GENÈVE, Suisse - Trente-neuf des 42 sportifs russes, présents aux JO de Sotchi 2014 et suspendus à vie par le CIO pour avoir profité d'un système de dopage institutionnalisé, sont entendus en appel par le Tribunal arbitral du sport à partir de lundi, lors d'une audience collective inhabituelle par son ampleur et délocalisée à Genève.

Face au grand nombre de sportifs attendus, accompagnés de leurs avocats, le TAS qui siège habituellement à Lausanne, a dû pour l'occasion se déplacer au Centre des conférences de Genève.

Rare par son ampleur, cette audience sera également marquée par le témoignage, à distance, du lanceur d'alerte russe Grigory Rodchenkov, ancien patron du laboratoire antidopage de Moscou, qui a révélé le système de dopage d'État en Russie.

Rodchenkov, qui a accepté de témoigner malgré des menaces, mais à une date qui n'a pas été précisée, s'est réfugié aux États-Unis en 2016, disant craindre pour sa vie après la mort brutale et rapprochée de deux responsables de l'agence russe antidopage (RUSADA).

Divisés en deux groupes, les sportifs vont se défendre devant deux trios de juges-arbitres, à partir de 9 h 30 lundi. L'audience doit durer jusqu'à samedi ou dimanche, a précisé le TAS.

Les juges devront se prononcer dans un délai très bref, car 21 des 42 Russes suspendus espèrent encore disputer les Jeux de Pyeongchang, qui débutent dans trois semaines.

Mais en raison de la suspension de la Russie à la suite des révélations sur son système de dopage institutionnalisé, le CIO a, dans le même temps, créé un panel chargé de sélectionner des Russes "propres" autorisés à disputer les Jeux sous drapeau neutre.

Stars en Russie

Or, pour le moment, 80% des Russes « pré-sélectionnés » par le CIO n'étaient pas présents à Sotchi. Il semble donc que les sportifs qui vont comparaître à partir de lundi aient peu de chance d'être présents à partir du 9 février en Corée du Sud.

Parmi ces sportifs disqualifiés et suspendus à vie figurent les plus grands noms des disciplines hivernales, notamment Alexander Legkov (champion olympique en ski de fond, sur 50 km) et Aleksandr Zubkov, véritable star en Russie après son doublé en or (bob à 2 et bob à 4). 

Zubkov a pris sa retraite sportive depuis lors mais occupe désormais le poste de président de la Fédération russe de bobsleigh et sa suspension l'empêche d'être présent sur les rendez-vous internationaux. 

D'autres de ces sportifs sont eux en lice pour participer aux prochains JO d'hiver à Pyeongchang (9-25 février).

Les appels de trois derniers sportifs russes, des biathlètes, seront examinés plus tard.

Le TAS prévoit de rendre ses décisions « entre le 29 janvier et le 2 février », alors que les JO débutent le 9 février.

Si la participation de la Corée du Nord aux JO de Pyeongchang a été entérinée samedi à l'issue d'un sommet olympique, celle des sportifs russes, sous drapeau neutre, risque de poser question jusqu'à l'ouverture des JO.

Le TAS a certes promis de clarifier avant le 2 février la situation des 42 Russes disqualifiés par le CIO, mais il reste encore à connaître la liste finale des sportifs russes « invités » à participer et établie par un panel du CIO présidé par l'ex-ministre française des Sports, Valérie Fourneyron.

Vendredi, le CIO a annoncé que 111 noms sur une liste initiale de 500 proposée par le Comité national olympique russe avaient été écartés, tout comme ceux de 51 entraîneurs et 10 personnels médicaux.

Cette liste pourrait encore sensiblement se réduire car « pour les athlètes restant dans le pool, d'autres conditions préalables ont été requises, comme de nouveaux contrôles avant les Jeux et la réanalyse des échantillons conservés ». 

La liste définitive doit être connue « samedi 27 janvier, lors de la réunion d'enregistrement des délégations », a précisé le CIO.

Samedi, le ministre russe chargé des Sports, Vitaly Moutko, a estimé qu'environ 200 sportifs russes « propres » allaient participer aux prochains JO d'hiver.