Je suis bien placé pour vous dire que le rêve de chaque joueur qui se démène dans les rangs professionnels mineurs est d’atteindre un jour le baseball majeur. Souvent, il n’y a même pas de plan B, puisque toutes les énergies, les pensées et les efforts sont dans l’unique but de jouer en haut! Si on pense à notre après-carrière lorsque nous sommes joueurs, on a l’impression de tricher et d’avoir des pensées négatives de ne pas réaliser le rêve. Même lorsqu’une équipe abandonne sur vous, on s’accroche et souhaite avoir la chance avec une autre organisation. Croire en nous est totalement essentiel. Puis, les années passent, l’âge nous rattrape, les occasions disparaissent tranquillement et le rêve devient de moins en moins atteignable.

Par contre, le bagage d’expérience de toutes ces années doit permettre d’aider une organisation de quelconque façon. Et c’est exactement ce que Josué Peley vivra lors des prochains mois avec les Jays.

Peley est née au Venezuela, mais s’est retrouvé au Québec dès l’âge de 10 ans. Il avait certes des habiletés naturelles au baseball, et a continué sa progression au Québec. Il a été repêché par les Nationals de Washington en 2005, mais n’a pas signé de contrat et a été repêché par les Pirates de Pittsburgh en 2006, l’organisation avec laquelle il a amorcé sa carrière professionnelle. Il passera à l’organisation des Red Sox en 2010 pour se retrouver avec les Capitales de Québec pour la saison 2012. Il avait joué près de 300 matchs professionnels dans le baseball affilié, mais comme tout joueur qui croit en lui, il décide de tenter l’aventure avec les Capitales. Il connaîtra deux excellentes saisons à Québec. Près de 100 matchs joués, une moyenne frôlant les ,300 et toujours son bras canon.

Malgré ces deux saisons qui ont permis d’apprécier son énorme talent et durant lesquelles il s’était entraîné avec Russell Martin, l’appel tant attendu n’est jamais venu. L’appel d’une autre équipe affiliée à une équipe du baseball majeur qui te permettrait d’atteindre le « show » et qui te motive à t’entraîner et faire les sacrifices nécessaires.

En 2014, Peley savait que son rêve de jouer dans le baseball majeur n’était plus réaliste, mais caressait tout de même celui de s’y rendre par un autre chemin. J’ai même eu des discussions avec lui à ce moment-là afin qu’il puisse devenir commentateur après que sa carrière de joueur soit terminée. Un gars parfaitement trilingue (français, anglais, espagnol), Peley a certes un bagage des plus intéressants. Il est d’ailleurs impliqué avec les jeunes du sport-études baseball à Québec et l’ABC (l’Académie de baseball du Canada) durant l’hiver afin de partager ses connaissances avec les joueurs du Québec.

À l’âge de 28 ans, il a reçu l’appel. Celui qui lui permettra d’atteindre les majeures. Le baseball a instauré un nouveau règlement pour la saison 2016. Chaque organisation devra avoir un interprète en permanence avec l’équipe des majeures, pour les joueurs latins. Michel Laplante, le président des Capitales, n’a jamais hésité à recommander fortement Peley lorsque les Jays lui ont demandé son avis. Laplante est tellement bien placé aussi afin de comprendre la chance unique qui s’offre à un gars de chez nous d’atteindre à sa façon le baseball majeur. Les discussions ont duré quelques semaines et les Jays savent qu’ils ont entre les mains un gars hyperpolyvalent qui ne fera pas que traduire les commentaires des joueurs latins des Jays. Les Jays sont avant-gardistes. Ils ne voulaient pas embaucher un simple traducteur. Peley pourra aider à plusieurs niveaux. Il pourra agir comme receveur dans l’enclos, lancer l’exercice au bâton, frapper des balles aux joueurs à l’avant-champ, prendre des notes précises sur l’équipe adverse et, surtout, faire profiter de son expérience dans le baseball à toute l’organisation. Il a maintenant le pied dans la porte et lorsque les Jays apprendront à le connaître davantage, il aura l’occasion de démontrer cette polyvalence. Qui sait, si Josh Donaldson ou Jose Baustista participent à la compétition des circuits lors du Match des étoiles, ne soyez pas surpris de voir Peley agir à titre de lanceur.

L’embauche de Peley est une excellente nouvelle pour le baseball québécois, les Blue Jays et pour lui. Par contre, il doit maintenant renoncer officiellement à sa carrière de joueur. Ça ne sera pas facile pour lui, parce qu’un joueur de baseball pense comme un joueur et avant que tu penses comme un employé ou instructeur, ça peut être assez long. Surtout lorsqu’il aura un uniforme sur le dos et que les gars prendront part à l’exercice au bâton, il voudra juste prendre un bâton et s’élancer. Son plus gros défi sera donc d’accepter qu’il n’est plus un joueur, mais il pourra contourner le tout en ayant un nouvel emploi récemment créé qui lui permettra de démontrer aux Jays qu’il est indispensable.

Félicitations aux Jays pour leur embauche et à Josué Peley pour son nouvel emploi. Ce sera assurément une situation de gagnant-gagnant!