Menés par Olivier Jean et Charles Hamelin, les Canadiens ont fait la pluie et le beau temps la saison dernière sur le circuit de la Coupe du monde de patinage de vitesse courte piste. Une situation qui pourrait fort bien se reproduire cette année pour l'équipe masculine qui semble plus relevée que jamais.

« C'est un calibre de finale de Coupe du monde qu'on retrouve chaque jour à l'entraînement. On est vraiment choyé d'avoir une telle équipe. Il n'y a pas beaucoup de pays qui ont cette chance », fait remarquer Charles Hamelin, fin prêt pour le retour à la compétition qui aura lieu le week-end prochain à l'Ovale olympique de Calgary.

« Chaque fois qu'on embarque sur la glace à la première Coupe du monde de la saison, on est toujours un peu plus fébrile. On ne sait jamais quel genre d'été ont eu nos adversaires et dans quelle forme nous allons les retrouver. On a toujours de petites surprises », poursuit l'athlète de Sainte-Julie.

Néanmoins, c'est avec confiance qu'Hamelin a repris la route de l'Alberta où il a dominé les sélections nationales le mois dernier. En fait, à l'aube de sa dixième année sur le circuit international, le patineur de 28 ans semble en pleine possession de ses moyens. « Les deux dernières saisons, je les ai commencées avec des blessures ce qui a ralenti ma progression. Cette fois-ci, je suis en parfaite santé et je suis très confiant de pouvoir faire encore mieux que l'an dernier. »

Quatrième aux Mondiaux de Shanghai et neuf fois médaillé aux épreuves individuelles en Coupe du monde lors de la saison 2011-2012, le spécialiste du 1000 m compte profiter des prochains mois pour peaufiner ses tactiques de course.

« Je ne veux pas être un patineur prévisible. Je ne veux pas que mes adversaires sachent ce que je vais faire avant même d'arriver sur la ligne de départ. C'est pourquoi je veux avoir plus de tactiques de course et les améliorer d'ici Sotchi. Ça me permettra d'être plus polyvalent et plus confiant. »

Olivier Jean, au sommet de son art

À la lumière des résultats exceptionnels qu'il a obtenus l'an dernier sur le circuit, Olivier Jean aussi peut se permettre de nourrir de grandes ambitions pour la nouvelle saison.

« Olivier a paru fleurir soudainement l'an dernier, mais il faut savoir que c'est un athlète qui travaille très fort depuis plusieurs années à sa préparation physique et mentale. C'est un patineur qui a une belle agilité physique et qui essaie des choses en course. Il enregistre tout sur son disque dur et il sait ressortir ce qu'il a appris aux bons moments », précise Yves Hamelin, directeur du programme sur courte piste à Patinage de vitesse Canada. « Patiner en finale, c'est un art et Olivier le maîtrise de mieux en mieux. L'an dernier, il a gagné tous les 500 m auxquels il a participé, peu importe où il était positionné en course. »

Jean, troisième aux Mondiaux en mars, parait plus satisfait que surpris des succès récoltés. « Ça fait longtemps que je travaille dans la bonne direction. C'est juste que l'an dernier plusieurs morceaux du casse-tête se sont finalement mis en place, raconte l'athlète de 28 ans. J'ai apporté plusieurs changements techniques au cours des années. J'ai plus d'expérience et je suis plus constant. J'ai aussi choisi de me concentrer sur des distances comme le 500 m et le 1000 m qui sont plus avantageuses que le 1500 m pour des patineurs de mon gabarit. » Et il y a aussi eu ce fameux changement de règlement qui a beaucoup avantagé le patineur de Lachenaie. « Avant, celui qui faisait un dépassement était responsable lorsqu'il y avait accrochage. Comme je suis le plus gros et le plus grand, les autres cherchaient le contact et c'est moi qui étais disqualifié. J'avais souvent l'impression de me faire avoir par les arbitres et c'était très frustrant. Avec la nouvelle réglementation, je n'ai plus ce problème-là et je peux performer à mon plein potentiel. »

La controverse entourant le sabotage de ses patins par un membre de l'équipe américaine lors des Championnats du monde par équipe de 2011 a très peu affecté le Québécois lors de sa préparation estivale.

« Si certaines personnes pensaient que de casser nos lames était la seule façon de nous battre et de nous intimider, c'est plutôt flatteur. Mais ce genre d'événement ne pourra pas nous ralentir en direction de Sotchi. La seule chose que ça va changer, c'est que dorénavant il y aura quelqu'un désigné en permanence à la surveillance de nos patins », indique Olivier Jean.

Une équipe redoutable

Avec des lames intactes, le relais masculin canadien promet une fois de plus d'être très relevé cette année. La compétition est d'ailleurs féroce au sein même de l'équipe canadienne où plusieurs patineurs se disputent les places disponibles.

Parmi eux, il y a Guillaume Bastille qui a aidé le relais canadien à remporter l'or aux Mondiaux de Shanghai. Deux fois médaillé aux épreuves individuelles l'an dernier, il prendra part aux quatre premières épreuves du circuit.

« L'objectif c'est vraiment de rester dans le top-6 pour suivre le groupe de la Coupe du monde », raconte le patineur de Rivière-du-Loup, tout à fait conscient de l'ampleur du défi. « Quand on connaît la profondeur de l'équipe, on sait qu'il n'y a pas de place à l'erreur. Dès que tu commets une gaffe aux essais nationaux, la question est pas mal réglée. »

François Hamelin en sait quelque chose. Après qu'il eut posé le pied sur un bloc au premier tour du 1500 m des sélections canadiennes en janvier, c'en était fait pour lui. Relégué au douzième rang du classement cumulatif, le patineur de 25 ans a été exclu du groupe sélect et contraint à courir sur le circuit provincial pendant l'hiver. Troisième lors des derniers essais nationaux, Hamelin effectuera un retour en Coupe du monde cet automne.

Une autre grosse pointure, François-Louis Tremblay, a à son tour connu des ratés aux sélections canadiennes tenues en septembre. Onzième au terme de la compétition, le vétéran de l'équipe masculine, quintuple médaillé olympique, n'a pas été retenu pour faire les premières épreuves internationales de la saison.

Michael Gilday, des Territoires du Nord-Ouest, et Liam McFarlane, d'Alberta, complèteront l'alignement canadien lors des Coupes du monde de Calgary, Montréal, Nagoya et Shanghai.