TORONTO - En décrochant la médaille de bronze au keirin, dimanche soir, au vélodrome de Milton, le cycliste sur piste Hugo Barrette a réalisé un exploit qui n'avait jamais été accompli par un Canadien.

Barrette est devenu le premier cycliste canadien sur piste à décrocher trois médailles au cours des mêmes Jeux, et le premier à obtenir l'or depuis les victoires de l'Ontarien Gordon Singleton aux épreuves du kilomètre et de la vitesse aux Jeux panaméricains de San Juan, à Porto Rico, en 1979.

« Le fait que Gordon était sur place et qu'il m'ait donné des conseils au fil de la journée a rendu le moment encore plus spécial, a admis Barrette. Il est venu me féliciter après ma conquête de la médaille d'or en sprint, et il m'a dit de savourer ce moment et de toujours regarder en avant. C'était le fruit de beaucoup d'efforts. »

Barrette a triomphé au sprint individuel et à celui par équipe, en compagnie d'Evan Carey et de Joseph Veloce, en plus d'obtenir le bronze au keirin. Aucune médaille ne le réjouit toutefois autant que celle acquise au sprint individuel, la discipline reine du cyclisme sur piste.

« Le keirin, c'est un peu moins prévisible (que le sprint), dit-il. Par contre, au sprint, c'est comme un match de boxe, il faut donc être agressif et très rapide. Je suis content d'avoir fait une percée à ce niveau-là. »

«Il a fallu que je gagne mes deuxième, troisième et quatrième courses contre des coureurs qui sont tous dans le top-10 mondial, a-t-il rappelé. Donc, d'avoir été en mesure d'aligner les victoires, d'aller chercher l'or à la maison contre eux malgré la pression, je n'en reviens toujours pas. Je me sentais vraiment comme le roi de la piste! »

Selon le Québécois, le déclic s'est produit pour lui il y a seulement quatre mois, lorsqu'il a déménagé de Los Angeles, où il était plutôt laissé à lui-même, à Hamilton, où se trouve le complexe qui deviendra sous peu le centre national d'entraînement de cyclisme sur piste. Entouré d'entraîneurs et d'un personnel qualifié, son éclosion sur la scène internationale n'était qu'une question de temps selon lui.

« J'ai passé quatre ans à Los Angeles, a-t-il mentionné. Finalement, avec le nouveau vélodrome de Hamilton, Cyclisme Canada, Sport Canada et À nous le podium ont concentré leurs efforts sur le cyclisme sur piste et bon, on voit aujourd'hui l'éclosion. Au niveau du sprint, ç'a porté fruit : on va chercher toutes les médailles, ou presque. Quand on regarde l'amélioration en seulement quatre mois, je considère que c'est très encourageant pour le futur. »

Le Madelinot, âgé de 24 ans, espère devenir le marchand de vitesse que l'équipe canadienne de cyclisme sur piste cherche tant depuis Singleton et Curt Harnett, le chef de mission aux Jeux panaméricains de Toronto et double médaillé des Jeux panaméricains d'Indianapolis en 1987.

En 2012, l'athlète de Cap-aux-Meules avait manqué de peu sa qualification pour les Jeux olympiques de Londres, mais il a indiqué que depuis ce jour il s'était servi de cette déception comme source de motivation pour Rio 2016.

« À l'époque, j'étais le petit nouveau avec l'équipe canadienne, s'est-il souvenu. Je n'avais pas beaucoup d'expérience, mais j'étais déjà à ce moment-là l'un des cyclistes les  plus rapides. L'échec de Londres 2012 n'a pas été un moment crève-coeur, parce que ça m'a motivé. Je pense que de devoir regarder les Jeux olympiques à la télé en 2012 m'a motivé à m'entraîner encore plus fort. Jusqu'à aujourd'hui, chaque jour je me réveille en pensant seulement à Rio. »

Barrette est présentement en très bonne posture pour obtenir sa qualification pour les Jeux olympiques. D'ici l'an prochain, il devra cependant participer aux championnats du monde, à trois coupes du monde et aux championnats panaméricains. Le principal intéressé ne s'en fait pas trop, surtout qu'il a maintenant trois bonnes raisons supplémentaires d'arriver là-bas gonflé à bloc.