Malgré la fragilité de la situation, le Baseball majeur a réussi tant bien que mal à démarrer sa saison 2020. La décision de jouer dans les stades des équipes et non dans un ou des endroits désignés comme le font la LNH et la NBA ajoute un niveau de défis sans précédent. D’ailleurs, de sérieuses discussions sont déjà entamées afin que les séries puissent se jouer dans ces fameuses bulles afin de pouvoir commencer, mais surtout compléter les séries. En fait, compléter la saison serait déjà un exploit. 

Que pouvons-nous retenir de ces premières semaines à jouer au baseball dans un contexte inimaginable il y a à peine cinq mois?

La discipline des joueurs

La MLB a acheté un laboratoire, a mis en place des protocoles en matière de sécurité et a envoyé des avis très clairs aux joueurs. Malgré tout, il aura fallu des éclosions à l’intérieur de deux équipes, les Marlins et les Cards, pour que l’on commence à prendre le tout au sérieux. Pire encore, deux joueurs des Indians ont décidé que de sortir un samedi soir à Chicago n’avait rien de mal. Nonobstant les efforts déployés par la ligue, les équipes et les villes, la discipline des joueurs déterminera si la saison se terminera ou non.

Le coureur au 2e en manche supplémentaire

J’avoue que je n’étais pas entiché à l’idée au départ, mais je comprenais la décision du baseball en raison de calendrier de 60 matchs en 66 jours si tout allait bien. Les matchs de plus de 12 manches allaient hypothéquer une équipe sérieusement donc il y avait une logique derrière cette décision. Quelques matchs en manches supplémentaires plus tard, l’idée fait son chemin et je trouve que cette règle, pour la saison régulière seulement, est parfaitement justifiée. Ça ajoute de la stratégie et des prises de décisions rapides, donc de l’action assurée en fin de partie. On évite également des matchs de cinq heures que les réseaux de télévision détestent de toute façon.

Programme double de sept manches

En raison de tous les matchs annulés des Marlins et surtout des Cards, cette proposition lancée une fois la saison commencée est aussi parfaitement justifiée. La saison 2020 est différente à tout point de vue, alors pourquoi ne pas y aller de nouveauté et les mettre à l’essai? Qui sait, la prochaine convention collective vient à échéance à la fin de la saison 2021 et les joueurs voudront négocier une journée de congé par semaine. Si l’on insère des programmes doubles au calendrier comme dans le temps, pourquoi pas deux matchs de sept manches? Sur une saison de 162 matchs, on parle ici de 26 matchs de 7 manches en moyenne par équipe. Les équipes jouent en moyenne plus de 1450 manches en temps normal. Avec des programmes doubles au calendrier, on parle ici de jouer environ 4% moins de manches. Je ne serai pas contre si jamais le baseball penche dans cette direction.

Le frappeur de choix

Désolé pour les puristes, mais le frappeur de choix dans la Ligue nationale est là pour de bon. Ce n’est même plus un débat. L’amorti sacrifice est en voie d’extinction. Les stratégies se feront ailleurs. Par contre, ce que je déplore le plus de ne plus voir les lanceurs frapper, c’est la décision d’enlever un partant qui allait bien pour un frappeur suppléant. Ces décisions pouvaient avoir une grande influence sur le dénouement du match et plaçaient les gérants dans des situations délicates. 

Les lanceurs ont le dessus, mais à quel prix?

Lorsque les D-Backs ont placé le nom de Madison Bumgarner sur la liste des blessés, il est devenu le 56e lanceur à s’ajouter sur cette liste qui n’a rien à voir avec la Covid-19. Si l’on compare les deux dernières saisons sur la même période, ce sont entre 18 et 24 lanceurs blessés. Le mini camp d’été de trois semaines était-il suffisant pour la préparation des lanceurs? La question se pose sérieusement. Difficile d’évaluer quel genre d’entraînement les lanceurs ont fait lors du confinement, mais même si un lanceur se sent bien, la préparation d’un bras de lanceur ne peut pas sauter d’étape. D’autant plus que les lanceurs lancent de plus en plus fort. 

À l’inverse, les lanceurs ont dominé les frappeurs après le premier quart de la saison. Le MPP des frappeurs (moyenne de présence + moyenne de puissance) est en nette baisse. La moyenne de ,755 l’an dernier est tout juste au-dessus de ,700 cette année. Huit équipes avaient un MPP supérieur à ,800 en 2019, aucune jusqu’ici en 2020. Par contre, j’ai confiance de voir les frappeurs s’ajuster. Ça prend 50 à 75 présences au bâton pour la plupart des frappeurs afin de trouver leur synchronisme. Je ne serais pas surpris de voir le MPP augmenter considérablement lors de deux prochaines semaines.

Gérants, Blue Jays, etc…

Si les séries commençaient aujourd’hui, les Tigers et les Marlins y seraient. Loin d’être convaincu que ce sera le cas à la fin de la saison, mais ça prouve tout de même qu’une saison de 60 matchs, c’est très court. En ce sens, je trouve que trop de gérants ont la mentalité de gérer une longue saison et de laisser passer des opportunités de gagner des matchs au détriment du développement. Je ne vise pas Charlie Montoyo, qui compte sur une jeune équipe. Même si les Jays ont une excellente équipe sur papier, il faut laisser les kids prendre cette maturité nécessaire. Dans deux ans, les Jays lutteront pour la première place de leur division.

Mike Trout est toujours le meilleur joueur au monde, mais lorsqu’Aaron Judge est en santé tout comme Fernando Tatis Jr, le baseball a plusieurs visages qui le représentent très bien. Luis Robert des White Sox est la recrue à surveiller dans le Baseball majeur, mais attention à Kyle Lewis des Mariners. Le talent de la prochaine génération est spectaculaire. Une bonne nouvelle pour un sport qui a besoin de ce genre d’athlète pour rajeunir sa clientèle.