TOKYO - Aurélie Rivard a remporté la première médaille d'or du Canada aux Jeux paralympiques samedi, tous sports confondus, grâce à un record du monde au 100 m libre S10 féminin au Centre aquatique de Tokyo.
 
Il s'agissait d’un deuxième podium depuis le début de la compétition pour la native de Saint-Jean-sur-Richelieu, au Québec, qui avait décroché une médaille de bronze au 50 libre mercredi. Elle compte maintenant sept médailles en trois participations aux Jeux, dont quatre d'or, deux d'argent et une de bronze.
 
Rivard, qui n'avait pas caché sa déception lors de la journée d’ouverture après avoir échoué dans sa tentative de défendre son titre de 2016 dans le sprint, était plus déterminée que jamais à s’imposer dans l’épreuve de deux longueurs.
 
L'athlète de 25 ans a d'abord envoyé un message clair à ses rivales lors des préliminaires du matin avec un record du monde de 58,60 secondes, abaissant sa propre marque précédente de 59,17 établie aux Jeux parapanaméricains de Toronto 2015 par plus d'une demi-seconde.
 
Elle l’a ensuite abaissée de 46 centièmes supplémentaires lors de la finale du soir lorsqu'elle a touché le mur en 58,14, loin devant les coéquipières néerlandaises Chantalle Zijderveld (1 :00,23) et Lisa Kruger (1 :00,68).
 
La course ultime était encore relativement serrée au virage, Rivard enregistrant un temps de 28,44 et Zijderveld suivant en 28,85, mais la Canadienne s'est avérée trop forte pour ses concurrentes dans le dernier droit.
 
« C'est probablement l'une des meilleures courses de ma vie techniquement », a dit Rivard, qui s'entraine au Club de Natation Région de Québec à Québec. « La journée est encore plus spéciale qu'elle ne devrait l'être, gagner l'or, surtout en raison de ce que je considère comme un échec de ma part lors de la première journée. Je m'attendais à gagner l'or (au 50 libre), je ne vais pas mentir, et je ne l'ai pas fait. Donc, le fait d’avoir pu traverser cela et d’avoir pu donner le meilleur de moi-même, surtout avec l'année que nous avons eue, avec absolument rien en termes de compétitions, c'est presque surréaliste que ce moment se produise. Beaucoup d'émotions me passent par la tête. »
 
Rivard savait en arrivant à ces Jeux qu’elle serait une cible pour ses rivales après avoir remporté trois titres à Rio 2016.
 
« À Rio, j'étais une très jeune nageuse de 20 ans qui avait tout à prouver au monde, mais je n'avais rien à perdre non plus. Donc la pression était vraiment différente. Aujourd’hui, je suis établie et je suis plus âgée, les autre filles veulent me battre. Je trouve qu'il est beaucoup plus difficile de maintenir quelque chose que de poursuivre un objectif. C'est tellement différent. C'est juste un état d'esprit différent.
 
« J’ai l’impression d’apprendre au fil des expériences. Je n’étais jamais arrivée aux Jeux paralympiques en tant que personne que les filles veulent battre. Même si je n'ai plus rien à me prouver, je veux toujours bien faire et être la meilleure version de moi-même, meilleure que je ne l'ai jamais été. Et je ne veux pas me faire battre. Maintenant que j'ai goûté à la victoire, je ne peux plus revenir en arrière. »
 
Rivard a encore trois courses individuelles à son programme dans la capitale japonaise, à commencer par le 400 libre de mercredi, épreuve dans laquelle elle est également championne paralympique en titre et détentrice du record du monde. Avant cela, elle fera partie du relais 4x100 libre féminin dimanche.
 
De son côté, la triple paralympienne Camille Bérubé de Gatineau, au Québec, a également participé à une finale pour le Canada lors de la quatrième journée, se classant huitième au 100 m brasse SB6 féminin en 1 :44,07.
 
Lors des préliminaires du matin, l’athlète de 26 ans de Natation Gatineau a établi une marque canadienne de 1 :42,80, éclipsant le standard précédent de 1 :46,27 établi en 2013 par sa coéquipière de Tokyo 2020 Danielle Kisser.
 
La Britannique Maisie Summers-Newton a remporté l'or grâce à un record paralympique de 1 :32,34. Le podium a été complété par la détentrice du record du monde, la Chinoise Daomin Liu (1 :33,30), et Sophia Herzog des États-Unis (1 :36,06).
 
« Ma course a été plutôt bonne. J'ai eu beaucoup de plaisir. J'ai définitivement dû tout donner dans la piscine ce matin. Je savais à quel point cela allait être difficile d'atteindre la finale.
 
« J'ai été un peu plus lente ce soir, mais je pense que cela montre simplement que c'est ma quatrième course en 48 heures, et la fatigue commence définitivement à se faire sentir », a déclaré Bérubé, qui a participé à sa première finale paralympique en carrière vendredi, prenant la cinquième place du 200 quatre nages individuel SM7.
 
Kisser, une athlète de 24 ans originaire de Delta, en Colombie-Britannique, a également participé au 100 brasse féminin SB6, terminant 10e en matinée en 1 :49,04.
 
Il s'agissait de la seule épreuve des Jeux pour la nageuse qui en est à ses premiers Jeux et qui s'entraine au Centre de haute performance – Québec à Montréal.
 
« C'était vraiment incroyable d'être à mes premiers Jeux paralympiques et de nager dans cette piscine avec des athlètes aussi incroyables. C'était l'objectif que j'ai toujours eu depuis si longtemps, être paralympienne, et je l'ai fait aujourd'hui, donc il n'y a rien de négatif. J'ai réalisé un rêve et je suis très heureuse. »
 
Trois autres Canadiens ont participé aux préliminaires samedi.
 
Bien qu'aucun d'entre eux n'ait rejoint Rivard et Bérubé lors de la séance du soir, leurs courses ont produit un record national et deux marques personnelles.
 
Au 100 m dos S11 masculin, Matthew Cabraja de Brampton, en Ontario, a raté la finale par une seule place malgré un nouveau meilleur temps de 1 :13,98. Il a terminé à 20 centièmes de seconde de l'Ukrainien Oleksandr Artiukhov.
 
Participant à sa troisième course en autant de jours, l’athlète de 19 ans du Cobra Swim Club s'était également classé neuvième au 50 m nage libre vendredi après avoir atteint la finale du 400 m libre lors de sa première épreuve paralympique en carrière jeudi, dans laquelle il a terminé septième.
 
« C'était une très, très bonne course. Je suis extrêmement satisfait de tout, du déroulement de la course, de la stratégie, du processus. C'était vraiment bien. J'attends avec impatience les cinq prochains jours pour regarder quelques finales de natation et me préparer pour le 100 papillon (vendredi). »
 
Au 150 m QNI SM4 féminin, Tammy Cunnington de Red Deer, en Alberta, et Nikita Ens de Meadow Lake, en Saskatchewan, qui en étaient toutes deux à leur première épreuve à Tokyo, se sont classées respectivement 13e et 17e grâce à des chronos de 3 :41,06 et 4 :34,01.
 
Le temps enregistré par Ens lui a permis d’établir une nouvelle marque canadienne pour la classe SM3. La membre du Saskatoon Lasers Swim Club détenait le standard précédent de 4 :38,29 depuis 2019.
 
« Ma course a été très bonne. C'était vraiment stressant de prendre part à ma première course paralympique, mais il y a place à l'amélioration et j’ai déjà hâte à demain », a déclaré Ens, qui doit participer au 50 m dos S3 dimanche.
 
Cunnington, une vétérane de Rio 2016 qui s'entraine au Red Deer Catalina Swim Club, sera de retour dans la piscine mardi pour le 50 brasse.
 
« Le temps n’était pas celui que je voulais. J’espérais plus de ce QNI. J'ai tout donné ce matin mais ce n'était pas ce que je voulais. J'ai le 50 brasse dans deux jours et j'ai travaillé sur cette épreuve en vue du QNI, donc maintenant je vais me concentrer là-dessus et on verra le résultat.
 
« Parce que ce sont mes deuxièmes Jeux et que je savais que la compétition allait être difficile pour moi cette fois-ci, je profite vraiment du moment et je célèbre tout ce qu'il m'a fallu pour arriver ici. »
 
Wayne Lomas, directeur associé de la haute performance et entraîneur national de paranatation de Natation Canada, était emballé par les performances de samedi.
 
« Aurélie a démontré ce soir la classe, le sang-froid et la détermination farouche qui caractérisent une vraie championne en défendant son titre de 2016 de la manière la plus définitive qui soit. Sa performance ce soir lui a valu un record personnel, un record du monde et une médaille d'or paralympique. Tout le mérite revient à Aurélie et à l'entraineur Marc-André Pelletier pour la façon dont ils ont bien planifié cette performance afin de pouvoir livrer la marchandise au moment où cela compte.
 
« Du point de vue de l'équipe, il y a eu beaucoup d'autres performances exceptionnelles dans la piscine aujourd'hui avec Nikki, Matthew et Camille, qui ont tous réussi des records personnels le matin et, dans le cas de Camille, sa deuxième finale des Jeux paralympiques. Les records personnels restent l'objectif de chaque nageur, et c'était merveilleux de voir quatre nouveaux meilleurs temps réalisés aujourd'hui. Nous avons également pu soutenir Danielle lors de ses débuts aux Jeux paralympiques et Tammy a tout donné lors de sa première course de ces Jeux. C'était toute une journée. »