Le baptême du feu de Félix Dolci chez les seniors devra attendre, mais la pandémie pourrait tourner en la faveur du jeune gymnaste qui en profite pour se développer physiquement avec l’objectif ultime de se qualifier pour les Jeux olympiques de Tokyo.

Tout arrivait particulièrement vite pour le Lavallois qui se préparait à entrer dans la cour des grands à la fin du mois de mars. Sa première compétition senior était prévue les 20 et 21 mars à Calgary, mais n’a jamais eu lieu en raison de la COVID-19. Un top-4 parmi les Canadiens lui aurait permis d’accéder aux Championnats panaméricains, où les deux meilleurs gymnastes au concours complet obtenaient leur billet pour les JO.

Toute une entrée en matière pour celui qui était alors âgé de 17 ans. « On était un peu short dans le temps », admet le champion du monde junior en titre aux anneaux et vice-champion du monde junior au sol. « L’annulation a tout de même été décevante. J’avais travaillé fort et j’avais un plan pour les compétitions à venir. J’avais beaucoup de choses à montrer à Équipe Canada et au monde entier, ce que je n’ai malheureusement pu faire cette année. »

Cela dit, Dolci préfère voir le bon côté des choses et soulève quelques points positifs. Cet arrêt forcé lui a permis de soigner une blessure à un poignet et des douleurs aux coudes et au dos. « Le repos est le meilleur des remèdes ! J’ai pris soin de quelques lacunes au niveau physique et ça m’a permis d’avoir beaucoup moins mal. Ça va m’aider pour un retour au gym plus efficace et plus rapide. »

Bien qu’il avait déjà quelques poids et haltères à la maison, une salle d’entraînement lui a fourni plus d’équipement pour la durée du confinement. Il s’entraîne pendant 1h30 tous les jours et comme plusieurs athlètes, il s’adonne à quelques rencontres Zoom avec son équipe et son entraîneur pour rester en contact et garder la forme.

Les défis de la transition

Celui qui a fêté son 18e anniversaire le 2 mai dernier estime qu’une année supplémentaire de préparation pourrait l’avantager, puisque faire le saut chez les seniors implique de nouveaux mouvements et des éléments qui nécessitent une plus grande force physique.

« Si on compare les épreuves aux anneaux, où j’ai été champion du monde junior, c’est un tout autre monde quand on regarde les Championnats du monde seniors. Le temps va m’aider à développer ma masse musculaire, ce qui me retenait un peu vers l’arrière », explique-t-il..

Cette préparation allongée avec le report des Jeux de Tokyo pourrait s’avérer « être une bonne arme », d’autant plus que le repos des dernières semaines jumelé aux efforts mis sur l’entraînement physique pourrait rapporter gros. « C’est du temps à prendre avec précaution, mais je suis sûr que, si mon retour est bien fait, est méticuleux, ça peut être très bon pour moi », ajoute-t-il.

Une étape à la fois

En 12 ans de gymnastique artistique, Félix Dolci n’avait jamais passé plus de deux semaines sans toucher à un appareil gymnique. Comme tous les autres gymnastes, ça fait maintenant plus de deux mois qu’il est sur la touche et qu’il attend impatiemment de pouvoir s’y remettre.

« Le repos a fait du bien, mais le retour en gymnase va faire encore plus de bien ! Je ne veux pas dramatiser la chose non plus. On va y aller une étape à la fois et ça va bien se faire. »

Question de se remettre dans le bain, le Québécois est conscient qu’il risque d’avoir « perdu la main » sur les engins, notamment pour les détails auxquels il a l’habitude de s’attarder. « C’est sûr qu’au niveau de l’agilité, de la rapidité du mouvement et des sensations, ça va être difficile. En gymnastique, arrêter pendant trois semaines, c’est comme si tu avais arrêté pendant un an. »

Il vise donc un retour progressif afin d’éviter les blessures, avec trois séances par semaine plutôt que les 30 heures d’entraînement effectuées avant le confinement.

« Quand on arrête un sport aussi intense d’un seul coup, si on revient et on pousse la machine au max, c’est certain qu’il y a un grand risque de blessure et c’est ce qu’on veut éviter. On a déjà été hors compétition assez longtemps, on ne voudrait pas se faire sortir encore. »

Difficile de prédire quand ce moment tant attendu viendra pour tous les gymnastes québécois. Selon le plan de déconfinement graduel du gouvernement du Québec, la réouverture des Centres d’entraînement d’excellence est prévue à la phase 6, mais ne précise aucune date à encercler au calendrier.

« Je sais que pour ma part, si j’arrive à livrer la marchandise et à être à un certain niveau gymnique, mentalement je vais vraiment être prêt pour tout donner à la compétition et signer les résultats espérés », dit Dolci.