MONTRÉAL – La quinzaine olympique a été éprouvante et le retour à la maison ne s’est pas fait sans heurt, mais les membres de l’équipe canadienne de patinage de vitesse sur courte piste assurent qu’il leur reste assez d’essence dans le réservoir pour attaquer les Championnats du monde avec vigueur et aplomb.

Les 18 jours qui auront séparé l’atterrissage de l’avion ramenant tout ce beau monde au Québec et le début de la dernière compétition de l’année, qui s’amorcera sur le coup de midi vendredi à Montréal, n’auront toutefois pas été de trop.

« En fait, une chance qu’on a eu cette pause parce que quand on est arrivé ici, la première semaine n’a honnêtement pas été évidente, a admis sans filtre Marianne St-Gelais. On dirait qu’on a connu le crash post-olympique. Je pensais que ça allait nous faire du bien de retrouver notre maison et notre routine, mais finalement ça a été rough. »

À Sotchi, les patineurs courte piste ont été lancés sous les projecteurs au Jour 3 des Jeux, sur lesquels ils ont finalement tiré un trait onze jours plus tard. Le temps de passer une médaille au cou de Charle Cournoyer et des membres du relais féminin, de déambuler à la cérémonie de clôture et de remonter l’horloge interne de neuf heures vers l’ouest, l’attente a été inhabituellement longue avant que l’anneau de l’aréna Maurice-Richard ne se remette à fendre sous les lames de ses jeunes bourreaux.

Comme l’a fait remarquer François Hamelin, « ça a été notre plus longue période sans patiner depuis le début de la saison. Quatre jours sans embarquer sur la glace, c’est énorme pour nous. » La pause a toutefois pris fin abruptement, les entraîneurs convoquant toute l’équipe à l’entraînement moins de 24 heures après le retour au pays. Au diable le décalage horaire!

 « C’est certain qu’on n’était pas si reposé en revenant, mais on devait absolument retoucher la glace, retrouver nos sensations, justifie le cadet des frères Hamelin, qui pourrait prendre part au relais avec ses trois coéquipiers qui participeront aux épreuves individuelles en fin de semaine. Et ç’a fait du bien, ça a dérouillé un peu. Les premières journées ont été un peu plus difficiles, mais cette semaine on voit que tout est rentré dans l’ordre. »

« Après une semaine, on a commencé à faire de l’entraînement plus spécifique. On a retrouvé nos repères, notre joie de vivre! », a remarqué St-Gelais, soulagée.

« En ce moment la forme est là, assure le leader de l’équipe, Charles Hamelin. Même si c’est une longue saison qui se termine, il nous reste des forces et on va donner un bon spectacle en fin de semaine. »

Gare au plafonnement

Pour le personnel d’entraîneurs, la préparation des Mondiaux au terme d’un cycle olympique est une opération délicate. Le risque d’exposer un groupe d’athlètes au plafonnement en dirigeant trop d’énergie vers une unique compétition est réel, mais le directeur du programme canadien, Yves Hamelin, croit sans inquiétude qu’il a été contourné avec succès.

« Une fois qu’on revient des Jeux, l’important est de s’assurer qu’on récupère complètement, autant émotivement que physiquement. Comme la fenêtre est assez courte, on n’a pas à reprendre ou à rebâtir une forme. Il s’agit de maintenir la condition dans laquelle on était et le plan d’entraînement qu’on a établi ciblait vraiment cet aspect. »

« Dès qu’on a recommencé à souffrir à l’entraînement, on a compris que les Jeux étaient finis et que c’était le temps de passer à la prochaine étape, a relaté Cournoyer, déjà descendu de son nuage. Et cette étape, ce sont les Championnats du monde. »  

 « Dans une saison de courte piste, quand tu finis une étape de la Coupe du monde, tu essaies tout de suite d’oublier ce que tu as fait et de te concentrer sur ce qu’il te reste à faire. On fait présentement face au même défi », relativise Charles Hamelin.