéal et que c'était difficile. Mais nous avons trouvé un moyen de la contourner, tout en étant à notre mieux. Donc, savoir comment s'est déroulée cette aventure jusqu'aux Jeux rend tout ce qui s'est passé encore plus spécial. »

L'athlète de 32 ans originaire de London, en Ontario, a remporté le premier titre olympique du Canada en décathlon de façon spectaculaire. Il a établi un record olympique et une marque canadienne et est devenu seulement le quatrième homme dans l'histoire à surpasser la barrière des 9000 points.

Il a couronné 2021, mercredi, en se voyant décerner le Trophée Lionel Conacher à titre d'athlète masculin de l'année de La Presse Canadienne.

Warner a mérité 18 des 47 votes enregistrés par les rédacteurs en chef, les journalistes et diffuseurs sportifs de tous les coins du pays. Le sprinteur Andre De Grasse a récolté 14 votes et le joueur de soccer Alphonso Davies, qui avait mérité le trophée en 2020, en a obtenu sept.

« Accepter des honneurs comme celui-ci m'est un peu étrange parce que c'est un peu comme tirer à pile ou face », a comparé Warner.

« Andre a gagné une médaille d'or et Alfonso connaît une année incroyable, Donc, quand vous êtes sélectionné, vous vous sentez un peu coupable, jusqu'à un certain point. C'est un bon problème au Canada d'avoir autant d'athlètes, et pas seulement nous trois parce qu'il y a une longue liste de personnes qui ont vraiment connu une année réussie. Pour un amateur de sports, c'est toujours une chose agréable à voir.

« C'est toujours une leçon d'humilité et je suis reconnaissant d'être reconnu, (mais) c'est aussi la reconnaissance de ma famille, de mes entraîneurs et de tous ceux qui m'ont aidé à arriver à ce stade, et c'est ce que je trouve vraiment cool », a-t-il ajouté.

Mardi, la joueuse de tennis lavalloise Leylah Fernandez avait mérité le Trophée Bobbie Rosenfeld à titre d'athlète féminine de l'année de La Presse Canadienne. L'identité de l'équipe de l'année sera dévoilée jeudi.

Dans un aréna

L'année de Warner a été digne des films d'Hollywood. Les fermetures causées par la COVID-19 l'ont forcé à s'entraîner dans un aréna vide et délabré à London. Il se réchauffait les mains à l'aide de radiateurs, mais ses doigts et ses orteils finissaient par s'engourdir.

Ses entraîneurs avaient collé au sol une piste de course de 40 mètres, mais c'est le plus loin que Warner pouvait courir.

Vers la fin du mois de février, il a touché le fond.

« Nous faisions du saut à la perche et je devenais vraiment frustré (...) on aurait dit que tout était devenu trop lourd », a-t-il décrit.

Il a alors dit à ses entraîneurs Gar Leyshon et Dennis Nielsen que c'était une perte de temps, que ce n'était pas un entraînement propice à l'obtention d'une médaille d'or.

« Et Gar et Dennis ont dit "Nous n'avons pas d'autres solutions. C'est tout ce que nous avons." C'était comme cette (prise de conscience) que c'est tout ce que nous avons, et que je n'abandonnerai pas mes objectifs. »

Le vent a tourné après la naissance de son fils, Theo, le 11 mars. Deux mois plus tard, Warner s'est présenté à son premier décathlon en 20 mois et a fracassé son propre record canadien pour remporter une prestigieuse compétition tenue à Götzis, en Autriche.

Or, ce n'était que le début.

Warner a complété les Jeux de Tokyo avec un score de 9018 points. Il a devancé son plus proche rival par presque 300 points. Sa performance au saut en longueur du décathlon lui aurait valu la médaille de bronze à l'épreuve régulière des Jeux.

« Damian Warner a dû s'entraîner dans des conditions difficiles pour 10 épreuves », a rappelé Phil King, responsable de la mise en page des sports au Globe and Mail.

« Aux Jeux olympiques, il a hérité, de façon appropriée, du titre de plus grand athlète au monde. Il mérite amplement tous les honneurs que La Presse Canadienne peut lui donner, et davantage. Il est la crème de la crème – dans le monde. »