René Cournoyer était à Tokyo en juillet pour participer à ses premiers Jeux olympiques. À peine trois mois plus tard, le gymnaste a puisé dans ses réverves pour retourner au Japon et se mettre à l’épreuve aux cinquièmes Championnats du monde de sa carrière.

L’athlète de Repentigny ne s’en cache pas, le retour au Canada à la suite des Jeux de Tokyo a été exigeant, ce qui est venu empiéter sur sa préparation pour les mondiaux.

« Ça n’a pas été facile honnêtement. Je suis à l’université à temps plein maintenant et mes heures d’entraînement ont été très limitées. Le crash d’après-Jeux, qui est très réel, s’est fait sentir aussi », a admis celui qui étudie en physiothérapie à l’Université de Montréal.

Globalement, René Cournoyer s’est dit satisfait de ses performances. Il s’est classé 27e aux barres parallèles (14,400 points) et 37e à l’exercice au sol (13,666 points). Après avoir chuté, il a terminé 80e à la barre fixe (11,033 points).

« Les dernières semaines avant les mondiaux, c’est là que toute ma préparation a été faite. Faire trois appareils, c’était bien assez considérant la situation. »

C’est donc William Emard qui a représenté le Canada au concours complet, en relève à Félix Dolci, blessé à une cheville. René Cournoyer a d’ailleurs vanté les mérites de son coéquipier, qui a signé le meilleur résultat canadien de l’histoire à des mondiaux, chez les hommes.

« Il a extrêmement bien fait ! […] Il a vraiment livré la marchandise et je n’ai que de la fierté de ce côté-là. C’était une belle occasion de montrer qu’on a de la gymnastique intéressante au Canada et de se faire une place sur la scène internationale pour le prochain cycle olympique. William a fait la compétition de sa vie et il a tout le mérite qui vient avec. »

Substitut au concours par équipe à Tokyo, Rose Woo était elle aussi de passage au Japon pour une deuxième fois cet été. À ses premiers Championnats du monde, elle a réussi à se qualifier pour la finale du concours complet où elle s’est classée 18e.

Deux voyages bien différents

Plusieurs Olympiens ont décidé de ne pas participer aux Championnats du monde de Kitakyushu cette année. Bien qu’il ait songé à passer son tour, René Cournoyer s’est limité à une semaine de congé après les Jeux avant de reprendre l’entraînement.

« Le programme était chargé et je ne savais pas si je voulais embarquer, mais ça reste des Championnats du monde. Ce n’est pas une compétition sur laquelle on crache ! J’ai pu ralentir la machine tout en faisant de la compétition. »

Il demeure qu’un nouveau voyage en Asie n’avait pas de quoi réjouir le principal intéressé. Néanmoins, il a pu compter sur le soutien d’une délégation canadienne plus nombreuse, ce qui a fait toute une différence.

« C’était un peu éprouvant de refaire le voyage. Les procédures pour la COVID-19 étaient encore plus sévères qu’aux Jeux olympiques. On a passé une nuit complète à l’aéroport à attendre les tests. Pour le moral, ça fait toute une différence d’être avec les coéquipiers ! Sur place, on se sent en sécurité (comme aux JO) et tout est respecté, mais ça reste un deuxième voyage au Japon où on ne voit absolument rien ! » a-t-il dit en riant.

Les mondiaux échappent à Laurie Denommée

Si René Cournoyer en était à son deuxième séjour au Japon en peu de temps, sa coéquipière Laurie Denommée espérait y effectuer son grand retour à la compétition.

D’abord sélectionnée au sein de l’équipe nationale, la gymnaste lavalloise a contracté la COVID-19 à la fin du mois de septembre, ce qui l’a forcée à s’isoler. Quelques jours avant le départ, son test PCR s’est avéré positif et est venu lui couper l’herbe sous les pieds.

« Normalement, il faut un résultat négatif ou un avis formel du médecin expliquant la situation du résultat positif pour voyager, mais ça ne fonctionnait pas pour aller au Japon », a raconté Laurie Denommée, bouleversée en apprenant la nouvelle.

« Ce n’était pas évident du tout ! Sur le coup, j’ai pleuré, ensuite je suis retournée chez moi pour vivre mes émotions… Je trouvais ça difficile. J’étais en pleine santé, physiquement comme mentalement, et j’avais super hâte de partir ! Ç’a été un gros choc pour mes proches et moi. On savait que le résultat allait être positif, mais on ne savait pas que la lettre du médecin n’allait pas fonctionner. »

Denommée, qui devait être des épreuves à la table de saut et aux barres asymétriques, devra ainsi patienter avant son retour. Sa dernière compétition remonte à l’International Gymnix disputé à Montréal, en mars 2020.

L’athlète de 21 ans se sentait prête, d’autant plus que les deux semaines de confinement lui avaient permis de prendre du repos.

« J’avais tellement hâte de faire les mondiaux, de voyager à nouveau et de compétitionner sur un vrai plateau avec d’autres gymnastes », a soutenu celle qui n’a ressenti que peu de symptômes liés à la COVID-19.

En 2018, Laurie Denommée s'était blessée à une cheville tout juste avant la tenue des Championnats du monde de Doha, au Qatar. Elle avait alors été forcée à l'abandon.

Ce n’est toutefois que partie remise pour celle qui planifie déjà la prochaine saison. Elle prévoit renouer avec l’action à l’événement Élite Canada, prévu en février prochain.