L'ancien propriétaire des Expos de Montréal Charles Bronfman fait l'objet d'un hommage mardi dans le cadre de célébrations spéciales commémorant la fondation de l'équipe il y a 50 ans.

Le nom de Bronfman est crédible auprès de la MLB

Entourée de plusieurs anciens joueurs, la mairesse Valérie Plante a souligné son apport à la vie sportive montréalaise qui a marqué la ville pendant 34 ans de 1969 à 2004.

De passage à l'émission le 5 à 7 à RDS, l'ancien propriétaire des Expos et son fils Stephen ont fait le point sur le retour d'une équipe du baseball à Montréal et discuté de quelques belles pages d'histoires qui ont marqué la formation.

De l'aveu même de Stephen Bronfman, le projet du retour du baseball majeur n'a pas beaucoup bougé depuis la venue en mars au Stade olympique des Blue Jays de Toronto, mais il assure encore une fois que lui et son groupe seront prêts quand le commissaire Rob Manfred leur demandera de quitter le cercle d'attente pour se présenter au marbre. « On est prêt à réaliser ce projet.  Ça avance toujours peu à peu, mais ce n'est pas nous qui tirons les ficelles à New York.  Nous ne contrôlons pas l'agenda. »

Tout indique que le bassin Peel serait la terre d'accueil pour un nouveau stade. Des audiences publiques doivent avoir lieu à l'automne au sujet du vaste projet qui pourrait voir le jour dans les prochaines années. Malgré le fait qu'il soit toujours à la merci du Baseball majeur, Stephen Bronfman estime que ça lui donne suffisamment de temps pour bien faire les choses.  « Ça donne du temps pour faire nos maquettes, parce que ce n'est pas qu'un projet de stade. On a du temps pour bien faire les choses. »

Il n'a pas voulu dire s'il penchait pour un stade avec un toit, mais il a glissé que le Baseball majeur aimerait bien que le groupe de Montréal trouve le moyen de couvrir le stade, qui pourrait accueillir une deuxième équipe montréalaise, qui pourrait être les Alouettes de la Ligue canadienne de football.

Soyez toutefois assuré que la future maison des Expos ne disposera d'aucun siège jaune comme ceux qui ont longtemps peuplé le Stade olympique où le club est déménagé pour la saison 1977. Le paternel de 87 ans, qui n'a jamais joué une seule partie de baseball de sa vie, n'a jamais oublié le choc qu'il a eu avant de déménager dans l'enceinte de la rue Pie IX qu'il n'appréciait pas. « Le baseball est un sport intime et quand j'ai vu cet énorme endroit, et particulièrement les sièges jaunes, j'ai dit au directeur général John Mchale que je n'aimais pas ça. Je me disais que lorsque les sièges allaient être vides, on ne verrait que du jaune à la télévision. »

Les Expos n'auraient pas été les mêmes sans les Bronfman

Les Expos 2.0 vont se retrouver dans une galaxie complètement différente que la première mouture qui a su réchauffer, refroidir et même laisser froid bien des amateurs au fil des 34 ans d'existence. Les salaires mirobolants versés ces dernières années découragent les gens qui voient mal comment le marché montréalais pourrait attirer en son foyer des joueurs autonomes de renom.

À mi-chemin dans les années 70 alors que le système d'autonomie telle que nous le connaissons en était à ses premiers balbutiements, une visite dans la métropole de l'ancienne gloire Reggie Jackson, qui était à la recherche d'un contrat, avait fait ouvrir les yeux du propriétaire qui avait alors pris l'importante décision qu'il fallait développer ses propres vedettes.

« Je me suis rendu compte qu'il serait impossible pour nous d'attirer les grands joueurs autonomes et c'est là que j'ai dit qu'il était nécessaire d'avoir les meilleures filiales pour les développer.  Pour ce faire, on avait augmenté les salaires des entraîneurs des ligues mineures. C'était un investissement, mais nous avons eu le meilleur réseau de développement pendant des années. C'est pour cette raison que nous avions une bonne équipe.»

« L'engouement envers les Expos est grand »

Et à ce chapitre, il peut dire accomplie. Des noms tels Andre Dawson, Warren Cromartie, Gary Carter, Tim Raines notamment existent pour rappeler que le propriétaire avait eu raison dans sa clairvoyance.

Charles Bronfman a confiance de voir son fils réussir à recoudre le fil qui s'est brisé au fil du temps et qui a mené au départ vers Washington. Ses sept dernières années à la tête de l'équipe ont été difficiles à vivre pour lui.  « Les gens de Montréal n'étaient plus en amour avec les Amours. La passion était terminée. »

Stephen Bronfman croit toujours qu'il est possible de rattacher les ficelles et de ramener fierté qui caractérisait la ville à l'époque où les partisans se déplaçaient par millions pour voir leurs favoris. Selon lui, même l'ancien commissaire Bud Selig souhaite sincèrement que le baseball reprenne sa place dans la métropole à la suite d'une confession qui lui a fait. « Bud m'a dit  que rien ne lui ferait plus de bien que le retour du baseball à Montréal parce que ça lui permettrait de bien terminer une relation et une histoire qu'il avait avec mon père. »

Des souvenirs à la tonne

Les Expos ont officiellement vu le jour le 27 mai 1968 quand Charles Bronfman a accepté d'allonger dix millions de dollars sur cinq ans pour obtenir une concession.  « C'était une grosse somme à l'époque, mais pas extraordinaire. Si Stephen et ses confrères obtiennent une équipe, ça risque de coûter plus cher, » d'ajouter le fondateur des Expos avec un sourire en coin.

« L'amour pour Montréal est universel »

Charles et Stephen Bronfman ont la tête remplie de souvenirs. Si les Expos ont permis au père de s'affranchir de sa famille industrielle à l'époque, ils ont façonné de nombreux souvenirs dans l'esprit de celui qui avait cinq ans quand son père est passé à l'action.  « J'étais fier de mon père et emballé par tous ces sportifs. J'adorais arrêter au Poulet Frit Kentucky en route vers le stade avant la pratique au bâton. J'étais très jeune, mais c'était comme un rêve. »

Stephen Bronfman a vécu une enfance tout à fait particulière que bien peu d'enfants de son âge ont eu l'opportunité de vivre. La jeunesse du fils du propriétaire des Expos a été magique selon ses propres dires. « J'ai pu vivre les camps d'entraînement.  C'est là que j'ai passé beaucoup de temps avec les lanceurs, sur le marbre et sur le banc.  J'étais un kid qui mâchait sa gomme et regardais les grands joueurs. Un peu plus vieux quand j'ai commencé à jouer au baseball. J'aimais lancer et je me souviens que Steve Rogers m'a expliqué comment faire une balle glissante. J'aurais aimé faire une "curve", mais je n'étais pas assez grand. Mon père appelait ça une "slurve". C'est finalement peut-être une "slurve" que Steve Rogers a lancé à Rick Monday, » a dit Stephen en s'excusant en riant de rappeler un mauvais souvenir.

L'histoire des Expos ne se résume pas à ce fatidique circuit d'octobre 1981, qui privait le club d'une présence en Série Mondiale.  Le papa n'oubliera jamais quand il a entendu les premières notes du O'Canada poussées par Maureen Forrester  au Stade Shea de New York pour le premier match de l'histoire de l'équipe contre les Mets. Pas plus qu'il n’est prêt à oublier le premier lancer protocolaire du premier ministre Jean-Jacques Bertrand lors du match inaugural au Parc Jarry.

Pour ajouter à la belle histoire, le club n'existait que depuis neuf jours quand Bill Stoneman a lancé le premier de ses deux matchs sans points ni coup sûr.  Reste à voir si les investisseurs parviendront à greffer de nouveaux chapitres à cette histoire lancée il y a un demi-siècle et interrompue en 2004.

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