MONTRÉAL - Le retour à l'entraînement est plus difficile physiquement que ce à quoi s'attendait la canoéiste Laurence Vincent Lapointe.

C'est ce qu'elle a révélé une semaine après avoir rejoint l'équipe nationale en Floride, où elle a pu reprendre l'entraînement supervisé à la suite de son absolution dans le cas de dopage au ligandrol qui a défrayé les manchettes au cours des derniers mois.

« Du côté mental, ça va bien; du côté physique, je 'rushe', mais ça va bien aussi! », a-t-elle déclaré au cours d'une téléconférence.

L'athlète âgée de 27 ans a été blanchie le 24 janvier dernier par la Fédération internationale de canoë (ICF) des accusations de dopage qui pesaient sur elle. La raison: contamination par transfert de fluides corporels. Le ligandrol coupable du test antidopage positif subi le 29 juillet dernier provenait d'un produit utilisé par l'ex-conjoint de la pagayeuse aux 11 titres mondiaux.

Obligée de s'entraîner en solo pendant les longues procédures qui ont mené à ce verdict, elle avait affirmé craindre avoir pris un peu de retard par rapport à ses coéquipières quand elle a rencontré les médias pour faire le point sur la décision de l'ICF. Ses doutes se sont confirmés au cours des derniers jours.

« C'est certain que je n'ai pas eu autant d'entraînement que j'aurais pu l'automne dernier. Par contre, je n'avais pas complètement arrêté non plus, a-t-elle expliqué. J'ai fait du cardio et d'autres trucs qui m'ont aidée à rester en forme. Sur l'eau, c'est certain que ce n'est pas la même chose. C'est la quatrième semaine où je suis sur l'eau, et je commence ma deuxième avec l'équipe. Petit à petit, au quotidien, mes entraîneurs voient que je m'améliore. »

« Personnellement, j'ai confiance en mes capacités. Je suis très forte physiquement. Il y a eu une période où je devais me concentrer davantage sur mes études et où je disposais de moins de temps sur l'eau. Ça ne me prenait pas beaucoup de temps pour rattraper le retard que j'avais sur les autres, pour revenir à un niveau acceptable. J'en ai parlé avec mes entraîneurs, car ça me stressait, et ils m'ont dit qu'il n'y aurait pas de problème. Qu'en moins d'un mois au sein de l'équipe j'aurais retrouvé un niveau acceptable. Peut-être pas au sommet de ma forme, mais un bon niveau. Je ne m'inquiète pas, j'y vais au jour le jour. Le temps que je passe sur l'eau avec mes coéquipières est positif et je fais de mon mieux. »

D'ailleurs, impatiente de nature, Vincent Lapointe s'en remet complètement à son entourage afin de ne pas aller trop vite.

« Je veux tellement reprendre mon niveau que je me demande parfois pourquoi je n'ai pas un meilleur rythme un jour donné. Mais c'est pour ça que j'ai une bonne équipe autour de moi: j'ai les entraîneurs de l'équipe nationale, l'entraîneur de mon club, une psychologue, un entraîneur dans le 'gym'. Tout le monde me dit de ne pas exagérer, de me concentrer sur la qualité plutôt que sur la quantité. »

Elle estime d'ailleurs que d'être patiente par rapport à ce retour à la compétition sera son plus grand défi à relever.

Accueil chaleureux

Vincent Lapointe est aussi heureuse de raconter l'accueil chaleureux qu'elle a reçu de la part de ses coéquipiers à son arrivée en Floride.

« En raison de ma suspension, j'ai dû être isolée du groupe, mais certains d'entre eux sont des amis, alors j'en ai croisé à l'occasion. D'autres m'ont écrit. Chaque fois que le monde me parlait, c'était très positif: il m'offrait son appui et me souhaitait que ça se finisse bien. Quand je suis revenue la semaine dernière, tout le monde était vraiment content. J'ai eu droit à un souper d'équipe avec mes coéquipières de canoë mercredi dernier. C'était vraiment 'le fun'; j'ai adoré! Même certaines personnes d'autres pays qui s'entraînent ici sont venues me dire qu'elles étaient contentes de me revoir. »

Bien qu'elle tente de tourner la page sur cette histoire et de porter toute son attention vers sa qualification en vue des Jeux olympiques de Tokyo, le délai d'appel n'est toujours pas écoulé: l'Agence mondiale antidopage et le Centre canadien d'éthique pour le sport (CCES) disposent encore de quelques jours pour porter l'affaire en appel devant le Tribunal arbitral du sport.

« Je n'ai rien entendu en ce sens présentement, mais ça ne veut pas dire qu'ils n'ont pas déposé un appel encore, a-t-elle spécifié. J'espère qu'il n'y en aura pas, mais si on va en appel, je vais me battre. »

En attendant, toute son énergie est mise sur sa qualification. Afin d'obtenir son billet pour les Jeux de Tokyo, elle doit passer par les essais canadiens. Les qualifications du C1 200 m auront lieu à Lake Lanier, en Georgie, du 16 au 19 avril. Elle peut obtenir sa qualification avec deux victoires.

Une course en C2 500 m aura également lieu lors de ces essais canadiens. Vincent Lapointe et sa partenaire, l'Ontarienne Katie Vincent, auront alors la chance de prendre une longueur d'avance sur les autres pagayeuses. Mais le Canada devra qualifier son embarcation lors d'une compétition qui aura lieu à Curitiba, au Brésil, du 7 au 10 mai.

Si le Canada obtient sa qualification, Canoë Kayak Canada enverra alors les gagnantes de la course en Georgie aux JO.