Pendant combien de temps encore les dirigeants des diverses instances sportives russes nieront-ils l’évidence et pénaliseront-ils leurs propres athlètes? Cette question ne cesse de me tourner dans la tête lorsque je constate l’obstination des fédérations de ce pays à nier la vérité. Celle du dopage!
 
Les athlètes du pays de Vladimir Poutine sont mis à l’écart de nombreuses compétitions depuis le dépôt du fameux rapport McLaren en juillet 2016 dans lequel il était prouvé que la Russie avait mis sur pied un système de dopage étatisé pour récolter un plus grand nombre de médailles lors des Jeux de Sotchi en 2014.
 
Grâce à une entente de dernière minute, certains athlètes russes ont tout de même pu prendre part aux plus récents Jeux olympiques d’hiver en Corée du Sud, mais en respectant quelques conditions strictes. Parmi celles-ci se trouvait bien entendu l’interdiction de se doper, mais également l’obligation de se présenter comme des athlètes olympiques de Russie.  Et oubliez le drapeau du pays puisqu’il était formellement prohibé.
 
Au final, sur la délégation de 168 athlètes russes à Pyeongchang, deux ont échoué à des tests antidopage, en curling et en bobsleigh. Malgré tout, après les Jeux, le Comité international olympique (CIO) a décidé de lever sa suspension. Une décision que je m’explique mal puisqu’il existe encore une zone d’ombre et de doute sur le réel mea culpa des responsables russes qui, malgré les preuves flagrantes et les dénonciations, sont loin de reconnaître leurs torts et crient encore au complot.
 
Sebastian CoeL’athlétisme se tient debout
 
Je salue la décision de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) qui a décidé de se tenir debout et de prendre une direction opposée au CIO. En effet, à la suite des recommandations d’un groupe de travail antidopage, l’IAAF a opté pour le maintien de la suspension de la Fédération russe d’athlétisme (RUSAF).
 
Depuis novembre 2015, les athlètes russes sont privés de toutes les compétitions internationales approuvées par l’IAAF, la plus importante ayant été les Championnats du monde de 2017 à Londres. Ils furent également exclus des Jeux olympiques de Rio en 2016.
 
Pourquoi cette décision de l’IAAF? Parce que ses dirigeants, son président Sebastian Coe en tête, jugent que la RUSAF n’a pas encore fait la démonstration qu’elle a un plan clair pour procéder à des contrôles antidopage systématiques sur ses athlètes en 2018. Le programme de distributions de ces tests demeure la grande inconnue de même que les questions juridiques entourant les suspensions liées au cas de dopage. Enfin, et c’est là une exigence, la Fédération russe doit reconnaître avoir délibérément dopé ses athlètes pendant une période de sept ans, soit de 2008 à 2015.
 
Coe a affirmé vouloir régler ce dossier le plus rapidement possible tout en ajoutant que c’était difficilement réalisable puisque la Fédération russe d’athlétisme refuse de respecter les conditions qu’elle s’était pourtant engagée à respecter pour que ses athlètes soient réintégrés.  Il a ajouté qu’il souhaitait le retour de ces sportifs, tout en concluant que les amateurs du monde entier voulaient être rassurés et ne plus douter du système.
 
Maria LasitskeneCe n’est pas tout, la Fédération internationale d’athlétisme a également lancé un avertissement sérieux à la RUSAF. Si aucun progrès n’est enregistré au cours des prochains mois, la permission spéciale accordée à certains athlètes russes de participer sous drapeau neutre pourrait être révoquée. C’est grâce à cette autorisation que sept athlètes russes au statut neutre ont pu prendre part aux Championnats du monde d’athlétisme en salle, la semaine dernière, à Birmingham en Angleterre. Maria Lasitskene a ainsi pu remporter l’or au saut en hauteur alors que son compatriote Danil Lysenko faisait de même chez les hommes.
 
Et que la Fédération russe se le tienne pour dit. L’IAAF est prête à l’expulser définitivement de ses rangs si elle s’obstine à ne rien faire et continue de nier les faits.
 
En conclusion, tout cela est malheureux pour les athlètes russes propres qui perdent de formidables années de compétitions à cause de leurs dirigeants. C’est également malheureux pour les athlètes russes dopés qui n’acceptent pas d’être responsables de leurs fautes et de purger une sanction méritée pour ensuite repartir à neuf avec une conscience tranquille.
 
C’est surtout triste pour tous ces dirigeants russes corrompus qui continuent de s’enfoncer dans un marais vaseux de mensonges pour sauver une réputation irrémédiablement entachée et qui entraînent dans leur déchéance de superbes athlètes ayant mérité beaucoup mieux. Ne dit-on pas que faute avouée est à moitié pardonnée? Qu’une faute confessée sera jugée avec beaucoup plus de clémence?  
 
De toute évidence, les membres de la délégation russe d’athlétisme préfèrent vivre dans le déni. Tant pis pour eux!