MONTRÉAL – Le 2 octobre 2001, Tim Raines fils est installé au bâton. Entre deux lancers, il se retourne vers l’abri et aperçoit un joueur qui ressemble à deux gouttes d’eau comme son père. Impossible se dit-il, son père en était à son deuxième séjour avec les Expos de Montréal à cette époque.

Déconcentré, Raines fils perd ses moyens et il est retiré sur des prises. Peu importe, il ne pensait qu’à retourner vers l’abri pour en avoir le cœur net.

Alors qu’il s’approche, la voix la plus familière à ses oreilles lui lance : « Salut mon gars, ça va? »

Les émotions s’emparent des deux hommes qui sont alors devenus uniquement le deuxième duo père-fils à jouer ensemble pour la même équipe après les Griffey.

En plus des séquences sportives, ce moment est l’une des nombreuses scènes marquantes de la carrière de Raines qui est racontée dans le nouveau documentaire que RDS lui consacre (22h 15 à RDS Info et en rediffusion dimanche le 29 octobre à 19h). La famille a été au cœur de la réussite du voltigeur qui a été intronisé, en juillet, au Temple de la renommée du baseball.

Les déclarations de ses parents et de ses deux garçons, Tim fils et Andre, sont touchantes dans ce documentaire.

« Avec le métier que je pratiquais, tu n’as pas la chance de voir ta famille souvent pendant la saison. C’est encore plus vrai quand ils vieillissent parce qu’ils commencent à faire du sport de leur côté, ils vont à l’école et tout ça. Par exemple, quand je jouais à Montréal, ils allaient à l’école en Floride. C’était difficile d’être un père, d’être la figure paternelle pendant la saison », a admis Raines en entrevue au RDS.ca.

« Au moins, la longévité de ma carrière leur a permis de me voir jouer et j’ai même pu partager jouer avec Little Rock (le surnom de Tim fils) », a-t-il ajouté.

On aurait pu croire que Raines aurait conservé plusieurs souvenirs précieux de ces parties mémorables aux yeux d’un père, mais ce n’est pas le cas.

« Je suis vraiment mauvais pour garder des souvenirs. J’ai des photos, mais pas trop de souvenirs. Ça n’a jamais été mon style. Je donnais plutôt mes trucs. Je me rappelle d’avoir lancé ma casquette quand j’avais gagné le titre de joueur par excellence au Match des étoiles à Oakland (en 1987). J’ai donné beaucoup plus de choses que j’ai pu en garder. En fait, mes amis ont plus de souvenirs, mais je ne serais pas capable de les ravoir maintenant », a-t-il lancé en riant puisque leur valeur a grimpé.

Malgré ses nombreux voyages, Raines a trouvé le moyen d’être un « bon père » et pas seulement le héros de ses fils.

« Oui, c’était important pour moi que ce soit le cas. Quand la saison prenait fin, je m’assurais de passer beaucoup de temps avec eux. Je savais que c’était la seule période pour le faire. Évidemment, j’ai d’abord eu deux fils donc j’ai voulu leur dire qu’ils n’avaient pas à essayer de faire comme leur père. J’ai toujours supporté leurs choix », a noté celui qui a volé 808 buts en carrière.

« Je n’oublierai jamais la fois qu’Andre est venu me voir vers la fin de l’école secondaire pour me dire qu’il préférait se diriger vers le football. Il pensait que je serais fâché. Ils n’avaient pas à ressentir la pression de suivre mes traces et c’était inévitable en jouant au baseball. Tim a quand même choisi cette voie et il a bien vécu avec ça », a poursuivi Raines qui était de passage à Montréal.

Au fil des dernières années, Raines a découvert un autre rôle familial fascinant, celui de grand-père.

« Depuis que j’ai été intronisé, mon petit-fils le plus vieux est si fier. Il veut toujours me parler. C’est vraiment cool de voir qu’ils sont fiers de leur grand-père et qu’ils le seront pour toujours », a raconté avec les yeux brillants l’homme qui est grand-papa trois fois.

Cette entrée au Temple de la renommée a même provoqué un effet bénéfique chez sa mère.

« C’était vraiment la cerise sur le sundae pour mes parents. Ma mère a été passablement malade pendant un certain temps et quand la nouvelle est arrivée et qu’elle a réalisé qu’elle aurait à être assez en santé pour se déplacer à la cérémonie, sa santé a fait des pas de géants. C’était comme un revirement complet. Elle était pleine de vie, elle riait… Ce moment l’a éloigné de ses pépins de santé. Je m’assure de lui parler souvent pour m’assurer qu’elle garde cette étincelle », a témoigné Raines.

Rien ne se compare à une Série mondiale ou au Temple de la renommée, mais Raines est heureux de l’effet de ce documentaire et particulièrement pour ses deux jeunes filles.

« C’est important, c’est une partie de ma vie qu’elles n’auront pas vécue. J’ai même attendu un certain temps avant de leur expliquer qu’ils ont deux frères plus âgés. Maintenant, elles sont plus capables de comprendre un peu. Tout ce qu’elles savent, c’est que tout le monde dit que leur père a été un bon joueur et qu’il a été intronisé au Temple de la renommée. C’est drôle parce qu’elles n’arrêtent pas de répéter ‘My dad is a Hall of Famer’ peu importe où on va. Je leur dis de ne pas faire ça », a conclu Raines avec un grand sourire.