À 21 h 15, mercredi 11 septembre 2019, Jonathan Villar des Orioles de Baltimore frappe le 6106e circuit de la saison pour ainsi établir une nouvelle marque du Baseball majeur avec plus de deux semaines encore à écouler à la saison régulière.

Le baseball a changé et plusieurs trouvent que le baseball est devenu une affaire de circuits et de retraits sur des prises.  Il n’y a plus de « frappe et court » et moins de vols de but. On ne s’y retrouve plus. On ajoute la durée et le rythme des matchs que d’autres critiquent. Les assistances semblent en perte de vitesse dans de nombreux marchés au point où plusieurs parlent que le baseball se meurt. Cette semaine, mon collègue, Alain Usereau, lui-même une encyclopédie de baseball, me transfert un article du Sports Illustrated écrit par Emma Baccellieri. Alain me rappelle que le baseball a traversé des périodes similaires et que celle que l’on vit présentement n’est pas différente. L’article de Baccellieri est fascinant en ce sens et démontre que depuis plus de 100 ans, on se pose la même question. Pourquoi le baseball se meurt?

Baccellieri a entendu parler que le baseball se meurt par son père qui lui avait dit que son grand-père disait la même chose et ainsi de suite. Elle a fait une intense recherche des différents journaux en reculant 150 ans dans le passé (de 1869 à 2019) pour savoir pourquoi le baseball se meurt, semble-t-il, depuis si longtemps?

En 1939, Charlie Grimm, qui a passé 22 ans dans le Baseball majeur à titre de joueur et gérant, était devenu un commentateur radio et avait ceci à dire : « Le nouveau baseball est devenu faible. Les lanceurs se plaignent souvent de leurs maux de bras. Beaucoup plus facile de jouer aujourd’hui que lors de mes 22 ans ».

D’autres ont pris la balle au bond ajoutant que le baseball se mourait aussi dans les écoles secondaires aux États-Unis et dans les petits villages.

Évidemment, la première et deuxième guerre mondiale ainsi que la popularité des automobiles et l’invention de la télévision sont toutes des raisons pour expliquer la perte de popularité du baseball à un certain moment donné. Mais un article de l’Oakland Tribune, daté de 1905, indique que le baseball se meurt et que les gens délaissent le baseball pour le football et le golf.

En 1955, des chroniqueurs se plaignaient du rythme des matchs et que le baseball ne survivrait pas s’il n’y a pas de changements. En 1962, la durée des matchs faisait déjà jaser. Dès 1967, un chroniqueur se plaint du nombre élevé circuits! Pourtant, en 1967, le baseball avait atteint son plus bas niveau de circuits depuis 1952.

La recherche de Baccellieri ne s’arrête pas là, alors qu’elle a épluché une centaine d’articles en plus d’étudier d’autres recherches en ce sens. On s’aperçoit assez vite que les critiques que l’on entend en 2019 sont finalement que du réchauffé. Le baseball a très bien passé au travers une multitude d’étapes, de défis et de changements et 2019 ne fait aucunement exception.

Lorsque Babe Ruth a commencé à frapper des longues balles dans les années 1920, on trouvait que le baseball avait changé et que le sport était devenu qu’un spectacle de balles frappées hors du terrain. Jackie Robinson a ramené le baseball excitant vers la fin des années 1940 avec sa vitesse et son côté athlétique. Oups, Roger Maris et Mickey Mantle reviennent à coups de circuits, tout spécialement en 1961. On pourrait continuer de la sorte et parler des gazelles des années 1970 qui volaient des buts à profusion, jusqu’aux circuits de Sammy Sosa et Mark McGwire dans les années 1990. Ken Griffey fils et Barry Bonds ont certes offert un spectacle à la hauteur.

Tout ça pour dire que le baseball se porte à merveille. Il y a d’autres défis qui se pointent à l’horizon, mais l’histoire de ce sport nous indique de façon claire qu’il a une place importante parmi les amateurs de sports. Même s’il y une faible baisse d’assistance, le baseball amateur aux États-Unis et au Canda connaît une forte hausse présentement et les diffuseurs investissent encore et toujours des millions de dollars pour les droits.

Le baseball est donc là pour rester et nous faire vivre des moments comme le circuit d’Abraham Toro à Toronto pour assurer le match sans point ni coup sûr de Justin Verlander et combien d’autres.

Sachez aussi qu’il y aura des changements et que la zone électronique, à titre d’exemple, s’en vient qu’on aime ou pas. Mais l’essentiel sera toujours le duel lanceur-frappeur, et ça ne changera pas! Alors, arrêtons de se poser la question, pourquoi le baseball se meurt? On devrait plutôt se demander, comment le baseball fait-il pour se démarquer?