MONTRÉAL – En 2011, le Québécois Philippe-Alexandre Valiquette était à un cheveu d’atteindre son rêve de devenir un lanceur des ligues majeures.

Mais en l’instant d’un match en ligue des Cactus, tout a basculé.

L’artilleur gaucher, qui atteignait les 100 milles à l’heure avec sa balle rapide, s’est infligé une blessure très rare. Il s’est déchiré les muscles qui relient son bras gauche au dos. Son rêve d’atteindre le baseball majeur partait en fumée tout comme sa rapide qui était sa marque de commerce.

Après des années 2013 et 2014 loin du baseball, Valiquette est de retour sur les buttes de terre alors qu’il s’est joint aux Aigles de Trois-Rivières dans la Ligue Can-Am. L’an dernier, il n’avait disputé qu’un match dans la Ligue de l’Atlantique avant de revenir au Québec en raison de problèmes de visa.

« Le baseball me manquait. Je ne voulais pas finir ma carrière de la manière que ça c’était passé. De ne pas avoir de visa et de rester chez nous. Je veux finir ma carrière sur une bonne note. Essayer une dernière fois de pousser et d’avoir ma chance de lancer régulièrement. Après ça, on verra ce qui se passe », a-t-il expliqué au cours d'un entretien avec le RDS.ca au stade Fernand-Bédard avant le match d’ouverture des Aigles, mardi dernier.

« C’est là que j’appartiens, sur un monticule. J’ai eu beaucoup de fun à lancer. Je suis heureux de jouer au baseball. C’est ça que j’aime faire », a reconnu sincèrement Valiquette. 

Le releveur no 1 des Trifluviens s’accorde une dernière chance de retourner dans le baseball affilié, l’antichambre des ligues majeures. Sans son arme de prédilection, la route s’annonce ardue.

Par contre, le nom du releveur montréalais est bien connu par les dirigeants des ligues majeures. En 2010, le résident de Pierrefonds avait participé au Match des étoiles des espoirs dans le stade des Angels de Los Angeles.

« Mon agent m’a dit qu’il a appelé des équipes. Beaucoup d’entre elles sont encore intéressées à voir ce que j’apporte. C’est certain qu’au cours de l’été, elles vont sûrement venir voir où je suis rendu. Je vais essayer d’aller à tous les matchs en pensant qu’il y a des dépisteurs des équipes dans les gradins pour me voir », a indiqué celui qui a obtenu son premier sauvetage avec les Aigles, jeudi.

« S’il ne s’était pas blessé, il serait peut-être encore dans les majeures. C’est un gars que tout le monde connaît. Ce que les équipes veulent voir, c’est s’il peut lancer une année complète, avoir du succès et demeurer en santé. Ce n’est pas comme s’il a 35 ans. C’est encore possible pour lui d’avoir une deuxième chance », a signalé son gérant, Pierre-Luc Laforest, lui-même un ancien du baseball majeur.

Imiter Albers et Colabello

Philippe-Alexandre Valiquette n’aura plus jamais la balle de feu qui lui a permis de gravir les échelons de l’organisation des Reds.

Lors de ses deux sorties au stade Fernand-Bédard au cours de la dernière semaine, sa rapide atteignait les 90 milles à l’heure.

« J’éprouvais un peu de douleur au début. Mais là,ça va de mieux en mieux. Je n’ai pas beaucoup lancé depuis un an. [...] C’est mon objectif d’être ici et de retourner dans le baseball affilié. J’y vais étape par étape et je n’essaie pas de précipiter les choses. Je ne veux pas me blesser encore une fois », a-t-il affirmé, laissant planer qu’il ne pousse pas encore sa rapide au maximum.  

Philippe-Alexandre ValiquettePour garder espoir, Valiquette peut observer deux joueurs qui sont passés par la Ligue Can-Am dans les dernières années avant de ravoir leur chance dans les mineures.

Cette saison, le voltigeur Chris Colabello a saisi son opportunité avec les Blue Jays de Toronto. Celui qui a évolué dans le baseball indépendant de 2005 à 2011 frappait pour une moyenne de ,386 avant les matchs de vendredi.

Un autre exemple est encore plus encourageant pour Valiquette.

Le lanceur gaucher Andrew Albers, qui a évolué avec les Capitales de Québec en 2010, évolue dans le niveau AAA cette saison.

Albers, qui a une balle rapide avoisinant les 90 milles à l’heure, a effectué 10 départs avec les Twins du Minnesota en 2013. Il appartient aujourd’hui à l’organisation des Jays.

« Je sais qu’il ne me reste plus beaucoup de temps pour retourner alors je me donne cette saison une dernière chance de revenir. Tous les jours, je me prépare en sorte de retourner dans les mineures. En même temps, je ne veux pas me décourager si les choses se passent moins bien. J’essaie aussi d’avoir du fun avec les joueurs », a raconté Valiquette qui connaissait seulement quelques Québécois des Aigles à son arrivée.

« Jusqu’à présent, il a travaillé très fort et il fait exactement ce qu’il doit faire. Tu le vois dans son éthique de travail et dans sa mentalité qu’il veut pousser. Il n’est pas ici juste pour être ici. Il est ici avec le but de redevenir ce qu’il était avant », a résumé Laforest qui aime bien aider des joueurs à atteindre leur rêve.

Monter sur un monticule au Québec

Un match d’ouverture locale au baseball, c’est toujours spécial. Mais pour Philippe-Alexandre Valiquette, ce l’était encore plus que pour tous ses coéquipiers, mardi dernier.

Pour la première fois depuis son passage avec les Ailes du Québec, le choix de septième ronde des Reds en 2004 est monté sur un monticule dans sa province natale.

La neuvième manche approchait. Les Aigles menaient 7-2 après huit manches. Bref, pas une situation de sauvetage. Mais Pierre-Luc Laforest voulait quand même que Valiquette conclut la rencontre.

Le gaucher a accordé un double au premier frappeur auquel il a fait face. Valiquette n’a jamais été un homme très expressif, mais à ce moment, on pouvait voir la colère dans ses yeux.

Il a ensuite retiré les trois frappeurs suivants pour mettre un terme à la rencontre. Le sourire était grand sur son visage tout comme sur ceux des partisans qui célébraient la deuxième victoire de la saison des Aigles.

La saison de Philippe-Alexandre Valiquette ne fait que commencer. Le chemin est encore très long avant de savoir s’il aura une ultime chance d’atteindre son rêve.

Il devra travailler ses autres lancers – une glissante et une balle fronde – et sa précision pour regagner la confiance des dirigeants du baseball majeur.

S’il retrouve la santé, la constance et qu’il retire des frappeurs, il pourra dire mission accomplie. Après la gravité de sa blessure en 2011 et les libérations successives par les équipes des majeures, il aurait eu toutes les raisons de passer à autre chose.

L’amour du monticule était toutefois trop grand pour ne pas essayer une dernière fois.

Et s’il ne réussit pas, parions que Pierre-Luc Laforest fera tout pour le convaincre de rester à Trois-Rivières.