Depuis quelques jours, plusieurs me demandent si Larry Walker est un joueur qui devrait être membre du Temple de la renommée du baseball. La réponse est oui. Alors pourquoi se retrouve-t-on dans une situation où il ne reste que deux ans à Walker pour obtenir les 75 % des votes requis? Il y a plusieurs explications.

Walker n’était pas le genre de joueur exceptionnel qui fait son entrée dès la première année d’admissibilité comme très peu le font. À sa première tentative, il avait obtenu 20,3 % des votes. À sa deuxième, en 2012, il avait grimpé à 23 %. Puis, en 2014, il a chuté à 10,2 %. Aussi bien dire qu’il sombrait dans l’oubli total. Or, les statistiques le placent aujourd’hui dans une situation beaucoup plus enviable.

En 2016, il a obtenu 21,9 % des voix, puis 34,1 % l’an dernier. L’effet Tim Raines pourrait aider grandement Walker à faire une montée en flèche dans les suffrages dès cette année, ce qui le positionnerait avantageusement l’an prochain à sa dernière année d’admissibilité. Je m’explique.

Raines avait obtenu un pourcentage de 46,1 en 2014 et rien ne laissait présager que trois ans plus tard, il allait recevoir 86 % des votes. Une belle campagne s’est orchestrée et les nouvelles statistiques avancées ont fait réaliser à plusieurs à quel point Raines méritait de faire son entrée au Temple. Peut-on espérer la même chose pour Walker?

Un peu de statistiques...

 

Walker

Guerrero

Raines

Dawson

Moyenne

,313

,318

,294

,279

Moyenne de présence

,400

,379

,385

,323

Moyenne de puissance

,565

,533

,425

,482

WAR

72,6

59,3

69,4

64,8

Coups sûrs

2160

2590

2605

2774

Circuits

383

449

170

438

Buts volés

230

181

808

314

OPS

,965

,931

,810

,806

OPS+

141

140

123

119

wOBA

,412

,390

,361

,350

Rtot

98

68

-7

70

 

WAR : (Wins Above Replacement) est une donnée qui vise à évaluer un joueur en comparaison à s’il était remplacé par un joueur dans la moyenne. Ce n’est pas parfait comme statistique et ça exige des tonnes de calculs, mais c’est une donnée de plus en plus populaire.

OPS : (MPP en français) Moyenne de présence + puissance.

OPS+ : une donnée similaire, mais qui inclue aussi le type de stade dans lequel le jouer évolue.

wOBA : une nouvelle donnée qui détermine la valeur de la présence sur les buts du joueur.

Rtot est le nombre de point que son jeu défensif a valu en rapport à la moyenne

Si on le compare comme dans le tableau ci-dessus à tous ces anciens voltigeurs des Expos, Walker se positionne plus que favorablement,  et on s’entend pour dire que les trois autres méritent amplement leur place à Cooperstown.

Certains vont mentionner le fait qu’il a joué au Colorado et qu’il a donc eu un avantage puisque la balle voyage mieux en altitude. Voici donc les statistiques de Walker si on exclut tous les matchs joués à Denver, comparativement à des joueurs déjà intronisés.

 

Walker

B. Larkin

R. Sandberg

K. Puckett

E. Banks

Moyenne

,282

,295

,285

,318

,274

Moy. présence

,372

,371

,344

,360

,330

Moy. puissance

,500

,444

,452

,477

,500

 

Vous avez beau tourner les statistiques d’un côté comme de l’autre, le gars à sa place au Temple. On peut débattre d’ailleurs du fait qu’il a possiblement été le joueur le plus complet à avoir porté l’uniforme des Expos. Il pouvait tout faire sur un terrain. Il a même excellé comme joueur de premier but avec les Expos. Walker frappait pour la moyenne, il avait de la puissance, il était capable de voler un but dans les moments importants et il a été le voltigeur de droite qui a couvert le plus de terrain. Il était même meilleur que Vlad à ce niveau. Guerrero avait un meilleur bras que Walker, mais ce dernier n’était pas loin derrière et il était plus précis.

J’ai rencontré Walker pour la première fois en 1987 à Vancouver alors que je jouais pour le NBI (National Baseball Institute). Il venait de connaître une saison remarquable au niveau AA dans l’organisation des Expos. Natif de Maple Ridge en Colombie-Britannique, Walker était venu nous parler du baseball professionnel. Déjà, tu voyais que le gars était un bouffon qui s’amusait. Une sérieuse blessure dans le baseball d’hiver lui a fait perdre toute la saison 1988.

Lorsque je me suis retrouvé dans l’organisation des Expos en décembre 1991, Walker était un joueur établi et tout le monde savait que ce gars-là avait un talent hors du commun. Généreux, c’est lui qui me fournissait en gants de frappeur pendant mes saisons dans les rangs mineurs. Ce qui était toutefois fascinant dans son cas, c’est qu’il n’était jamais nerveux. Walker blaguait constamment, sans arrêt et peut-être même un peu trop. Mais comment l’empêcher lorsqu’il produisait de la sorte? Il n’était pas parfait dans son comportement avec les journalistes ou même avec les invités spéciaux lorsque venait le temps de les saluer, mais ses coéquipiers l’adoraient et il avait le tour de les faire rire dans les moments plus sombres d’une longue saison.

Il serait temps pour les chroniqueurs de baseball d’Amérique d’analyser de près le dossier de Larry Walker. L’ancien numéro 33 a sans aucun doute sa place parmi les meilleurs de son sport!