Le circuit de Mike Brosseau contre Aroldis Chapman en 8e manche lors du match ultime de la série de division de la ligue américaine est le portrait parfait de l’organisation des Rays. Un joueur jamais repêché qui n’avait même pas commencé le match, qui frappe le plus important circuit de l’histoire des Rays contre le releveur tant craint qui porte l’uniforme des Yankees de New York. Ça ne s’invente pas. Le gérant des Rays, Kevin Cash, a fait un travail colossal pour que les joueurs de son équipe puissent croire en eux individuellement et collectivement. Jamais on n’a senti les Rays intimidés ou dérangés par la grosse machine des Yankees. Oui, les Rays avaient terminé au 1er rang de la ligue américaine et oui, les Rays avaient gagné 8 des 10 matchs contre les Yankees en saison. Mais nous savons tous que la saison et les séries, ce sont deux mondes bien différents. D’ailleurs, avec la manière dont les Yankees ont traversé les Indians et leur personnel de lanceurs en première ronde, on se demandait bien, malgré leurs excellents lanceurs, comment les Rays pouvaient tenir le coup, et pourtant!

Il est plus que temps que l’on réalise à quel point le travail de cette organisation est en avance sur sa concurrence. Que ce soit au niveau du repêchage, du développement des joueurs, de gérer avec efficacité un budget serré, mais réaliste. Toute la créativité baseball et cette philosophie à laquelle tous les joueurs adhèrent sans exception. Ce qui se passe avec les Rays pourrait influencer la manière de gérer une équipe du baseball majeur lors de la prochaine génération. Il y a eu « MoneyBall », mais maintenant il y a « SmartBall ». Quelle équipe peut se permettre d’utiliser un frappeur suppléant pour son 3e frappeur du rôle offensif lors d’un match ultime et celui qui le remplace frappe le circuit qui fait la différence? Kevin Cash gère 28 joueurs et chacun connait son rôle et sa mission. Les Yankees et Aaron Boone ont tenté de surprendre les Rays en utilisant le jeune Garcia pour amorcer le match #2, pour mieux l’enlever après une manche afin d’insérer le vétéran Jay Happ et surprendre les Rays. Non seulement cette stratégie a explosé en pleine figure des Yankees, mais Happ était mécontent (le mot est faible) et Garcia ne savait pas trop quelle serait la suite pour lui dans la série. Deux équipes sur le terrain, mais deux lignes de pensée tellement différentes. Les exemples pleuvent de partout sur l’efficacité des Rays ce qui les place en excellente position pour amorcer leur série contre les Astros de Houston.

En fait, la situation ressemble étrangement à celle du début de la série de division. Les gros cogneurs des Yankees avaient, pour la grande majorité, retrouvé leur synchronisme au bâton contre les excellents lanceurs des Indians avant de se frotter aux Rays. Les Bregman, Correa, Altuve, Springer et Brantley ont tous connu du succès contre les A’s avant d’affronter le personnel de lanceur des Rays. D’autant plus que l’on parle ici d’une série 4 de 7 sans aucune journée de congé une fois la série commencée ce dimanche. Si l’expression « the name of the game is pitching » tient toujours, les Rays ont un net avantage.

Blake Snell sera donc le partant pour le match #1 et Charlie Morton pour le match #2 avec leurs journées de congé habituelles entre leur dernier départ, ce qui devrait offrir un répit aux releveurs. Tout semble si bien calculé chez les Rays que j’ai bien peur que Dusty Baker ne puisse suivre tout ce qui se passe. Bien que Framber Valdez a été excellent au monticule pour les Astros et que Lance McCullers lancera le match #2, je ne vois pas comment on pourra tenir le coup contre l’attaque des Rays qui peut vous battre de multiples façons. Les Rays n’ont pas un alignement de 9 joueurs, mais de 15 joueurs. Ils ont un rôle offensif pour Valdez, comme ils en auront bien différent contre McCullers. On fait nos devoirs mieux que quiconque et l'on place les pions aux bons endroits pour les duels qui semblent jusqu’ici en séries, pencher du côté de Tampa Bay.

Ce sera donc à nouveau une série qui se résume par l’attaque des Astros contre les lanceurs des Rays. Mais ce sera plus que ça. Ce sera Kevin Cash, ce gérant hyper dynamique et près de ses joueurs contre le vétéran Dusty Baker qui n’a pas réellement changé son style depuis des années et qui s’adapte encore aux nouvelles données.  Ce sera la défense des Astros qui est excellente contre des frappeurs des Rays qui peuvent déjouer une défense adaptée. Ce sera la puissance des frappeurs des Astros contre des balles rapides des lanceurs des Rays dont la vélocité moyenne est de 98 m/h. Ce sera aussi la revanche des Rays qui ont perdu contre Houston l’an dernier lors de la série de division, alors que Gerrit Cole et Justin Verlander avaient lancé dans quatre des cinq matchs.

Dans cette série 4 de 7 sans journée de congé, on expose au grand jour la profondeur d’une équipe, surtout au monticule et j’ai beau tourner ça de bien des côtés, je ne vois comment les Rays pourraient l’échapper.

Rays en 6