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Laurence Fournier-Beaudry heureuse de ce tournant dans sa carrière

Laurence Fournier Beaudry Laurence Fournier Beaudry - PC
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Laurence Fournier-Beaudry ne savait pas ce que l'avenir lui réservait.

La patineuse artistique canadienne était à un tournant de sa carrière après que Nikolaj Sorensen, son partenaire sur et hors glace, eut été suspendu pour six ans pour maltraitance sexuelle en octobre.

« C'était très difficile pour moi parce que le patinage est toute ma vie et que je me lançais dans une nouvelle saison qui a été annulée, a dit la danseuse sur glace lors d'un entretien téléphonique, en provenance de Paris. J'étais un peu perdue et je ne savais pas ce que je voulais faire. »

Son meilleur ami, le champion olympique Guillaume Cizeron, lui a alors fait une proposition inattendue.

Le duo a annoncé son partenariat surprise dimanche. Il représentera la France – le pays natal de Cizeron – sur la scène internationale, avec l'espoir de fouler la glace aux Jeux olympiques de Milan-Cortina, l'année prochaine en Italie.

« Quand Guillaume est arrivé et m'a lancé cette suggestion, ça m'a vraiment donné espoir de pouvoir continuer à montrer la plus belle partie du sport », a dit Fournier-Beaudry, une Montréalaise de 32 ans.

Sorensen a été suspendu par Patinage Canada à la suite d'une enquête du Bureau du commissaire à l'intégrité dans le sport (BCIS) à propos d'une allégation selon laquelle il aurait agressé sexuellement une entraîneuse de patinage artistique américaine et ancienne patineuse à Hartford, au Connecticut, en 2012.

Sorensen a nié les accusations, qui ont été rendues publiques par le quotidien « USA Today » en janvier 2024. L'affaire ne s'est pas rendue devant un tribunal.

Questionnée à savoir à quel point la dernière année avait été difficile, Fournier Beaudry a répondu: « C'est une bonne question. » Elle a pris une pause de 10 secondes, puis a ajouté: « Je ne veux pas m'étendre là-dessus. » 

Fournier-Beaudry a déclaré malgré tout que Sorensen, qui n'a pas pris la parole publiquement depuis l'annonce de sa suspension, était d'accord avec ce nouveau partenariat.

Sorensen et Fournier faisaient équipe depuis 2012 et concouraient pour le Danemark avant de représenter le Canada à partir de 2018. Ils ont patiné pour l'unifolié lors des Jeux de Pékin, en 2022, ont remporté un titre national en 2023 et ont terminé en neuvième position aux Mondiaux, l'année dernière à Montréal. C'était leur dernière compétition ensemble. 

Cizeron, pendant ce temps, a remporté cinq titres mondiaux et la médaille d'or olympique à Pékin avec sa partenaire Gabriella Papadakis, mais n'a pris part à aucune compétition depuis la saison 2021-2022. Les deux Français ont officiellement annoncé la fin de leur partenariat en décembre.

Fournier-Beaudry et Cizeron se sont rencontrés pour la première fois lors d'un camp de patinage à Oberstdorf, en Allemagne. Elle avait 15 ans, et lui 13. Leur amitié s'est développée quand Cizeron est déménagé à Montréal, il y a 11 ans, pour joindre l'Académie de patinage de Montréal, dirigée par Marie-France Dubreuil et Patrice Lauzon.

Les deux patineurs étant dans l'incertitude, Cizeron a lancé l'idée de faire équipe lors d'un souper en novembre.

« Laurence et moi étions un peu dans la même situation, dans le sens où nous avions tous les deux la possibilité de prendre notre retraite », a déclaré Cizeron, qui a joint l'appel téléphonique en compagnie de Fournier-Beaudry, à Paris.

« C'était une idée un peu folle, à l'époque, mais elle me trottait dans la tête depuis quelques semaines déjà, alors j'ai pensé la partager avec elle. »

Après quelques semaines de discussions, le duo a officiellement uni ses forces aux alentours de Noël.

« J'étais à une étape où ma carrière a été brutalement interrompue. Elle était sur pause, a dit Fournier Beaudry. Quand Guillaume m'a fait cette proposition, j'étais vraiment surprise, mais aussi très flattée de recevoir cette suggestion de mon meilleur ami et du meilleur patineur au monde. »

Fournier-Beaudry et Cizeron se sont entraînés ensemble pour la première fois à Montréal, en janvier, où ils continueront de le faire même s'ils représenteront la France.

Fournier-Beaudry a indiqué que le processus pour obtenir la citoyenneté française était déjà en cours. Elle croit que ses liens familiaux avec la France – son grand-père a été un résident pendant plus de 10 ans – et la relation du pays avec le Québec joueront en sa faveur.

La demande implique «beaucoup de paperasse», ce qui garde Fournier-Beaudry occupée en dehors de la glace, en plus de ses études à temps partiel en neuroscience cognitive à l'Université de Montréal.

Si les règles de l'Union internationale de patinage sont plus flexibles, les athlètes doivent avoir la nationalité d'un pays pour le représenter aux Jeux olympiques.

« On fait tout ce qu'on peut et on espère pouvoir participer aux Jeux olympiques, a dit Fournier-Beaudry. Mais on commencera la saison de patinage en septembre. »

Les Jeux de 2030, présentés dans les Alpes françaises, sont également sur la table – si leur santé et leur passion perdurent. Mais pour le moment, ils sont concentrés sur la prochaine saison et s'efforceront de devenir l'une des meilleures équipes de danse sur glace.

« On a beaucoup d'ambition, a dit Cizeron. La raison pour laquelle on veut continuer à patiner, c'est qu'on aime s'entraîner au plus haut niveau. »

« Il y a beaucoup d'inconnu dans ce projet, nous faisons en quelque sorte un grand acte de foi, nous croyons en notre potentiel et nous sommes des compétiteurs dans l'âme. »