Plusieurs amateurs de baseball ont des avis partagés sur le baseball joué en 2018. Les défensives spéciales, le vide entre les circuits et les nombreux retraits au bâton, l’angle du bâton et j’en passe. Ces nouvelles façons de jouer ne font pas l’unanimité, mais voici un portrait de la petite histoire de cette nouvelle ère.

L’ère Moneyball n’est pas révolue, mais la tendance est maintenant ailleurs. Moneyball mettait l’accent sur la moyenne de présence sur les buts ce qui a eu pour effet d’augmenter considérablement la moyenne de lancers par frappeur.

La patience au bâton était donc de mise, mais tout ça a eu pour effet d’augmenter la durée des matchs ce qui a créé d’autres défis pour la MLB. Cette façon de faire a aussi changé les tendances du lanceur. En raison de cette patience au bâton, les partants lançaient de moins en moins de manches, mais avec le même nombre de lancers. Ils ont décidé d’inventer une nouvelle statistique pour les départs de qualités qui se traduit par trois points mérités ou moins en six manches de travail.

Par contre, de l’ère Moneyball est née la statistique OPS ( que l’on traduit par MPP : Moyenne de présence + puissance) qui à juste titre donne, selon moi, la meilleure valeur du frappeur.

Par contre, les lanceurs de puissance, de plus en plus nombreux, ont fait exploser le nombre de retraits sur des prises et en ajoutant les défenses spéciales, les frappeurs se sont retrouvés dépourvus.  Ils ont donc eu l’idée de soulever la balle davantage pour deux raisons bien simples.

La première étant que seulement trois joueurs sur neuf en défensive couvrent plus de la moitié du terrain, donc la balle a plus de chance de tomber en lieu sûr, lorsque frappée en hauteur au champ extérieur. Avec la qualité des athlètes qui jouent à l’avant-champ, frapper une balle au sol devient presque un retrait sûr.

Le deuxième étant la possibilité de frapper un circuit est aussi nettement supérieur. Le frappeur a donc tassé de la main l’approche à deux prises qui se voulait une approche de faire contact et protéger sa présence. La plupart des frappeurs ont décidé de s’élancer avec force et puissance, peu importe le compte dans lequel il se trouve. C’est à ce moment que la statistique (Launch angle) l’angle du bâton est devenue populaire. Un bâton qui au moment du contact se retrouve dans un angle entre 25 et 35 degrés fera voyager la balle en hauteur considérablement. L’ajout de ces lanceurs de puissances a aussi aidé les frappeurs à frapper des balles à des distances folles parce que nous sommes maintenant en mesure de calculer la vitesse de la balle qui quitte le bâton. Autrement dit, dans le baseball d’aujourd’hui, le frappeur ne s’en fera plus pour sa moyenne au bâton, longtemps considéré comme LA statistique.  Non, un frappeur va s’analyser en sachant sa vitesse de contact avec la balle et son angle de bâton. Évidemment, les frappeurs savent que ça vient avec un prix, et ce prix est les retraits sur des prises à profusion.

En bout de ligue, on se retrouve avec du baseball de circuits et de retraits sur des prises et honnêtement, pas grand-chose entre les deux. Mais, soyons en mode solution. Pour éviter que cette façon de jouer persiste, il y quelques pistes de solution. En voici quelques-unes :

Tout d’abord, les frappeurs devront revenir à la base et ainsi éviter les défensives spéciales. Autrement dit, utiliser tout le terrain. Plus difficile à faire avec un angle du bâton contrôlé et un élan violent, mais tout de même réalisable. Ou encore de développer un contrôle du bâton qui permettrait de frapper des balles à l’opposé des défenses spéciales.  À la limite, de travailler à déposer des amortis contre les défenses spéciales.  

Appeler la prise au-dessus de la ceinture. Il y a trop de comptes de trois balles et deux prises parce que ce tir n’est pas appelé une prise. Les frappeurs s’élanceraient plus tôt pour éviter de tomber rapidement à deux prises. Ça donnerait un meilleur rythme et des frappeurs plus déterminés tôt dans le compte.

D’ailleurs, l’idée de s’élancer plus tôt devrait faire son bout de chemin. D’année en année, la moyenne des frappeurs sur le premier lancer est de ,345 et un MPP de ,940. Voici un tableau sur des comptes favorables tôt dans le compte :

Compte Moyenne MPP
0-0 ,340 ,940
1-0 ,356 ,980
2-0 ,346 ,975
0-1 ,320 ,828
1-1 ,334 ,873

Et lorsqu’un frappeur tir de l’arrière dans le compte, à vous de juger si c’est favorable :

Compte Moyenne MPP
0-2 ,115 ,382
1-2 ,172 ,422
2-2 ,179 ,464

Le baseball change et honnêtement change pour le mieux. Parce que le baseball n’a jamais compté sur autant d’athlètes de pointe. Les joueurs sont plus forts, rapides, agiles et mieux préparés. Le baseball en sortira gagnant avec des jeux plus spectaculaires, des circuits à des distances encore jamais vus, des lanceurs de puissances et des matchs joués avec un bon rythme.

J’aime bien le baseball 3.0 ou somme-nous rendus à 4.0?