Ce qu'on ne voulait pas croire s'est malheureusement concrétisé, Gary Carter s'est éteint.

Parmi les athlètes les plus populaires de son époque, l'ancien receveur a marqué la trop courte histoire des Expos, non seulement par ses prouesses sur le terrain, mais par son charisme et son désir de plaire à tous! Les amateurs des Expos de l'époque ont tous leurs souvenirs du grand numéro 8. Je vous partage les miens!

Si le baseball a pris une grande place dans ma vie, Gary Carter en est pour quelque chose. Lorsqu'on devient un athlète de haut niveau, on ne réalise pas tout l'impact que nous avons sur les jeunes. Tous les gestes posés sont imités, copiés et analysés. Vous vous rappelez sûrement du geste de Carter qui montait ses manches de son uniforme à chaque fois qu'il se plaçait dans le rectangle des frappeurs? Quand j'avais environ 8 ans, on m'a demandé à quelle position je voulais jouer ? Sans hésitation, je voulais être le receveur et en prime, je voulais le numéro 8. Dès cet âge, j'observais tous les gestes de Gary et j'appliquais du mieux que je pouvais ce que je voyais. En grandissant, j'appréciais davantage les prouesses de Carter. Un frappeur opportun, un bras canon et surtout, il semblait avoir tant de plaisir à jouer. Après chaque victoire de son équipe, il avait ce large sourire qui vous éblouissait! Quelle fierté de le voir représenter les Expos aux matchs des Étoiles du baseball majeur avec son uniforme bleu poudre et ses souliers à crampons blanc!

Le départ de Carter pour les Mets a été assez brutal. Comment pouvions-nous, les Expos, se départir du meilleur receveur du baseball? Meilleur que Johnny Bench à qui on ne cessait de comparer! Peu importe, j'étais un fan de Gary et j'allais continuer de suivre ses exploits et de l'encourager…sauf contre les Expos!

Pendant ce temps, je continuais mon cheminement dans le baseball amateur, toujours comme receveur jusqu'au jour où on m'a fait réaliser que si je voulais me développer davantage dans ce sport, je devais changer de position. Je faisais donc une croix sur la position de receveur, mais ce que je voulais vraiment, c'était de jouer avec la même intensité et du même coup, avoir autant plaisir que Carter. Cette attitude fût la bonne puisque j'ai franchi d'importantes étapes dans le baseball jusqu'à devenir moi-même un joueur professionnel.

À mon 1er camp d'entraînement chez les Dodgers de Los Angeles en 1989, on m'utilise à quelques reprises dans les matchs de la ligue des pamplemousses en Floride. Le 27 mars de cette même année, Tommy Lasorda m'insère dans la formation partante. Je réalise tout à coup que je joue aux côtés d'Eddy Murray, Willie Randolph et Mike Scioscia pour ne nommer que ceux-là. Je suis tellement énervé que je ne réalise pas immédiatement que nos adversaires sont les Mets de New York et Gary Carter! Vous comprendrez que je me rappelle de chaque moment de ce match alors que non seulement je me suis présenté au bâton et Gary Carter agissait comme receveur, mais en plus, j'ai obtenu trois coups sûrs dont deux contre David Cone qui venait tout juste de remporter le trophée Cy Young l'année précédente. Après le match, sachant que je venais du Québec, Carter est venu me féliciter en me disant : Way to hit the ball…kid!!
Le kid! Le vrai, venait de m'appeler lui-même le kid??

Quelle ne fût pas ma surprise lorsque deux ans plus tard, Carter est embauché par les Dodgers. Au printemps 1993, lors d'un match au Municipal Stadium à West Palm Beach ironiquement contre les Expos, Gary Carter est derrière le marbre et moi j'évolue au champ centre. Imaginez un instant que vous êtes sur le même terrain, dans la même équipe que votre idole de jeunesse…un moment inoubliable!!

En décembre 1991, je suis échangé aux Expos. Durant l'hiver 1992, Gary Carter lui, signe un contrat avec les Expos! Tout juste avant le début de la saison régulière, je me retrouve au Stade Olympique afin de disputer deux matchs préparatoires contre les Blue Jays de Toronto. Malheureusement, je venais d'apprendre que j'avais une blessure assez importante au coude qui m'empêchait de lancer la balle, mais qui me permettait tout de même d'agir comme frappeur. Un peu découragé de cette mauvaise nouvelle, je trouvais injuste la situation dans laquelle je me trouvais. Par contre, celle-ci m'a permis de vivre un autre moment magique avec Carter. J'étais bien assis sur le banc des joueurs lorsque Tom Runnells, le gérant de l'époque, me fait signe de prendre un bâton. Il vient me voir et me dit de me préparer car je vais frapper pour… Carter! Gary lui, est déjà au cercle d'attente! C'est alors que Runnells fait signe à Carter de revenir au banc. Je croise Gary afin de me rendre moi-même au cercle d'attente et il me regarde dans les yeux et il me dit : Have fun Griff! Enjoy and have fun! De l'écrire me fait encore vibrer aujourd'hui!

J'ai eu par la suite l'immense privilège de travailler avec Gary alors que nous étions tous les deux commentateurs des matchs des Expos. Il a toujours été un gentleman, un vrai. On dira ce qu'on voudra de Gary Carter, pour moi, il est un des plus grands athlètes à avoir porté l'uniforme d'une équipe montréalaise. Un maître à sa position, un frappeur puissant et opportun, toujours souriant, un peu baveux, un brin arrogant, toujours disponible pour les médias et surtout, un vrai bon gars!

Merci Gary! Sache qu'on ne t'oubliera jamais.