Passer au contenu principal

RÉSULTATS

Un partage du savoir qui fait toute la différence pour François Gauthier-Drapeau

François Gauthier-Drapeau François Gauthier-Drapeau - Tom Taylor/Judo Canada
Publié
Mise à jour

Lorsqu'il était judoka, Antoine Valois-Fortier étudiait méticuleusement ses futurs adversaires avant chaque tournoi. Comme entraîneur, il a transmis cette éthique de travail à François Gauthier-Drapeau, un athlète en pleine ascension dans la catégorie des moins de 81 kg.

L'évolution fulgurante de Gauthier-Drapeau l'a mené à deux médailles de bronze en Grand Chelem, en février dernier. La constance étant rare et difficile à maintenir en judo, seulement quatre des 28 médaillés masculins à Tel-Aviv étaient aussi montés sur le podium à Paris, deux semaines plus tôt. Même constat dans les catégories féminines.

« Je m'attendais à me rendre loin à des tournois de temps en temps, mais j'avoue que dernièrement, ç'a un peu surpassé mes attentes », a partagé François Gauthier-Drapeau à Sportcom.

Son potentiel était connu depuis un moment au sein de l'équipe nationale. Le judoka originaire d'Alma s'est blessé à un genou avant la pandémie et l'arrêt des compétitions a retardé son éclosion. Pour débloquer sur la scène internationale, il avait simplement besoin de « plus de temps de glace », comme l'a résumé son entraîneur Antoine Valois-Fortier en entrevue.

« Après chaque compétition, on voyait qu'il allait chercher un peu d'expérience et qu'il en ressortait un peu plus outillé. C'est le métier qui entre et tu dois vivre certaines situations pour avancer. François est très intelligent, il comprend vite, apprend vite et c'est pour ça qu'il a progressé à une vitesse impressionnante. »

Naturellement, la technique et la condition physique du Québécois se sont développées, mais la plus grande amélioration s'est produite entre ses deux oreilles, dans sa préparation et sa capacité à s'adapter.

Il arrive prêt sur les tatamis et réussit à s'ajuster rapidement au déroulement du combat. Par le passé, il était plutôt du type impulsif dans le feu de l'action. En gardant son calme, son taux de réussite a augmenté pour chacune de ses présences.

« Entre deux séquences, tu n'as pas toujours le temps de réfléchir à ton plan de match. Il faut connaître la situation et s'adapter en conséquence », a spécifié celui qui est présentement classé 11e au monde dans sa catégorie.

« À force de parler avec mon entraîneur, de prévoir les éventualités et d'analyser mes erreurs, j'ai développé mes réflexes sans trop le savoir. Je n'ai plus à me poser de questions durant mes combats. »

À titre d'exemple, il compare deux duels où il a affronté l'Autrichien Shamil Borchashvili, à un an d'intervalle. Deux victoires qui n'ont pas nécessité le même effort.

« La première fois, ç'a été difficile et je suis passé à deux doigts d'une troisième pénalité. Cette année, à Paris, j'avais un plan. Je ne cherchais pas à le projeter sans arrêt et je pouvais contrôler la grip pour lui mettre de la pression. J'ai gagné en prolongation. Ç'a été long, mais je suis resté en contrôle et je n'ai jamais été en danger. Ç'a été un combat facile. »

Les meilleurs judokas semblent toujours en pleine possession de leurs moyens. Patients et stratégiques, ils savent provoquer des pénalités au bon moment chez leurs adversaires ou sauter sur l'occasion lorsqu'ils voient une ouverture. C'est cette sagesse que Gauthier-Drapeau souhaite développer pour atteindre sa première grande finale en Grand Chelem.

Selon lui, « c'est pour bientôt. »

L'avantage

François Gauthier-Drapeau a remarqué toute la portée que possède sa stratégie sur l'issue de ses combats.

« Avant, on aurait pu tirer à pile ou face à chaque séquence pour savoir si j'allais marquer ou non », a-t-il souligné.

L'arrivée d'Antoine Valois-Fortier comme entraîneur est venue changer la donne. Médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Londres et trois fois récompensé à des Championnats du monde, Valois-Fortier avait l'habitude d'étudier ses opposants de la tête aux pieds pour connaître leurs forces, leurs faiblesses et leurs tendances.

« C'était un judoka à cheval sur la stratégie, complètement obsédé par ses plans de match ! Il avait des notes pour chaque adversaire qu'il pourrait affronter », a raconté Gauthier-Drapeau.
Là où il est avantagé, c'est qu'il combat dans l'ancienne catégorie de son mentor, qui était encore cinquième au monde il n'y a pas si longtemps. Ensemble, ils peuvent récupérer le travail qui a déjà été fait et ne partent donc pas de zéro.

« Je connais tout le monde par cœur, c'est vraiment un plus! Quand tu n'es pas super bon physiquement comme je l'étais, tu dois être fiable tactiquement, a mentionné Valois-Fortier. Tant mieux si je peux partager ça aujourd'hui. François a de belles qualités physiques et mentales. Si on continue de peaufiner la tactique, il va devenir très dangereux. »

Il y a à peine un an, François Gauthier-Drapeau se réjouissait d'atteindre les quarts de finale d'un Grand Chelem. Étape par étape, il envisagera bientôt de gagner ces tournois. Le Grand Chelem de Tbilissi sera son prochain arrêt samedi, puis il participera à celui d'Antalya, en Turquie, la semaine prochaine.