À 115 jours de la cérémonie d'ouverture de Londres, le RDS.ca amorce une série d'articles sur des athlètes qui retiendront l'attention lors des 48e Jeux olympiques de l'histoire. Calme, concentrée et sensible, la plongeuse Émilie Heymans ne dégage pas l'énergie typique de plusieurs athlètes olympiques.

Terre-à-terre dans son approche, l'athlète de 30 ans vivra sa quatrième participation olympique et elle pourrait réécrire quelques records prestigieux.

Son palmarès olympique impressionne déjà. En trois participations au plus grand événement sportif de la planète, Heymans a savouré trois médailles olympiques (l'argent au 10m en 2008, le bronze au 10m synchro en 2004 et l'argent au 10m synchro en 2000).

En parvenant à monter sur le podium une autre fois, elle deviendrait la première plongeuse à mériter une médaille dans quatre Jeux olympiques consécutifs. Du même coup, ce serait la première fois qu'un athlète canadien se voit décerner une médaille dans quatre Jeux olympiques d'été d'affilée.

«Tant mieux si je pouvais monter sur le podium. Je crois que les probabilités sont très élevées, mais on ne sait jamais et c'est un peu la beauté du sport», a confié Heymans avec de l'éclat dans le bleu clair de ses yeux.

Ce rendez-vous historique pourrait rendre nerveux n'importe quel humain de la planète dont le sport d'élite n'est pas sa profession. Mais Heymans se fie à sa grande expérience olympique pour s'illustrer à Londres.

«Je suis certaine que ça peut m'aider», avance-t-elle au sujet de son bagage olympique. «Je veux arriver à Londres comme je me sentais à Pékin puisque ce fut mes meilleurs Jeux olympiques en terme de préparation physique et mentale.»

Heymans négocie avec la pression depuis longtemps et ce facteur semble lui couler sur le dos aussi bien que l'eau de la piscine.

«Ce n'est pas différent des autres Jeux olympiques. J'ai appris à vivre avec cela, mais la plus grande pression est celle que tu t'imposes. Je ne pense pas que tu dois penser aux résultats, mais plutôt à chaque plongeon», explique celle dont la mère et le père étaient des athlètes de haut niveau.

Certains athlètes pourraient profiter d'un tel statut pour jouer un rôle de meneur au sein de la délégation canadienne. Fidèle à son image, Heymans ne reluque pas particulièrement une telle tâche parmi les athlètes du Canada.

«Ce n'est pas comme si les autres athlètes n'avaient aucune expérience dans des compétitions d'envergure. S'ils ont besoin d'aide, je serai là pour les aider, mais je suis trop près d'eux pour agir comme mentor», a soutenu à RDS la plongeuse née en Belgique.

L'évolution du plongeon synchronisé

Heymans a vécu les premiers pas de l'épreuve de plongeon synchronisé qui a fait son entrée aux Jeux olympiques de Sydney en 2000. À l'époque, elle avait été jumelée à Anne Montminy d'une façon assez particulière.

«On avait le choix de former une équipe synchro avec les athlètes participant aux épreuves individuelles ou de faire plonger une équipe de synchro en individuel. Le Canada avait choisi la première option parce que l'individuel était plus important pour nous», a rappelé Heymans.

«Nous avions formé l'équipe deux ou trois mois avant les JO et cette épreuve avait été acceptée car ça n'augmentait pas le nombre d'athlètes. Anne et moi avions été choisies et on s'est essayées et ce n'était pas grave si ça ne fonctionnait pas», a-t-elle évoqué.

Depuis ce temps, cette discipline a fait des bonds de géant puisque la préparation a pris énormément d'ampleur. En 2010, Heymans a fait le saut avec, Jennifer Abel, une jeune partenaire qui a célébré son 20e anniversaire l'an dernier.



«Maintenant, ce n'est plus pareil. Je pense à Meaghan (Benfeito) et Roseline (Filion) qui font du synchro depuis longtemps. Le niveau a augmenté et tu n'as pas le choix de t'entraîner régulièrement pour tenir ton bout sur la scène internationale», a fait remarquer celle qui n'a jamais regretté son changement d'entraîneur de Michel Larouche à Yihua Li.

Heymans utilise elle-même l'exemple de la paire Benfeito/Filion. Ces deux plongeuses se décrivent souvent comme deux sœurs tellement elles se connaissent et se complètent bien.

Abel et Heymans ne se décrivent pas de la même façon, mais elles adorent plonger ensemble malgré leur différence d'âge considérable.

«Émilie est ma troisième partenaire et c'est avec elle que c'est le plus facile. Le synchro, ça doit venir naturellement en apportant quelques correctifs. J'apprends beaucop d'elle avec tout son expérience. C'est vraiment agréable de la côtoyer et c'est l'une des raisons pourquoi je suis rendue là», a détaillé Abel.

Ce duo, qui a travaillé à corriger un petit décalage qui subsistait dans leurs plongeons l'an dernier, mise sur deux athlètes aux personnalités assez différentes.

«Émilie est très concentrée, elle écoute des films sur son Ipod pendant les compétitions. Je suis plus du style à écouter de la musique et bouger. Si je reste trop assise, je deviens trop zen ou trop excité. J'aime voir le côté calme d'Émilie, c'est bien pour l'équipe parce qu'on s'ajuste toutes les deux pour arriver au bon niveau d'énergie», a renchéri Abel.

Charmée par la victoire de Jasey-Jay Anderson à Vancouver

Sans surprise, la grande majorité des athlètes olympiques d'été ont suivi de près les prouesses de leurs confrères canadiens à Vancouver en 2010.

Le moment préféré de ces Jeux olympiques varie selon l'athlète, mais Heymans n'hésite pas une seule seconde pour nommer l'émotive victoire de Jasey-Jay Anderson en surf des neiges.

«Tout le monde avait l'air tellement content pour lui quand il a franchi la ligne d'arrivée. Même ses adversaires étaient heureux pour lui et c'est ce que j'ai trouvé le plus le plaisant de cette course», s'est remémorée Heymans.

«Il y a tellement de compétition du style : "Moi je ne t'aime pas". Je pense notamment au 100m en athlétisme alors que l'intimidation prend plus de place que la course. J'ai juste trouvé cela tellement beau. On pouvait comprendre comme message : "Tu es le meilleur, je suis content pour toi"», a poursuivi celle qui aimerait que l'on retrouve une collection de maillots dessinée par elle en magasins au cours des prochaines années.

Parlant d'un autre sport que le plongeon, Heymans aurait eu quelques options en tête si le succès n'avait pas été au rendez-vous dans cette discipline.

«J'aurais bien aimé faire du tennis ou de la gymnastique bien sûr. Ah oui, j'aurais voulu faire de la danse, mais ce n'est pas un sport olympique. J'oubliais, j'aurais souhaité essayer le patinage artistique, mais je suis vraiment nulle en patins», a conclu en riant celle qui n'a pas raté sa vocation.