Une vague de gratitude a frappé l’escrimeur Shaul Gordon samedi dernier, à la Coupe du monde de Budapest. D’abord parce qu’il a pris part à un premier tournoi en plus d’un an, puis en réponse à tous les bons mots auxquels il a eu droit en atteignant les standards de qualification olympique au sabre masculin.

Cette compétition a clos le processus de qualification olympique et le Montréalais d’adoption en a profité pour mettre la main sur une place continentale, terminant au 22e rang du classement général de la Fédération internationale d’escrime (FIE).

« Mon premier sentiment a été de la reconnaissance envers tous ceux qui m’ont aidé dans ce trajet rempli d’obstacles. Les entraîneurs, la famille, les amis : j’ai reçu plusieurs messages de mes proches et c’est émouvant de constater qu’il s’agit d’un moment que je peux partager avec tout le monde », a confié l’athlète de 26 ans à Sportcom.

Ce dernier n’a cependant pas connu un retour à tout casser en se contentant du 56e rang, venant assombrir son passage dans la capitale hongroise, et ce, malgré l’atteinte de l’objectif numéro un.

« Ce n’était pas ma meilleure sortie. Je sais que si je veux avoir des résultats à Tokyo, il reste beaucoup de travail à faire. Ç’a laissé place à deux émotions bien différentes », a admis celui qui a été stoppé au tableau des 64 par l’Iranien Mojtaba Abedini, 14e au monde.

« Ça m’a tout de même donné l’occasion de voir où j’en étais, de retrouver mes sensations et de revivre le stress d’un tournoi, a-t-il nuancé. Tout le monde était un peu rouillé et j’ai pu mesurer ma progression et ce sur quoi j’allais devoir travailler durant les quatre prochains mois. »

Également en action à Budapest, Gabriella Page a elle aussi consolidé sa présence à Tokyo au sabre féminin, de façon similaire à son compatriote, soit en se faisant octroyer une place continentale en dépit d’une contre-performance.

« Elle s’est battue et elle a investi temps et énergie pour se rendre là. C’est un bel accomplissement et je suis content pour elle. Je suis ravi qu’on puisse aller représenter le Canada ensemble à nos premiers Jeux olympiques. On ne veut pas juste y participer. On a faim tous les deux de résultats sur la plus grosse scène », a déclaré Gordon.

Un partenaire de taille

De son côté, Joseph Polossifakis brillait par son absence la fin de semaine dernière. L’Olympien des Jeux de Rio en 2016 a évalué les risques que comportait ce rassemblement d’environ 400 escrimeurs provenant d’une soixantaine de pays, de même que les mesures prises par l’organisation. Il craignait de contracter la COVID-19, mais aussi d’être forcé de demeurer en Hongrie en cas d’un test positif.

« C’est arrivé à une personne que je connais. Elle est pognée en Hongrie et doit maintenant attendre dans un hôtel pendant dix jours avant de se faire tester à nouveau », a raconté Polossifakis, qui aurait néanmoins été prêt à prendre ce risque si les probabilités avaient joué davantage en sa faveur dans le processus de qualification olympique.

S’il souhaitait devancer Gordon et obtenir un billet pour le Japon cet été, le sabreur de 30 ans devait au minimum obtenir une deuxième place à Budapest, puis espérer que son coéquipier ne passe pas le tableau de 32.

« J’ai fait les calculs et il y avait peu de chances que les choses tournent positivement et de grandes chances que ça s’avère négatif. Il y avait aussi la quarantaine au retour et tout le protocole. Ce n’était pas dans mon intérêt de continuer et je préférais assumer que j’allais terminer deuxième dans la course », a-t-il précisé.

Classé 28e au classement mondial de sa spécialité, le Lavallois va demeurer actif afin de compléter en force ce cycle olympique et contribuer au succès de son frère d’armes à Tokyo. Pour Shaul Gordon, cette aide est non seulement la bienvenue, il est persuadé qu’il bénéficiera grandement du savoir-faire de son coéquipier.

« Il l’a déjà vécu ! Tout le monde dit que les premiers Jeux, c’est très impressionnant. Je suis vraiment content qu’il puisse m’aider. Il a l’expérience et il est bien sûr un formidable tireur. Et ce n’est pas seulement Joseph, mais toute l’équipe nationale qui souhaite m’aider. On a un fort sentiment de communauté en escrime au Canada. J’ai reçu le soutien de tous au cours des derniers jours, provenant de partout au pays et je serai bien encadré d’ici les Jeux. »